Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Le neuvième triennal Festival of Cartoon Art qui se tiendra à The Ohio State University Cartoon Research Library les 26 et 27 octobre 2007 fêtera les cent ans de Milton Caniff. Plusieurs conférences sont prévues sur sa vie et son travail de dessinateur
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STEVE CANYON
L’intention de Caniff d’abandonÂner Terry fut annoncée dans la presse dès juillet 1945, le contrat de Caniff devant expirer en 1947. On annonçait qu’il préparait une nouvelle bande dessinée pour Field Enterprise, avec des condiÂtions exceptionnelles (en parÂticulier il serait entièrement maître de mener l’histoire sans contrôle d’un comic éditor). Le 13 janvier 1947, le premier strip de Steve Canyon paraissait dans le NY Mirror tandis que la première planche du dimanche était publiée le 19 janvier 1947. Au début de l’année 47, Caniff évoquait la bande dessinée qu’il avait préparée depuis de longs mois dans une interview pour Editor et Publisher: « Ce n’est pas une bande d’aviation, c’est un roman picaresque. » Dans les premiers strips on voit apparaître un Steve Canyon maigre et tendu, lointain avec quelque chose de triste. « Un de ces grands types maigres qui ne grossissent jamais », disait CaÂniff.
Par la suite Caniff lui a élargi le visage et la carrure. Il paraît beaucoup plus à l’aise dans sa peau. Son type physique était à peu près celui de Charlton Heston.
Steve Canyon dirige une entreÂprise de transport aérien mais qui ne rapporte pas. Caniff a longtemps étudié ses personnages et a créé une situaÂtion sentimentale originale pour une bande dessinée tout en tenÂdant à préserver l’habituelle liberté du héros. Steve Canyon a un grand amour partagé, SumÂmer Olson, mais elle est fidèÂlement mariée à un ancien pilote de chasse, infirme, qu’on ne voit jamais qu’en contre-jour, muet et accablé dans son fauteuil rouÂlant. Il a aussi une pupille, Poteet Canyon, qui l’aime éperdument, mais qui a bien vingt ans de moins que lui et qui le voit seuÂlement lors de ses rares retours aux U.S.A.
Les années se sont écoulées, Steve Canyon ne fait plus le transport aérien, mais il est reÂvenu dans l’armée de l’air. Il a pour grade celui de lieutenant-colonel. Est-ce une malice de Caniff ? Terry qui poursuit son aventure sous le crayon de GeorÂges Wunder n’est encore que commandant. SteÂve il s’est trouvé sur tous les points où la guerre froide a sévit: confins chiÂnois, petits royaumes imaginaiÂres du côté du Siam ; Turquie, Grèce, Formose.et le Vietnam..
Caniff faisait astucieusement alterÂner les épisodes d’aventures dont Steve etait le héros avec des hisÂtoires de Poteet Canyon qui se passent aux Etats-Unis., histoires de collège, d’université, et à la World Fair en 1964 On voyait se dérouler un intéÂressant témoignage de mÅ“urs sur la vie des étudiants, les bals, les « fraternities », les élections (l’étudiante la plus populaire).
Mais ces épisodes sympathiques brisent le fil des aventures de Steve. C’est d’ailleurs une tentaÂtive générale des bandes d’avenÂtures des années 60 et 70, pour les rendre plus humaines et plus vraisemblables, ce qui n’était peut-être pas nécessaire. Ces épiÂsodes désolaient les fans de Caniff lorsque celui-ci s’éternisait dans une université pour développer une intrigue banale, mais lorsque le héros revenait en Asie, terrain d’élection de Caniff, l’aventure revenait, percutante. Chaque déÂtail finement observé faisait de Caniff le témoin de son temps.
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