CINEMA ET BANDE DESSINÉE

Exposition « Cinéma et bande dessinée » .La manifestation se fixe cette année à Carpi du 23 septembre au 26 novembre 2006. A cette occasion est publié un superbe catalogue.

On retrouve dans ce catalogue les signatures de Massimo Moscati, Alfredo Castelli, Piero Zanotto, Stefano Della Casa, Maurizio Scudiero, Charles Dierick, Carlos Aguilar, Dario Magini, Paolo Caneppele, Gunter Kren, Gianni Bono: souligné par des études très approfondies et une iconograhie exceptionnelle de 24 personnages de la BD adaptés au cinéma.de  Bringing up father, a Tarzan et Buck Rogers; de Tintin a Dick Tracy et Flash Gordon; de Superman a Tex; d’ Asterix a Barbarella; de Diabolik a Valentina; du Corbeau a Sin City

 

 

 

Edition en couleurs et numérotée en tirage limité  publié par la librairie Little Nemo de Turin/ 48 euros

 

Vie Montebello 2/d 10124 Turin. info@littlenemo.it  -

 

 

 

A cette occasion, je me permets de publier la préface de l’ouvrage  Bande dessinée et Cinéma publié aux éditions Omnibus.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui encore  les exégètes se disputent pour déterminer lequel du cinéma et du comic-strip est né le premier. En 1996, d’aucuns ont fêté les 100 ans de la B.D., alors que d’autres applaudissaient Rodolphe Töpffer comme son inventeur en 1833, tandis que le critique anglais Dennis Gifford clamait haut et fort qu’Ally Slopper (1867) était en fait la première bande dessinée. De toutes façons, un flirt allait s’engager, dès les premières années du XXe siècle.

 

Ces interactions entre ces deux grands moyens de communication de masses de notre siècle constituent le sujet du présent livre.

 

Il n’est pas exagéré affirmer que la mythologie populaire de notre civilisation contemporaine, qui est avant tout une civilisation de l’image, a principalement reposé sur les deux piliers que sont la bande dessinée et le cinéma, véhicules importants de rêves et d’affabulations collectives Mais, malgré sa dimension planétaire, il est inévitable de reconnaître que l’origine prioritaire de tels mythes, le rêve et  la fable ont été exploité principalement, dans les studios d’Hollywood, dans les périodiques et les revues qui pour leur part ont été le support du comics strip  lui assurant, ainsi, une diffusion mondiale. Le dialogue entre le cinéma et les comics a été complexe, comme on pourra le découvrir au long des pages de ce troisième volet de Comicwood. Ces influences mutuelles se sont étendues depuis le domaine des différents styles graphiques du moment et des critères de composition visuelle jusqu’aux modèles d’archétypes : le héros, la manière de se vêtir des personnages, et de leurs expressions familières.. C’est pourquoi les interactions entre les comics et le cinéma en ce qui concerne l’esthétique et l’idéologie, et de la manière industrielle  dont elles sont traitées sont évidentes

 

 

 

L’Américain Winsor McCay, créateur de Little Nemo in Slumbrland est, avec le Français Emile Cohl, un des pères de l’animation (1909). Il adapte Little Nemo en dessin animé et réalise un documentaire, The Sinking of the Lusitania, comprenant plus de vingt-cinq mille dessins.

 

Après ces pionniers, d’autres dessinateurs sont tentés par l’aventure de l’animation, et on assiste à l’adaptation de Bringing up Father, The Katzenjammer Kids, Krazy Kat, Mutt and Jett, Happy Hooligan, Pip, Squeak and Wilfred et surtout des Pieds Nickelés, animés par Émile Cohl (1917-1918).

 

Les serials, films à épisodes, dès leur apparition, sur les écrans des salles obscures, aux États-Unis, utilisaient les mêmes suspenses hebdomadaires que dans les Sunday Pages (suppléments en couleurs de bandes dessinées publiés chaque dimanche). On retrouvait les mêmes ficelles que dans Flash Gordon ou Batman où le lecteur ou le spectateur piaffait d’impatience en attendant la semaine suivante pour connaître l’astuce qui allait permettre à son héros de se tirer d’affaire. Au cours des années trente, les adaptations radiophoniques et cinématographiques pullulent. Le succès de ces héros de papier est si important que des stars reprennent à leur compte l’auréole de ces personnages. Orson Welles prêtait sa voix à The Shadow pour la radio. Dans les années quarante sur les ondes de la NBC, on retrouvait Dick Tracy interprété par Bing Crosby, Tess Trueheart par Dinah Shore, Shaky Phil par Franck Sinatra et Snowflake par Judy Garland. En revanche, les cartoonists allaient trouver leurs inspirations dans les stars hollywoodiennes pour créer leurs personnages. Milton Caniff pour camper Steve Canyon regarda du côté de Charlton Heston, Dragon Lady n’était autre que Marlène Dietrich, quant à Al Capp, il s’inspira d’Henry Fonda dans Les Raisins de la colère pour dessiner Lil’Abner.

