Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Fanch Karadec » T2 (« L’Affaire malouine ») par Sébastien Corbet et Stéphane Heurteau
En Bretagne, Fanch Karadec est un enseignant retraité aux allures de grand-père, menant une vie paisible du côté de Paimpol entre ses parties de pêche, ses amours, ses amis. La casquette calée à ras des binocles, Fanch a quelque chose de l’ancien temps et des allures années cinquante. Mais nous sommes en Bretagne, aujourd’hui, et, là comme ailleurs, le polar est au coin de rue ou de la ruelle, alors Fanch Karadec, se découvre avec délectation des ardeurs policières et journalistiques…
Dans « Le Mystère Saint-Yves », premier tome de ses aventures d’« enquêteur breton » comme il est précisé en couverture, Fanch, aidé de ses amis, Serge et René, de sa sÅ“ur Léna et de son fils Gérald, se laissait emporté par une drôle d’histoire, celle du vol de la statue de Saint-Yves et, surtout, quelques jours plus tard, par la crucifixion à la roue d’une charrette un de ses anciens élèves ! Comble : Fanch recevait un courrier de la part du mort !
Dans ce premier volume, Fanch Karadec renouait déjà avec la BD d’enquête ancrée dans un terroir avec des personnages pétris d’humanité et des intrigues qu’on ne peut surtout pas délocaliser. En tout, 62 pages d’anecdotes et de vie quotidienne (métiers, traditions, décors…) qui donnaient beaucoup d’intérêt à la chronique minutieuse et parfaitement distillée. D’ailleurs, l’album recevait le Prix Polar 2010 de la meilleure série au festival Polar de Cognac.
Dans ce nouvel opus, « L’Affaire malouine », l’histoire commence une nuit où deux corps sont jetés à la mer, au large des côtes de Chausey. On les retrouve sur les plages de ladite île où Fanch s’offrait quelques jours de vacances avec sa dulcinée… vacances normandes pour ce Breton, car Chausey est situé au large du Mont Saint-Michel et relié au continent par le port de Granville. De retour à Paimpol, Fanch se remet évidemment à jouer les policiers, fouinant notamment dans l’entreprise Barbaut où travaillait le noyé. Accompagné de Serge, Fanch fait étape à Saint-Malo, Dinan, Dinard…
À l’instar de la couverture, neigeuse et impressionniste, le travail graphique de Corbet, est remarquable : son crayonné reste très présent à l’oeil, contourant, épaississant les traits, précisant l’esquisse, débordant si nécessaire. Le tout est joliment mis en couleurs par Heurteau, lequel est aussi le scénariste. L’ensemble est, du coup, accrocheur et séduisant. A l’origine, dit-on en page de titre, la série est née d’une « idée de Régis Loisel et de Jean-Charles Kraehn ». Quelle idée ? Celle d’un enquêteur breton ? Peut-être bien. En tout cas, à l’arrivée, la nouvelle série fleure bon les embruns, le varech, les ports de pêche, avec ici et là une de ces petites pluies si bretonnes.
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOTÂ (L@BD->http://www.labd.cndp.fr/Â et sur Facebook).
« Fanch Karadec » T2 (« L’Affaire malouine ») par Sébastien Corbet et Stéphane Heurteau
Éditions Vagabondages (14, 80 €) – ISBN : 978-2-918143-12-3