Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Ling – Ling » T1 (« Le Bureau des rumeurs ») par Marc N’Guessan et Bertrand Escaich
Cela se passe dans une Chine éternelle, celle des Tang, l’une des dynasties les plus puissantes de l’histoire du pays, qui régna aux 7eme et 8eme siècles.
Si Ling-Ling, une fillette de douze ans, n’avait pas voulu « finir comme toutes les jeunes filles d’aujourd’hui : esclave … ou pire encore, mariée ! », si elle n’avait pas eu le courage d’escalader la montagne du Kon-Phin de Thou et de parvenir au sommet, cette histoire n’aurait pas eu lieu. Et cela aurait été bien dommage !Car, au sommet de cette montagne, vit Maître Kâ-Ho, qui s’est retiré du monde pour se consacrer enfin à la méditation. C’est lui que vient voir Ling-Ling, pour lui demander,  avec un aplomb extraordinaire et une logique infaillible, de lui apprendre le kung-fu. Elle pourra ainsi, plus tard, être une femme libre et saura se défendre contre les aléas de la vie.Cinq ans plus tard, après avoir embrassé son vieux maître attendri, Ling-Ling se sent prête à affronter le monde et à partir à l’aventure. En chemin, elle rencontre tout d’abord un certain Muh-Fleu, chargé de recruter de jolies filles pour le gynécée de l’empereur. Il ne sait pas à qui il s’adresse, ce recruteur sans scrupules ! Ling-Ling refuse son offre et s’essaie au kung-fu, sans savoir tout à fait bien doser ses coups. Après avoir abandonné Muh-Fleu à son triste sort, en train de se lamenter sur les dangers de son métier, Ling-Ling poursuit sa route. Elle rencontre ensuite une princesse, la belle Kaa-Nhon, qui se rend au gynécée de l’empereur afin de délivrer son jeune fils, retenu en otage. Les deux jeunes filles, qui ne manquent guère de ressources, décident de faire route ensemble et de mener à bien cette quête. Les hommes qui croisent leur chemin se rappelleront longtemps ces deux filles, pas comme les autres. Elles trouvent une alliée au terme de leur voyage, la vieille Kan-Kan, qui travaille dans le mystérieux Bureau des rumeurs, dont on ignore la fonction exacte et le dirigeant. Il paraît que l’on y sait tout, que l’on y rassemble toutes les connaissances du monde … Mais, pour en savoir plus, pour en découvrir les rouages secrets, il faudra patienter quelques semaines et lire, en avril prochain, le tome 2, « Les Lanternes roses ».
Voici une histoire réjouissante tout public, fort bien menée, dans laquelle on s’installe aisément dès l’apparition de la jeune héroïne, souriante et malicieuse. L’on y trouve de l’action, des rebondissements, des trahisons et une image très positive des femmes. Chacune d’entre elles, à sa manière, se joue de la domination masculine. Cela crée quelques situations bien piquantes. Saluons aussi la qualité des certaines planches, empreintes de poésie, comme celle où la pagode du fameux Bureau des rumeurs apparaît dans un paysage nimbé de brume.
Une nouvelle série à suivre donc et un plaisir à ne pas bouder.
Catherine GENTILE
« Ling – Ling » T1 (« Le Bureau des rumeurs ») par Marc N’Guessan et Bertrand Escaich
Éditions Bamboo – ISBN 2 8189 0837 2  (13,90 €)