Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Les Munroe » T3 (« Les Larmes de Kibera ») par Boro Pavlovic et Christian Perrissin
Dans le tome 1 de la série, nous découvrions ces Blancs du Kenya qui ont longtemps fait la pluie et le beau temps dans la vallée du Rift. Robert Munroe, par exemple, fier aristocrate à la tête d’une plantation de café, qui doit désormais faire face à une succession de crises. Alors, il mise sur son mariage prochain avec Victoria Collins, une femme riche, fille de pasteur, pour remettre son domaine à flot…
Mais à quelques jours de la noce, son fils cadet Sean, est emprisonné pour le meurtre de sa petite amie issue des bidonvilles de Nairobi. Pire, Sean se fait la belle en plein bush ! L’autre fils du clan Monroe, Ted, est quant à lui un caractériel particulièrement retors, jaloux et agressif, ce qui n’arrange pas la vie quotidienne du patriarche ! Reste la sœur Karen, qui veut retrouver son frère en fuite, lequel veut prouver qu’il n’est pas le meurtrier de son amie. Dans « Magadi Train », le tome 2, c’est lui qui sert de fil rouge, alors qu’il est poursuivi par l’inspecteur Njoya et un journaliste, l’occasion pour le lecteur de découvrir la savane et les convois hebdomadaires de soude qui la traversent pour rejoignent le port de Monbasa.
Ce nouvel épisode (d’une série qui en comptera quatre) se recentre sur Kibera, ce quartier situé à quelques kilomètres du centre de la capitale Nairobi, considéré comme le plus grand bidonville d’Afrique. Les autorités ont d’ailleurs longtemps nié son existence en refusant de le faire apparaître sur les cartes de la ville. Après avoir échappé à l’inspecteur Njoya, Sean Munroe poursuit sa cavale, décidé à se faire justice lui-même, mais sa sÅ“ur Karen a compris que c’est là , dans ce quartier, qu’elle pourrait le retrouver, prenant des risques insensés en s’y aventurant. Autant dire que la saga familiale et coloniale continue de plus belle sous le soleil brûlant d’Afrique de l’Est. Aventurière et documentée, finement dessinée, elle souligne l’extrême écart ente la richesse insolente des uns et la pauvreté insupportable des autres, qui fouillent les décharges pour survivre et s’organisent comme ils peuvent, vouant souvent une haine tenace vis-à -vis des « mzungu » (blancs).
Et très loin des golfs paisibles aux clubs house cosy, où s’épanche un père dépassé par les événements, Sean, continue son combat pour établir son innocence. N’hésitez pas à le rejoindre alors qu’il tente de rallier Nairobi en moto poursuivi par une meute de lycaons affamés lors d’une très belle scène nocturne et sauvage…
Rappelons pour finir que les mêmes auteurs avaient signé l’excellente série « El Nino » et que tout récemment, nous avons évoqué un autre titre à l’inpiration kényane : « Kililana song ».
Alors, bon voyage…
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
 « Les Munroe » T3 (« Les Larmes de Kibera ») par Boro Pavlovic et Christian Perrissin
Éditions Glénat (13, 90 €) – ISBN : 978-2-7234-8530-2