Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« BTOOOM! » T1 par Junya Inoue
« BTOOOM! », c’est le nom étrange du nouveau manga à la mode de chez Glénat. Mélange de genre, il a tout pour séduire les jeunes fans de mangas. C’est violent, plein de bons sentiments, et avec juste ce qu’il faut de suspens. Dans les années 90, lorsque Glénat a sorti son premier gros manga, « Akira » de Katsuhiro Otomo, l’éditeur a misé sur un slogan provocateur « C’est violent et c’est beau ». Il aurait pu le ressortir pour ce nouveau titre.
Ryota Sakamoto est un adolescent qui ne vit que pour le jeu vidéo. Extrêmement naïf, il n’obtient de considération qu’en ligne, lorsqu’il est plongé dans BTOOOM!. C’est un jeu en ligne à la mode, un monde virtuel où l’on doit tuer un maximum de participants a l’aide de bombes de différente catégorie. Il est le désespoir de sa mère qui aimerait bien qu’il ait une vie sociale et, surtout, un travail. Il rêve d’être employé dans une entreprise de jeu vidéo, mais n’obtient que des postes de testeur non rémunéré. Pourtant, il est le meilleur à BTOOM!. C’est le champion qui fait avancer le reste de son équipe et il ne rêve que de se mesurer au numéro 1 et l’anéantir, afin de prendre sa place et être adulé comme jamais. Dans la vraie vie, ses ambitions sont tout autres.
Lorsqu’il est parachuté dans un jeu réel ou il faut tuer des êtres humains bien vivants, tout change. Kidnappé par une organisation encore secrète, il doit maintenant combattre pour survivre. Équipé du strict minimum, il doit trouver nourriture et armes avant que les autres participants ne le fassent. Tous ces gens semblent avoir atterri sur cette île contre leurs gré. La règle de ce jeu macabre leur a été exposée dans l’avion-cargo qui les conduit vers l’île. Ils ne peuvent en repartir que s’ils arrivent à tuer huit autres participants et à leur retirer la puce greffée sous la peau de leur main.
« BTOOM! » joue à fond sur la vague actuelle des mangas et des films d’horreur ultras violents. Le scénario, comme souvent avec ce genre est assez simpliste, consiste surtout à suivre un héros et à assister à sa progression inévitable. Bien moins recherché que le modèle du genre « Battle Royal », les situations s’enchaînent mécaniquement et les personnages ont des réflexions somme toute basiques, voir primaires.
Les personnages sont stéréotypés. On retrouve le jeune héros fringant, beau et élancé. La Bimbo froide et mystérieuse offrant bien évidemment une scène de T.Shirt mouillé pour le fan service. Le gros peu futé, le tueur psychopathe, le maître du jeu et son armée sans pitié, etc.
Pourtant, « BTOOM! » est un manga assez agréable à lire. La construction simple des scènes permet de ne pas trop se torturer les méninges pour comprendre la situation. Tout avance de manière claire. Le dessin, agréable et classique, rend chaque protagoniste parfaitement identifiable. Les décors sont soignés et bien documentés. On sent néanmoins la patte des assistants derrière tout ça. C’est clairement un travail d’équipe comme n’importe quel blockbuster.
« BTOOM! » reste une série de divertissement destiné à un public averti comme cela est précisé sur la couverture. Mais les jeunes friands d’hyperviolence gratuite seront ravis par cette débauche d’explosions et de démembrements.
Gwenaël JACQUET
« BTOOOM! » T1 par Junya Inoue
Édition Glénat (7.60 €) ISBN : 978-2-7234-8540-1
BTOOOM! © 2009 Junya INOUE / Shinchosha Publishing Co.