Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...PLUS DE LECTURES DE BD DU 4 JUIN 2007
Notre sélection de la semaine : “ Carnets d’Orient T.9 : Dernière demeure ” par Jacques Ferrandez, “ Tchaï Masala : monologue hindi ” par Christian Cailleaux et “ Sept psychopathes ” par Sean Phillips et Fabien Vehlmann.
“ Carnets d’Orient T.9 : Dernière demeure ” par Jacques Ferrandez
Editions Casterman (14,95 Euros)
Cette fresque historique qui nous conte l’histoire de l’Algérie française, jusqu?à la décolonisation, sera certainement l’œuvre la plus aboutie et la plus importante de Jacques Ferrandez. Ce neuvième et avant-dernier épisode évoque l’engrenage sanglant qui va conduire ce pays à l’indépendance, de la fin de 1958 au début de l’année 1960. Toujours aussi bien documenté, cet album est l’un des meilleurs du cycle contemporain (dont il est le quatrième) : car si la mise en scène, les dialogues et les illustrations sont toujours aussi riches, il y a en plus une réussite dans l’approche pédagogique. En effet, avec une objectivité qui l’honore, l’auteur réussi à nous faire comprendre parfaitement le désarroi des tenants de la colonisation, déçus par les discours de De Gaulle qu’ils ont, pour la plupart aidé à porter au pouvoir, alors que, sur le plan militaire, l’avantage est nettement du côté de l’armée française : les maquis algériens étant alors dans un état de dénuement extrême. Une superbe leçon d’Histoire, avec un grand H !
“ Tchaï Masala : monologue hindi ” par Christian Cailleaux
Editions treize étrange/Milan (17 Euros)
Nous retrouvons avec plaisir le dessin élégant de Christian Cailleaux, ainsi que l’un de ses personnages favoris (Félix Mogo, héros du «Troisième thé» et du «Café du voyageur», deux petits albums parus chez le même éditeur) pour une très agréable balade en Inde. Alors qu’il est sollicité par la directrice d’une compagnie maritime pour retrouver la trace d’un capitaine de cargo, son voyage nous mène de ville en ville, au rythme lent des trains poussifs qui le transporte. L’auteur de la remarquable trilogie «Les imposteurs» (chez Casterman), quant à lui, connaît bien ce pays pour y avoir beaucoup circulé et séjourné ces derniers temps ; ce qui fait qu’il nous en propose un visage un peu inédit, en tout cas loin des poncifs habituels ou du Bollywood à la mode. Si son trait rigoureux et sa narration posée se prêtent bien à l’ambiance tranquille de ce récit, dont l’approche est quand même assez littéraire, il faut noter que le tout est finement traité en bichromie, ce qui affine le regard que pose cet alter ego de Christian Cailleaux sur les gens et les choses qui l’entourent.
“ Sept psychopathes ” par Sean Phillips et Fabien Vehlmann
Editions Delcourt (13,95 Euros)
Proposée par David Chauvel, cette nouvelle série de sept albums (pouvant se lire chacun séparément) est réalisée par sept scénaristes et sept dessinateurs différents, et est basée sur sept univers qui n’ont,a priori, rien en commun, si ce n’est leur thème : sept mercenaires ont une mission à remplir. Pour ce premier album, en 1941, sept fous furieux sont chargés d’assassiner Hitler. A l’avis du psychopathe qui a mis au point ce plan démoniaque, ce sont les seuls êtres capables de raisonnement hors normes : donc, leurs agissements ne seront pas anticipés par les nazis… Fabien Vehlmann, qui maîtrise de mieux en mieux l’efficacité de sa narration, s’en sort plutôt pas mal avec cette BD à grand spectacle fort bien rythmée : et ceci malgré une pagination un peu courte (62 planches) qui oblige à une certaine concentration de l’action. Il est heureusement très bien épaulé par le découpage cinématographique du dessinateur Britannique Sean Phillips, au style évidemment très marqué par les comics puisqu’il a travaillé avec tous les grands noms de la BD américaine : son encrage, déjà primé sur «Marvel Zombie» avec Robert Kirkman, ainsi que ses effets d’ombres, étant particulièrement convaincants !
Gilles RATIER