Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°20 (05/04/2008).
Tous aux abris ! Hulk revient faire sa fête à la Terre ! Ensemble, gentiment, préparons-nous à la Guerre Mondiale Verte.
Bonjour. L’heure est grave. Ça va nous tomber sur la gueule incessamment sous peu. C’est gros, c’est vert, c’est pas content (du tout du tout), c’est imminent, c’est la cata, quoi : Hulk revient !!! Dans un contexte tendu à cause de la mort de Captain America et de la mise en place de l’Initiative, nos super-héros n’avaient vraiment pas besoin de ça ! Et pourtant, c’est bien le groupe des Illuminati qui a envoyé Hulk dans l’espace. Qu’est devenu le monde, et que sont devenus nos super-héros, se déchirant non pas pour des broutilles mais de réelles questions éthiques, semblant de plus en plus humains, avec les dérives que cela implique ? La loi de recensement, les trahisons, la géopolitique en jeu, les victoires et les défaites, et puis des décisions qui semblaient inimaginables il y a encore quelque temps, comme traquer un ami à l’aide de super-vilains payés par le gouvernement, ou bien envoyer un sauveur de l’humanité le plus loin possible de nous, dans l’inconnu du cosmos, en toute bonne conscience. Autant de faits d’une réalité en place. Oui, je sais, ça fout les boules, et encore… je n’ai même pas remis le couvert avec Iron Man, le vendeur d’armes boursicoteur au service aveugle du gouvernement, le bon gros toutou bourré de technologie. Le monde des super-héros a bien changé. Tout ça est passionnant, mais aussi assez angoissant, non ? Bref. Après Civil War, après The Initiative, l’univers Marvel ne cesse de trembler sur ses fondations avec maintenant l’arrivée de World War Hulk : nous vivons bien l’une des périodes les plus mouvementées de toute l’histoire de Marvel.
Bien sûr, cette année il y a Iron Man (euh… non, rien) avec l’importance qu’il prend au sein de l’Initiative et le film qui lui est consacré (sur nos écrans fin avril), mais 2008 sera bien l’année Hulk en France, avec le phénomène World War Hulk qui débarque dans bien des séries mais aussi un deuxième film qui sortira cet été (le 23 juillet exactement). Succédant à Ang Lee, c’est le réalisateur français Louis Leterrier qui a tourné ce deuxième opus apparemment assez musclé.
Au programme de ce Comic Book Hebdo, deux albums et une publication en kiosque qui constituent le kit incontournable pour avoir tous les éléments en mains avant de s’embarquer dans l’aventure…
Afin d’admirer les couvertures des albums chroniqués cette semaine, je vous invite à cliquer délicatement sur le petit appareil photo en haut à droite de cet article.
-HULK vol.3 : PLANÈTE HULK 1/2 (Panini Comics, Marvel Monster).
J’ai déjà chroniqué cet album l’automne dernier, mais je ne pouvais décemment pas passer dessus aujourd’hui alors qu’il contient les fondations de ce qui va arriver. Je ne vais donc ici qu’en rappeler l’essentiel.
Ce troisième volume de Hulk dans la collection « Monster Edition » est donc consacré au début d’une nouvelle ère pour le colosse vert : Planète Hulk. Une ère directement liée au contexte de Civil War, ce qui nous permet une fois de plus de constater à quel point cette guerre civile est réellement un tournant dans l’histoire de Marvel, je l’ai rappelé en introduction. Hulk a donc été envoyé dans l’espace par quelques-uns de ses super-congénères. Le hic, c’est qu’il n’atteindra jamais la planète « idyllique » qu’avaient choisi ses « amis » comme prison dorée : une erreur de navigation l’envoie au contraire sur une planète en proie à des mœurs sauvages tournées vers la guerre et la destruction, sous le joug d’un roi rouge absolument fasciste. Voilà ce que raconte Planète Hulk.
Ce volume contient les deux premières parties en quatre épisodes (Exilé et Anarchie), ainsi qu’un très intéressant épisode annexe au récit et paru dans Giant Size Hulk #1. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça décoiffe ! On dévore l’histoire avec une grande excitation tant le scénario de Greg Pak est contrasté et bien ficelé ; les dessins de Carlo Pagulayan, eux, sont vraiment excellents, fins et puissants à la fois. Et puis on ne peut cesser de penser inconsciemment pendant la lecture de Planète Hulk à cette trahison au nom de l’État que subit Hulk, à ce qui va se passer après, dans quelles conditions, et si le divorce entre Hulk et l’humanité est définitif.
L’album propose aussi l’autre épisode présent dans Giant Size Hulk #1 et, cerise sur le gâteau, le superbe Hulk #82 (donc antérieur à Planète Hulk) réalisé par Peter David et le génial, le grandiose, le magnifique Jae Lee. Peter David nous offre ici un scénario âpre et sensible, proche des grands thèmes de l’amour d’outre-tombe de la littérature d’horreur classique. Rien que pour ce petit bijou, vous ne pouvez pas ne pas acheter cet album.
-HULK vol.4 : PLANÈTE HULK 2/2 (Panini Comics, Marvel Monster).
