Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Découverte et bibliographie des publications françaises d’un auteur italien majeur bien qu’assez méconnu en France.
Depuis leur création, les éditions Mosquito (alias l’association Dauphylactère qui édita le fanzine Bulles Dingues et qui organise également les « 5 jours BD de Grenoble ») n’ont eu de cesse de faire la promotion de la bande dessinée italienne, en publiant des auteurs aussi importants que Dino Battaglia, Sergio Toppi, Attilio Micheluzzi, Giancarlo Berardi et Ivo Milazzo, ou moins connus comme Alessandro Baggi, Stefano Casini, Gianfranco Manfredi et Pasquale Frisenda. Il faut préciser que l’un des principaux animateurs de cette petite structure iséroise n’est autre que Michel Jans, un professeur d’allemand qui parle également très bien l’italien et qui est le responsable de la plupart des traductions de leurs ouvrages.
C’est d’ailleurs le cas pour le troisième recueil des « Contes et légendes » de Dino Battaglia (« Le cÅ“ur dans un écrin ») qu’il vient juste d’éditer. Ce très bel album, tout en couleurs, compile des nouvelles publiées initialement dans le mensuel catholique pour enfants Il Messagero dei ragazzi (littéralement : le messager de l’enfance), entre 1973 et 1978. Malgré leur côté didactique (imposé par ce magazine chrétien vendu seulement par abonnement), ces mythes populaires souvent édifiants, dont certains sont des adaptations de textes dus à Dickens ou à Hugo, nous permettent d’apprécier, à sa juste valeur, le trait sophistiqué et souvent expérimental de cet auteur trop méconnu en France (certainement parce qu’il n’a jamais donné naissance à un héros récurrent) alors qu’il fait partie de cette flamboyante génération qui transforma radicalement la bande dessinée européenne, dans les années soixante-dix.
Les Mosquito entretiennent donc leur passion pour le 9ème art transalpin avec la publication de rééditions, de pages non encore traduites en langue française ou d’inédits spécialement réalisés pour eux, mais aussi à travers leur célèbre collection de monographies où ils ont particulièrement rendu hommage à Sergio Toppi et à Dino Battaglia. Donc, pour tout savoir sur ce fabuleux illustrateur, pas la peine de chercher ailleurs : tout est en dans ce superbe ouvrage.
Cependant, même si, comme toutes leurs autres monographies, celle sur ce maître incontesté de la bande dessinée italienne contient une très précieuse bibliographie (établie ici par Mariadelaide Cuozzo), cette dernière ne mentionne, hélas, que les publications de son pays d’origine, et donc pas celles en français. Voici l’occasion de palier à ce petit manque en précisant que Battaglia est apparu, pour la première fois, dans la presse francophone (information récoltée dans le très intéressant n°14 du fanzine Pimpf : www.pimpf.org) dans la deuxième série de Bugs Bunny Magazine, avec un récit, scénarisé par un certain Priznell (« Opération K.M.S. »), du n°9 au n°12 de 1962 : il s’agit d’une BD parue, à l’origine, dans Il Corriere dei Piccoli, en 1960. Dans le même hebdomadaire (du n°91 au n°95), on trouve la reprise de « Oliver Bold », aventures maritimes d’un jeune corsaire anglais parues dans la revue britannique Knockout, de 1959 à 1961, et seulement après en Italie (dans Il Piccolo Ranger, en 1964). A noter que la Sagédition, le responsable de ce genre de publications, a publié d’autres bandes de notre illustre artiste italien, notamment dans le mensuel Rin Tin Tin et Rusty. Entre 1968 et 1971, cette revue proposa une longue série italienne intitulée « Les grandes aventures de paix et de guerre » (« Le grandi avventure di pace e di guerra »), dont les scénarios (dus, pour la plupart, à Mino Milani) étaient illustrés par de nombreux dessinateurs