Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...MILTON CANIFF (suite)

Le neuvième triennal Festival of Cartoon Art qui se tiendra à The Ohio State University Cartoon Research Library les 26 et 27 octobre 2007 fêtera les cent ans de Milton Caniff. Plusieurs conférences sont prévues sur sa vie et son travail de dessinateur
STEVE CANYON
L’intention de Caniff d’abandonner Terry fut annoncée dans la presse dès juillet 1945, le contrat de Caniff devant expirer en 1947. On annonçait qu’il préparait une nouvelle bande dessinée pour Field Enterprise, avec des conditions exceptionnelles (en particulier il serait entièrement maître de mener l’histoire sans contrôle d’un comic éditor). Le 13 janvier 1947, le premier strip de Steve Canyon paraissait dans le NY Mirror tandis que la première planche du dimanche était publiée le 19 janvier 1947. Au début de l’année 47, Caniff évoquait la bande dessinée qu’il avait préparée depuis de longs mois dans une interview pour Editor et Publisher: « Ce n’est pas une bande d’aviation, c’est un roman picaresque. » Dans les premiers strips on voit apparaître un Steve Canyon maigre et tendu, lointain avec quelque chose de triste. « Un de ces grands types maigres qui ne grossissent jamais », disait Caniff.
Par la suite Caniff lui a élargi le visage et la carrure. Il paraît beaucoup plus à l’aise dans sa peau. Son type physique était à peu près celui de Charlton Heston.
Steve Canyon dirige une entreprise de transport aérien mais qui ne rapporte pas. Caniff a longtemps étudié ses personnages et a créé une situation sentimentale originale pour une bande dessinée tout en tendant à préserver l’habituelle liberté du héros. Steve Canyon a un grand amour partagé, Summer Olson, mais elle est fidèlement mariée à un ancien pilote de chasse, infirme, qu’on ne voit jamais qu’en contre-jour, muet et accablé dans son fauteuil roulant. Il a aussi une pupille, Poteet Canyon, qui l’aime éperdument, mais qui a bien vingt ans de moins que lui et qui le voit seulement lors de ses rares retours aux U.S.A.
Les années se sont écoulées, Steve Canyon ne fait plus le transport aérien, mais il est revenu dans l’armée de l’air. Il a pour grade celui de lieutenant-colonel. Est-ce une malice de Caniff ? Terry qui poursuit son aventure sous le crayon de Georges Wunder n’est encore que commandant. Steve il s’est trouvé sur tous les points où la guerre froide a sévit: confins chinois, petits royaumes imaginaires du côté du Siam ; Turquie, Grèce, Formose.et le Vietnam..
Caniff faisait astucieusement alterner les épisodes d’aventures dont Steve etait le héros avec des histoires de Poteet Canyon qui se passent aux Etats-Unis., histoires de collège, d’université, et à la World Fair en 1964 On voyait se dérouler un intéressant témoignage de mœurs sur la vie des étudiants, les bals, les « fraternities », les élections (l’étudiante la plus populaire).
Mais ces épisodes sympathiques brisent le fil des aventures de Steve. C’est d’ailleurs une tentative générale des bandes d’aventures des années 60 et 70, pour les rendre plus humaines et plus vraisemblables, ce qui n’était peut-être pas nécessaire. Ces épisodes désolaient les fans de Caniff lorsque celui-ci s’éternisait dans une université pour développer une intrigue banale, mais lorsque le héros revenait en Asie, terrain d’élection de Caniff, l’aventure revenait, percutante. Chaque détail finement observé faisait de Caniff le témoin de son temps.
.
|