Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Il y en a pour tous les goûts avec notre sélection de la semaine : “ Critique de la bande dessinée pure : chroniques narquoises 2005-2007 ” par Didier Pasamonik, “ Le goût du chlore ” par Bastien Vivès, et “ Le passeur T.1 : Les orphelins du Reich ” par Brice Bingono et Pierre-Paul Verelst.
Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.
Critique de la bande dessinée pure : chroniques narquoises 2005-
Editions Berg International (14 Euros)
Mais où Didier Pasamonik prend-il le temps d’écrire toutes ses chroniques ? Cet éminent journaliste spécialisé (qui fût aussi l’un des responsables des éditions Magic-Strip, dans les années 1980, lesquelles ont donné leur chance à des auteurs aussi incontournables que Chaland, Dupuy & Berberian, Pellejero, Bézian, Bravo et bien d’autres) est aujourd’hui partout dans le microcosme BD, des magazines Zoo et feu Suprême Dimension aux sites mundo-bd.fr (l’espace BD-Internet de
“ Le goût du chlore ” par Bastien Vivès
Editions KSTR/Casterman (13,75 Euros)
Voici un album qui se concentre sur la restitution d’une atmosphère ; en l’occurrence, celle que dégagent les piscines municipales : les bruits étouffés, l’odeur enivrante du chlore, l’impudeur de tous ses corps à moitié nus qui plongent dans la même eau… Et dire que certains n’aiment pas ça ! C’est le cas de ce jeune garçon timide qui, pourtant, n’a pas le choix : la natation est le seul moyen de soulager son dos malade. Alors, tous les mercredis, pour soigner sa scoliose, il pratique le dos crawlé. Il y va en traînant la patte, jusqu’au jour où il rencontre une belle nageuse brune qui lui apparaît, fière, élancée, telle une sirène évoluant dans son milieu naturel. Un jeu de séduction, rythmé par les non-dits et les malentendus (mais aussi par les allers venus des longueurs effectuées dans l’eau de la piscine), commence alors pour cet adolescent émoustillé et maladroit, qui, désormais, ne raterait pour rien au monde son rendez-vous hebdomadaire. Véritable icône de la génération Internet (son « Poungi la racaille », qu’il signait Chanmax, fit les belles heures du web avant d’être repris en album chez Danger Public), ce jeune homme de 24 ans auteur du « Goût du chlore » est certainement LA révélation de KSTR ! En effet, il s’agit du troisième opus (en à peine deux ans seulement) que Bastien Vivès réalise pour ce label des éditions Casterman, et c’est certainement le plus abouti. Manifestement légèrement autobiographique, ce huis clos intimiste et initiatique est finalement très pudique : aussi économe en dialogues qu’en décors. On vous l’a dit : tout est dans l’ambiance, dans les gestes simples, dans les silences, et dans la judicieuse palette de couleurs oscillant entre le bleu et le vert…
“ Le passeur T.1 : Les orphelins du Reich ” par Brice Bingono et Pierre-Paul Verelst
Editions Paquet (12,90 Euros)
C’est certain, la bande dessinée « grand public » va désormais devoir compter avec une nouvelle génération de scénaristes façonnés par la lisibilité des grands classiques de l’aventure, mais aussi par l’efficacité des feuilletons télés américains : et le Belge Pierre-Paul Verelst fait partie de ceux-là ! Après deux séries plutôt convaincantes (« New-Messiah.com » et « Think Tank »), il récidive avec ce diptyque d’aviation situé pendant
Gilles RATIER