italiens ou argentins. Battaglia fut de la partie au n°4 (« Le pont de Remagen »), au n°10 (« La bataille des Midway »), au n°11 (« La cité perdue »), au n°13 (« Duel dans le ciel »), au n°16 (« La révolte des Cipayes ») et au n°74 (« Séléna ») : il s’agissait d’histoires parues, au départ, dans le Corriere dei Piccoli, entre 1960 et 1965. Ensuite, on retrouve sa trace au début des années soixante-dix, dans l’hebdomadaire chrétien Formule 1 des éditions Fleurus (suite de J2 Jeunes, lui-même suite de CÅ“urs Vaillants) qui traduisit, par l’intermédiaire de Florence Mirti, quelques récits complets didactiques tout en couleurs issus de son équivalent italien Il Messagero dei ragazzi : des histoires souvent scénarisées par Pierre Zanotto (« Les serpents de pierre bleue », « Un moine chez les tartares », « A la recherche des sources du Nil », « Il s’appelait Simon… », « Un patron pour Venise », « En l’an 67 après Jésus Christ… », et même « La légende de Saint Christophe » proposée aujourd?hui dans l’album « Le cÅ“ur dans un écrin »). Ce n’est qu’en 1973 que Battaglia connu une publication française enfin digne de son talent avec « Le golem », dans un superbe noir et blanc, aux n°732 et 733 du Pilote de 1973 ! Le célèbre magazine publia par la suite quatre autres beaux récits, en 1974 (« Totentanz » au n°740 et « La chute de la maison Usher » au n°754), en 1979 (« Deux amis » dans le n°66 de la formule mensuelle), et en 1980 (« Saint Antoine » au n°69) : des petits chefs-d’Å“uvre repris depuis dans les recueils proposés par Mosquito.
Pour être complet, sachez que quelques albums ont quand même été publiés en France avant les méritantes opérations patrimoniales de Mosquito : « François d’Assise » chez Fleurus en 1976, « Thyl l’espiègle » chez MCL en 1977, « L’homme de la légion » chez Dargaud en 1978, « Junglemen » (en collaboration avec Hugo Pratt) chez Glénat en 1979, « Ivanhoé » aux Humanoïdes associés en 1982, « Battaglia raconte Guy de Maupassant » deux tomes chez Dargaud en 1983 et en 1984, « L’homme de la Nouvelle-Angleterre » chez Mon Journal en 1984, et « Totentanz » chez Vertige Graphic en 1993 ; sans oublier les ouvrages collectifs où il apparaît, tels « Amour et enfer » chez Fleurus en 1977 et « Casanova » chez Glénat en 1981. Et depuis 1999, comme nous vous l’avons déjà dit, les Å“uvres de Battaglia sont entre les mains bienveillantes des éditions Mosquito : n’hésitez pas à consulter leur catalogue d’autant plus que, par rapport à toutes ces précédentes éditions que nous évoquions, ils ont mis un soin particulier à refaire la gravure en partant des originaux, tout en portant une grande attention à la traduction, en partant des textes originaux…
Enfin, pour en finir avec ce long dossier, sachez que Michel Jans donnera une conférence sur l’adaptation littéraire en bandes dessinées à partir de l’Å“uvre de Battaglia (« Gargantua » et « Maupassant »), pendant la deuxième édition du Carrefour Européen du 9ème Art et de l’Image à Aubenas, du 26 au 29 juin 2008.
Gilles RATIER
A signaler toujours chez Sagédition, le récit complet
« Le corsaire de la méditerranée »
une bande dessinée de pirates par Danilo Forina (texte) et Dino Battaglia (dessin), publiée sous le titre « Il corsaro del mediterraneo » dans « Il Vittorioso » au cours des années 50 (éditions Fratelli Spada en album en août 1973)
et traduit en France dans le digest Jim Taureau n°50-52.
Fabrice Castanet.
Bravo pour ces précisions bienvenues !
Je viens pour ma part d’ajouter Rintintin #16 de 1971 dans la base BDvore où je gère ma collection.
A voir ici :
http://www.bdovore.com/guest.php?user=7607979
Sinon, Ã voir aussi (pour les amateurs des Ec comics et..; de Flash Gordon !), un de mes sites web :
http://www.berniewrightson.fr