La revue de presse de novembre 2003

Quatre d’un coup ! Ca se bouscule en kiosque, avec pas moins de quatre sorties pour ainsi dire simultanées : Bo Doï, La cité des bulles, Vécu et Lanfeust Mag. Passages en revues !

 


Bo Doï tout d’abord. En dépit de la plantureuse créature en « une », tirée de l’univers des Méta-Barons, ce numéro daté Décembre est pourtant une histoire d’hommes, de créateurs, avec Gimenez, bien sûr, (interviewé par Jean-Pierre Fueri) mais aussi – et surtout – quatre réalisateurs, Lelouch, Lautner, Beineix et Leconte qui après le cinéma décident de brûler les planches de l’univers Bande Dessinée.


 


On a souvent glosé sur les rapports étroits entretenus entre septième et neuvième arts, mais sans finalement jamais recueillir d’autres avis que ceux de nos chers dessinateurs et scénaristes. Bo Doï répare donc ici une lacune, sans toutefois clore le débat, puisque aucun des interviewés ne semble d’accord sur le degré de gémellité existant entre ciné et BD. « Art de synthèse » pour Lelouch, échappatoire à la censure télévisée pour Lautner, vague cousine pour Leconte qui imagine mal qu’on puisse comparer un « art du mouvement » à un « art en mouvement », la Bande  Dessinée, malgré un « sens de l’ellipse » qu’elle partage, selon Beineix, avec le cinéma, apparaît finalement au cours de ce dossier comme un art complet plutôt qu’un parent pauvre du cinéma. Et ça n’est pas le moindre mérite de ces entretiens indispensables et bougrement réussis.


 


Cinéma et Bande Dessinée toujours, au programme de la nouvelle mouture de la Cité des Bulles, prozine concocté à intervalles plus ou moins réguliers par Frank Camous et toute son équipe. Bien sûr, périodicité XXXL oblige, tout cela sent parfois un peu le réchauffé, avec force critiques de longs-métrages tels que Hulk, XMen 2, Daredevil et Corto Maltese, si ce n’est que le regard sans concession des rédacteurs et leur érudition impeccable, particulièrement en matière de comics, offre souvent un éclairage certes différé mais plutôt intéressant sur l’actualité. Et puis avouons-le, l’édito du rédacteur en chef Fabrice Leduc fait oublier sans peine ces dix mois d’attente entre ce numéro et le précédent. Pleine de courage, cette poignée de lignes nous raconte le combat de Leduc contre une « petite prune dans sa bonne tête de Chti-breton » et ses galères entre espoirs et BDs lues dans une chambre d’hôpital section neuro-chirurgie. Un ton pas courant pour un édito de magazine BD. Et qui rappelle à juste titre que malheureusement parfois, l’horizon d’un individu ne se limite pas à ses seules passions.


 


Sur un ton autrement plus léger puisque humoristique, Vécu, curieusement, jette lui aussi une passerelle entre Bande Dessinée et médication en s’intéressant au sport, celui de haut niveau, qu’on ne peut plus vraiment dissocier du dopage et des risques qui l’accompagnent. Partant d’un contre-adage réjouissant – « le sport nuit gravement à la santé » – toute l’équipe s’en donne à cœur joie dans l’art de mêler réflexion, infos et délires caustiques, avec une intéressante étude signée Christophe Quillien, quelques encadrés souvent irrésistibles où vous découvrirez tout des pratiques sportives de quelques grands auteurs (Rabaté, Blain, Tronchet), ainsi qu’une série d’interviews (Blachon et Bar2) qui vous donneront un tour d’horizon complet de ce qu’est le sport d’aujourd’hui, et pas seulement dans la Bande Dessinée.


 


Du sport on en trouve aussi dans Lanfeust Mag, mais là il s’agit d’une habitude… Ca court ça saute ça ferraille, ça se fout des mornifles d’un bout à l’autre et sans dopage s’il vous plait ! – encore que Will mériterait qu’on s’y intéresse… Bref peu de choses à dire de ce Mag, qui remplit son contrat, comme chaque mois, avec une dose de prépublications impressionnante, et des séries dont la qualité ne se dément pas.


 


Coté BD, en vrac : Chez Bo Doï, on vous propose Cuervos Tome 2 (indispensable), Cotton Kid Tome 6 (imparable) et le Livre des destins Tome 1 (plutôt valable). Chez Vécu ce sera plutôt Les aigles décapités proposé en récit complet, sans compter les bonnes feuilles des nouvelles séries Glénat (Sam Bracken, Démons, Le roi du monde, Le fou du Roy et le Roman de Malemort). Quant à Lanfeust Mag, s’il arrive comme d’habitude bon dernier au niveau rédactionnel, il rafle haut la main le titre de meilleur « prépublieur » avec au programme Marlysa, Lanfeust des étoiles, Atalant, Slhoma, Moréa, Akameshi, Eternal Midnight, Trolls de Troy, L’oddysée de Japper Jack, Arthur et Marlin, sans compter la publication en comix de Korrigans. Ouf. Quelle santé.


 


Les phrases du mois :


 


Patrice Leconte dans Bo Doï, interrogé sur ses lectures BD d’enfance : « Je ne sais pas s’il faut l’avouer, mais Gil Jourdan, quarante ans après, ça ne tient pas le coup. La machine à remonter le temps vers sa propre enfance ne suffit pas à maintenir l’enthousiasme  pour un héros qui n’en est pas un. ».


 


Tronchet dans Vécu, interrogé sur sa pratique du football : « Sur un terrain de foot je n’ai qu’une obsession : le but ! Je ne pense qu’à fracasser les filets. La pénétration du ballon c’est un acte sexuel ! J’aimerais juste qu’on rajoute quelques poils autour du but… »


 


Rien à rajouter.


 


Damien Pérez

Galerie

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