Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...La corde au cou : Une deuxième aventure de Lucky Luke « d’après Morris » … et Goscinny !
La corde au cou ? : Achdé & Laurent Gerra seraient-ils mariés ? Pour le meilleur et pour le rire, assurément ! Renouant avec l’esprit de l’époque Goscinny/Morris, les deux « auteurs repreneurs » publient aujourd’hui un album, dans la grande tradition du genre, qui devrait réjouir tous les amateurs nostalgiques et les autres.
Repreneur « privilégié » des aventures du héros créé par Morris, comme il se définit lui-même, Laurent Gerra doit désormais admettre la place importante que tient Lucky Luke dans sa vie. Un exemple ? : l’affiche de son dernier spectacle, reprise en visuel du double DVD (2h20 de one man show et 3h40 de bonus exclusifs), à paraître le 2 novembre 2006.
Habillé en poor lonesome cowboy, le justicier humoriste « flingue la télé » avec impertinence et talent, imitant ses contemporains plus vite que son ombre (certains, dont les pros de la téléréalité, n’auront qu’à aller se rhabiller). L’artiste, qui poursuit sa tournée jusqu’à la fin de l’année, a su, pendant six mois, réunir plus de 600.000 spectateurs lors des représentations qu’il donna à l’Olympia, au Palais des Sports et à Marigny.
Autant dire, puisqu’il est le premier à avoir affiché complet à chacune de ses prestations dans ces trois grandes salles parisiennes, que Laurent Gerra est aujourd’hui une des personnalités les plus appréciée du public. L’homme reste pourtant d’une humilité exemplaire et, comme nous avions eu l’occasion de le relater lors de la parution de « La Belle Province », conserve le recul nécéssaire sur son succès et la réalisation des scénarios de Lucky Luke, une série dont il signe aujourd’hui sa seconde collaboration avec Achdé.
Du précédent opus, La Belle Province, parlons en : 630.000 exemplaires vendus (le nouvel album bénéficie, quant à lui, d’un tirage de 700.000 exemplaires) et la pression qui monte, qui monte … ! « C’est sur, assure Laurent Gerra, on était très content du succès de La Belle province mais on sait que nous sommes attendus au tournant sur ce deuxième épisode. Cela ne nous a pas empêché, Achdé et moi, de nous amuser et de faire ce qu’on voulait faire. La passion et la motivation restent des vecteurs essentiels de notre travail. »
Un travail qui s’accomplit dans une collaboration et une complicité de plus en plus affirmée : « Nous avons les mêmes gouts et surtout … les mêmes dégouts », souligne avec humour Achdé, qui s’est investi plus en amont dans l’élaboration du récit, cette fois. « Nous avons changé de méthode, explique Laurent Gerra. Pour notre premier album en commun, j’avais préparé des croquis, des cases et des dessins, dans un cahier. Cette fois, nous avons été plus vite car nous avons appris à travailler ensemble et nous avons développé le scénario en commun. » Et Achdé d’enchérir : « En fait, nous avons réalisé le découpage en direct, jamais très sérieusement. Et comme nous adorons Goscinny, nous avons essayé de retrouver l’atmosphère de ses récits. » Avec réussite, La corde au cou fourmillant de surprises, de calembours (un de mes amis – il se reconnaitra – adore : « L’amour est un enfant de totem », je lui rends hommage !). Il est évidemment question d’indiens, de cavalcades et donc … de Dalton ! : « Ben oui, on était un peu frustrés finalement, disent en chœur les deux auteurs. La Belle Province ne faisait que les évoquer ».
Ici, afin d’échapper à la corde, pour cause de surpopulation carcérale, les pires hors la loi de l’ouest utilisent un article de loi amnistiant les détenus se mariant. Pauvres d’eux, voila les Dalton unis aux pires mégères existantes. Qu’elles soient indiennes ne changent rien. Tous ? Non, Averell bénéficie d’un régime de faveur : le royaume des cieux, c’est bien connu, étant promis aux simples d’esprit.
N’en disons pas plus, si ce n’est que le récit ne semble guère favorable aux femmes ! « Il ne faut pas voir que le coté misogyne de cet album … qui l’est ! » s’amuse d’ailleurs à dire Laurent Gerra.
Le récit regorge vraiment de surprises : « On a voulu éloigner le lecteur de qu’il pouvait imaginer. Du coup, on est allé dans des directions qui nous ont étonnés nous-mêmes ! », explique Achdé, qui s’est visiblement « éclaté » à illustrer cette aventure qui, tradition oblige, intègre quelques caricatures et autres hommages que vous n’aurez aucune peine à découvrir. Le dessinateur n’a d’ailleurs pas ménagé sa peine, comme vous pourrez le constater dans la scène de pendaison des Dalton où le nombre de chapeaux est incroyable (tiens, un petit concours : combien y en a-t-il ?).
Laurent Turpin
Ps : Allez, on vous a fait marcher ! Pas la peine de nous abreuver de mails : Achdé a dessiné 223 chapeaux (selon ses dires, franchement on n’a pas vérifié !) dans la planche en question (comment ? trop tard ! vous avez déjà compté et vous aviez le chiffre juste : alors là, Bravo !)
Laurent Gerra flingue la télé, le DVD – Universal Pictures video
La corde au cou, de Laurent Gerra & Achdé, Lucky Comics.