Suite du volume que je viens de chroniquer, cet album clôt donc la maxi-série Planète Hulk, avec les deux dernières parties intitulées Allégeances et Armageddon. Ce sont toujours Greg Pak (scénario) et Carlo Pagulayan (dessins) qui officient. Après bien des déboires et des aventures cataclysmiques en compagnie de ses compagnons « liés en guerre », Hulk va trouver dans ces épisodes une nouvelle voie à sa vie, bien plus honorifique que son ancien statut de gladiateur, puisqu’il va devenir un souverain de la révolte respecté et même adulé, et que le Roi Vert va rencontrer sa Reine… Mais ce rôle n’est pas forcément plus enviable lorsqu’on se rend compte à quel point la violence est ici sous-jacente en chaque fait, chaque geste. Et l’ennemi gronde, au loin, inlassablement. Après un combat épique contre les redoutables Piques, on se rendra compte que ces entités vampirisantes sont plus complexes à comprendre qu’il n’y paraît. On verra aussi que l’union entre Hulk et la belle Caiera à l’Ancienne Force (oui, c’est son nom) va prendre une tournure dramatique à cause… des chétifs humains à écrabouiller ! Comment, puisqu’ils ne sont pas là mais tranquillement dans leur appart’ new-yorkais ? Eh bien vous le saurez en lisant cet album. Tout ce que je peux vous dire, c’est que cette issue fatale va être la goutte de sueur froide qui fait déborder le vase de jade.
N’oublions pas un épisode aussi court qu’essentiel qu’il ne faut louper sous aucun prétexte : Planète Cho. Ce récit met en lumière comment Amadeus Cho (un jeune homme redoutablement intelligent et puissant) contacte Reed Richards pour lui apprendre que Hulk n’a pas atterri là où il croyait l’avoir envoyé. Le choc ! Eh ouais Mister Fantastic-ment-sûr-de-mon-cerveau-génial, ça devrait te faire réfléchir, hein ? Le pire, c’est que je suis sûr qu’il va d’abord se poser la question du problème scientifique plutôt que de réfléchir sur la légitimité de ses actes. Amadeus Cho ne va d’ailleurs pas se gêner pour mettre Super Élastoc devant ses responsabilités et son sens de l’amitié. Mais bon… L’important, c’est que maintenant nos « héros de loi » sont au courant que Hulk n’est pas là où on le croyait, et que ça signifie que tout peut partir en quenouille… Ahhhh… Les pauvres… S’ils savaient à quel point !
Après toutes ces émotions, le présent volume nous propose l’intégralité d’une mini-série en quatre parties intitulée Destruction, qui revient sur un face à face intense entre l’Abomination, Hulk, mais aussi l’armée américaine. Ça rigole pas… et c’est réalisé par Peter David et Jim Muniz.
Pour être totalement prêt, il vous faudra lire la publication en kiosque chroniquée ci-dessous : elle contient le prologue au grand chambardement.
-WORLD WAR HULK #1 : LE DESTRUCTEUR (Panini Comics, mensuel).
Après Planète Hulk, voici donc le temps de World War Hulk (deuxième cycle d’une trilogie qui se finira par Skaar). Le premier numéro de cette nouvelle revue entièrement consacrée l’événement vous propose donc le prologue à cette guerre qui s’avère redoutable et qui va s’étendre sur plusieurs titres (Marvel Icons, Marvel Heroes, et Astonishing X-Men). Après les six numéros prévus paraîtra cet été un World War Hulk Hors Série où l’on retrouvera Ben Urich et Sally Floyd (les deux journalistes que l’on avait suivis pendant la guerre civile dans la série Embedded) pour voir comment ils ont vécu et couvert cette nouvelle guerre. Bref, de sacrés moments en perspective jusqu’à la rentrée, surtout que le contexte de l’Initiative ne fait que commencer… Mais revenons à ce numéro 1.
Le fameux prologue est un récit choral permettant de faire une sorte de point sur la situation, à travers différents ressentis complémentaires : celui de Hulk, de Jennifer Walters (Miss Hulk, sa cousine), et de Doc Samson. Honneur aux dames avec Jen Walters qui a démissionné du S.H.I.E.LD., perdu ses pouvoirs, et qui est surtout folle de rage contre ceux qui ont envoyé son cousin aux confins de l’espace (on la comprend). Tony Stark a neutralisé ses pouvoirs, et maintenant c’est Doc Samson qui vient lui mettre la pression pour qu’elle dévoile où se trouve Amadeus Cho, le gamin dont je vous ai parlé plus haut et qui est recherché par les sbires de l’Initiative. Nous avons donc affaire à une confrontation des plus tendues entre une Miss Hulk écœurée par la mentalité engendrée par l’Initiative, et un adepte de celle-ci qui explique l’impardonnable par des arguments qu’il juge légitimes, presque avec le sourire. C’est vraiment le lavage de cerveaux, cette Initiative, dis donc… Ils sont graves, non ? Enfin, il y a Hulk, en route pour venir nous casser la gueule, qui apprend à canaliser sa rage pour mieux nous écrabouiller. À travers différents souvenirs qui s’appuient clairement sur l’histoire Marvel, nous voyons quels ont été jusqu’ici les rapports les plus emblématiques entre Hulk et ceux qui l’ont banni de la Terre : Reed Richards, Iron Man, Docteur Strange et Flèche Noire. Ils ont du mouron à se faire, les beaux héros…
Le reste de la revue est constitué d’un dossier assez complet sur le contexte World War Hulk où l’on pourra lire un long entretien avec Greg Pak et des fiches informatives.
Le numéro 2 de cette revue, qui sort ce mois-ci, promet d’être le numéro de tous les dangers.
Cecil McKinley