Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Avant de prendre des vacances bien méritées, voici une dernière sélection d’albums forts recommandables, avant la reprise, fin août : “ Léo Loden T.17 : Hélico Pesto ” par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff, “ Le cabaret des muses T.3 : Allez, Darling ” par Gradimir Smudja, et “ Fille de rien ” par Arnü West et Sylvain Ricard.
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“ Léo Loden T.17 : Hélico Pesto ” par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff
Editions Soleil (9,45 Euros)
Depuis qu’il s’est adjoint les services scénaristiques de Loïc Nicoloff (jeune réalisateur de courts métrages qui s’est lancé à corps perdu dans l’écriture de bandes dessinées), Christophe Arleston a redonné du punch aux enquêtes de son privé marseillais. Evitant ainsi de tomber dans une certaine routine (du même coup, le graphisme «marcinellien» de Serge Carrère en devient encore plus percutant), les auteurs permettent à cette série sans prétention, mais toujours aussi drôle, de rester inventive, tout en l’ancrant, à nouveau, dans sa ville d’origine : Marseille. Dans cet épisode, suite au crash d’un hélicoptère, Léo Loden et l’ineffable Tonton Loco sont plongés dans le monde de l’espionnage industriel : les principaux acteurs du marché de l’électronique s’étripant pour une mallette contenant les brevets d’une nouvelle création informatique. Le comique de répétition dans les situations et le côté vaudevillesque créé par l’arrivée d’un nouveau personnage féminin (une charmante concurrente de Léo qui voudrait bien prendre, aussi, la place de la belle Marlène) sont quelques-uns des atouts qui permettent ce vrai bon moment de lecture !
“ Le cabaret des muses T.3 : Allez, Darling ” par Gradimir Smudja
Editions Delcourt (12,90 Euros)
Premier cheval à être monté sur la scène de l’Opéra, à être devenu une véritable muse pour les artistes, et à être fait Lady par la reine Victoria d’Angleterre, Darling est tombé dans l’oubli, suite à une blessure. Heureusement pour lui, un certain Toulouse-Lautrec, reconnaissant en lui son double chevalin, décide de le racheter… Avec ce troisième épisode bien déjanté et toujours aussi sublimement illustré, la série «Le bordel des muses» change de nom (pourquoi donc ? bordel cela faisait moins classe que cabaret ?). On y retrouve cependant tous les ingrédients qui faisaient le charme des inventifs précédents opus. De plus, Gradimir Smudja est un véritable peintre : né en ex-Yougoslavie, il a émigré très vite vers la Suisse, où il a travaillé pour un galeriste en reproduisant, à l’identique, les toiles des grands maîtres de l’impressionnisme : d’où, d’ailleurs, son style assez ampoulé ! Donc, tout le monde le reconnaît, son dessin est un enchantement pour les yeux ! Reste que ses récits parodiques, un brin dadaïstes et un peu fous, ne sont pas toujours très accessibles à ceux qui préfèrent un humour plus cartésien. Même si son récit démystifiant, qui n’est un en fait qu’un étonnant message d’amour envers les animaux, et ses obsessions pour les artistes de la fin du XIXème siècle obtiennent toute notre sympathie et notre admiration, on oserait presque recommander à ce génial dessinateur d’essayer de prêter sa formidable technique graphique à un scénariste rompu à l’art de la narration réaliste ; rien que pour voir ce que cela pourrait donner : un chef-d’œuvre, peut-être ?
“ Fille de rien ” par Arnü West et Sylvain Ricard
Editions Futuropolis (16,50 Euros)
Dans les environs de Lyon, en 1944, alors que la France subit une période de troubles due à la fin de la guerre, le scénariste Sylvain Ricard débute son récit en nous racontant le quotidien ordinaire d’une famille campagnarde. Sous un même toit, vit une «matriarche», qui ne jure que par Pétain et que par son époux décédé en 1918, ainsi que trois de ses fils dotés de bonnes et fidèles épouses. L’un deux travaille avec un Allemand dans un laboratoire de l’Institut National d’Hygiène où il se livre à des expériences avec du sucre sur des mouches. Le quatrième de ses enfants, lui, est entré dans la clandestinité, pour rejoindre
Gilles RATIER