 

C’est pourquoi les interactions entre les comics et le cinéma en ce qui concerne l’esthétique et l’idéologie, et de la manière industrielle  dont elles sont traitées sont évidentes. Et, sans comprendre le sens de telles influences mutuelles et de convergences, il est impossible de comprendre le processus de communication qui existe entre ces deux grands mythes. Dans le présent livre, à partir des principales interrelations entre comics et cinéma, on aborde en conséquence toute la mythologie du XX° siècle, étendue à d’autres moyens d’expression comme le roman, la radio et le théâtre, où sont apparus, parfois, pour la première fois des personnages que nous avons connu par leur conception graphique et cinématographique.

 

 

 

Venus du dessin animé, des personnages importants deviennent des héros de bandes dessinées : Felix the Cat, Popeye, la charmante Betty Boop, et, bien sûr, les personnages créés par Walt Disney, dont Mickey Mouse, Donald Duck et la série des Silly Symphonies. 1940 voit la production de dessins animés s’intensifier avec Tom and Jerry, Daffy Duck, Droopy, Mighty Mouse, Mister Magoo, ainsi que Superman et Li’l Abner.

 

Certains films ont donné naissance à des comic-strips célèbres. Charlie Chan fut adapté, avec talent, en 1938, par Alfred Andriola qui personnifia le célèbre détective sous les traits de l’acteur Warner Oland, tandis que le célèbre documentaire de Frank Buck, Ramenez-les vivants devint une bande dessinée pleine de rebondissements, dessinée par Ed Stevenson. Des films d’aventure à succès comme L’Aigle des mers avec Errol Flynn de Michael Curtiz, Les Chevaliers de la table ronde, avec Robert Taylor réalisé par Richard Thorpe, Les Vikings de Richard Fleischer avec Kirk Douglas étaient construits dans l’esprit du serial ou de la Sunday Page, fondés sur le suspense à rebond. Sans oublier, certaines vedettes populaires, comme le furent Charlot, Laurel et Hardy ou Hopalong Cassidy qui devinrent des héros de papier dans de nouvelles aventures originales.

 

L’essor de la télévision dès les années cinquante et l’arrivée des « soaps operas », tels que I love Lucy, As the World Turns, Peyton Place, Dark Shadows, Whispering Streets (1959), Best Seller (1960), mettent fin aux émissions de radio et aux serials.

 

À la fin des années soixante, le cinéma redécouvre la bande dessinée avec Barbarella de Jean-Claude Forest, un film réalisé par Roger Vadim, production qui connaîtra un succès international.

 

Dans les années 1970, les comic books sont envahis par les personnages créés par Hanna et Barbera. Des courts et longs métrages des Peanuts sont produits par Bill Melendez, en 1970.

 

La télévision se tourne vers DC et Marvel (Spider-Man, Superman, Batman). Ralph Bakshi tourne Fritz the Cat d’après Crumb. Dennis the Menace et Beetle Bailey envahissent le petit écran. En Europe, Tintin, Astérix et Lucky Luke font l’objet de plusieurs longs métrages. Peu de temps après, les séries japonaises adaptées de manga inondent le marché mondial, dont Goldorak, Captain Herlock (Albator) en France. Aux États-Unis, Spawn de Todd McFarlane devient un film pour le grand écran et une série d’animation pour la télévision. Le studio Ellipse produit une excellente série d’après les albums de Tintin et met en chantier, en 1996, Blake et Mortimer, Alix et Corto Maltese.

 

En dépit de la délimitation du domaine d’analyse, le panorama objectif de ce livre ( dont on découvre le troisième volet) s’avère tellement vaste  que les auteurs se sont imposés une sélection thématique selon des critères, combinés, de qualité artistique, de diffusion dans les moyens, de répercussion sociale et de dimension mythique. Et, puisque l’existence mythique de  beaucoup de personnages couvre plusieurs décades, dans le cinéma et surtout dans les comics, Ils ont utilisé une structure chronologique  avec un développement assez poussé ou même les séries pirates sont traitées avec des paragraphes spécifiques pour chacun d’eux. La difficulté d’appréhender un panorama aussi vaste est augmentée dans la mesure où pendant les derniers temps le cinéma fait appel de plus en plus souvent à la bande dessinée prouvant ainsi qu’il a existe une interaction entre le cinéma et la bande dessinée

 

En 1999, In Fine films produit la série Les Ailes du dragon d’après les aventures d’Yves Sainclair. En 2001, Excalibur est une création de Philippe Druillet. Suivra Agrippine et une nouvelle adaptation de Lucky Luke pour la télévision (2002). À l’aube du XXIe siècle, une grande déferlante BD envahit le cinéma mondial avec Spider-Man 1 et 2, Hulk, Daredevil, The Punisher, HellBoy, Corto Maltese, Michel Vaillant, Blueberry et plus récemment Immortel, Iznogoud, Neige, Les Chevaliers du ciel, Rahan, Les Dalton, Elektra, Spin City, Batman Begins sans oublier, pour la télévision, Le Petit Vampire, Titeuf, Kid Paddle et Cedric.

 

Claude Moliterni

 

 

 

 

 

 

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