La réalisation du storyboard, de Jean Marc Lainé et Sylvain Delzant,

Voici un petit ouvrage savoureux sur un sujet qui pourrait passer pour mineur : le story-board, cette sorte de brouillon de tous les brouillons, la plupart du temps crayonné à la va vite, mérite-t-il qu’un livre entier lui soit consacré ? Après la lecture des 95 pages de Jean-Marc Lainé et Sylvain Delzant, cette idée ne traversera plus la tête de personne.

 


Les auteurs se montrent en effet très convaincants, qui voient dans le story-board l’étape majeure déterminant la qualité finale de toute bd : d’abord parce qu’il donne droit à l’erreur, et ensuite parce  qu’il s’agit d’un outil qui passe entre toutes les mains, permettant de parler le même langage, que l’on soit dessinateur, scénariste ou … éditeur. Ce qui explique que seuls les néophytes ou les fainéants peuvent penser pouvoir s’en passer. Au point que, dans un souci de rationalisation à l’américaine ou à la japonaise, plusieurs maisons d’édition n’hésite pas à confier la réalisation de ce véritable plan à des dessinateurs expérimentés (comme Olivier Vatine et Fred Blanchard chez Delcourt).


            Ce petit livre, troisième tome de la très réussie série des manuels de la bd chez un éditeur dont on ne dira jamais assez à quel point il s’impose comme référence pour toutes les approches techniques, ne se contente pas de définir son objet, ni même de le circonscrire à la bd. De fait, le story-board est un outil commun à toutes les formes de narration séquentielle, du cinéma à la publicité en passant par le jeu vidéo et le dessin animé. Les auteurs insistent à chaque fois sur les points communs mais aussi les spécificités, avec précision mais clarté. Les chapitres deux (La bande dessinée et les autres media) et trois (Technique du story-board) sont en outre l’occasion de revenir sur un ensemble d’étapes souvent confondues : découpage, montage, cadrage, mise en page, séquencier sont tour à tour abordées et remis dans leur contexte médiatique. A noter également, l’explicitation des termes anglo-américains, de plus en plus employés mais pas toujours bien compris (demandez donc autour de vous ce qui distingue les lay-outs des full pencils ….). Enfin, le dernier chapitre, répondant parfaitement à l’esprit pratique de la collection, termine sur un exemple concret, à travers les étapes de la réalisation d’une histoire imaginée spécialement pour la collection (mais qui méritera peut-être un jour une publication à part).


            Au final, un livre qui s’adresse vraiment à tous, spécialistes, amateurs ou professionnels, tant il présente la limpidité des difficultés devenues évidences une fois expliquées avec intelligence et pédagogie. Plus qu’indispensable.


 


Joël Dubos


 


La réalisation du storyboard, Jean Marc Lainé, Sylvain Delzant, Editions Eyroles, 20 €


 

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