Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...PLUS DE LECTURES DU 16 MAI 2005
En attendant de faire la fête à la BD, voici nos coups de cœur de la semaine : “ Pandora Box T.3 : La gourmandise ” par Steven Dupré et Alcante aux éditions Dupuis , “ Le meilleur de Pif” : collectif aux éditions Vents d’Ouest, “ Léo Loden T.15 : Macchabées à l’escabèche ” par Serge Carrère et Christophe Arleston aux éditions Soleil, “ La bulle de Bertold ” par Gabriel Ippoliti et Agrimbau aux éditions Albin Michel et le remarquable essai “ Les éditeurs de bande dessinée ” par Thierry Bellefroid aux éditions Niffle.
“ Pandora Box T.3 : La gourmandise ” par Steven Dupré et Alcante
Editions Dupuis (12,94 Euros)
On attendait le jeune scénariste Alcante au tournant, après les deux premiers tomes de son ambitieux projet qui tourne autour des sept pêchés capitaux et du mythe de la boîte de Pandore, mais il faut bien avouer qu’il nous étonne et nous passionne une fois de plus avec ses deux nouvelles livraisons. Sous couvert d’une alarmante vision de notre société de consommation dénonçant les outrances de la rentabilité alimentaire, l
“ Le meilleur de Pif” : collectif
Editions Vents d’Ouest (30 Euros)
Voilà l’album idéal pour retrouver vos passions d’antan ! En effet, des dizaines de générations ont appris à aimer la BD en lisant Pif Gadget ou son ancêtre Vaillant et ont vibré aux simples noms de «Robin des Bois», de «Docteur Justice», de «Davy Crockett» ou de «Fanfan la Tulipe». Ce sont quelques uns des héros que vous retrouverez dans cet épais volume de 557 pages : un bel hommage à cet hebdomadaire qui connaît aujourd’hui une résurrection triomphale dans les kiosques et autres maisons de la presse. C’est le nostalgique Henri Filippini (toujours directeur littéraire chez Glénat) qui a eu l’idée de compiler onze des BD marquantes de l’histoire de ce magazine de la presse assimilée communiste. Ses choix sont, bien entendu, sujets à discussion, mais ce n’est que le premier tome et il faut espérer que nous retrouverons les autres grandes BD publiées par Pif ou Vaillant, de 1945 à 1993. En attendant, apprécions comme il se doit le graphisme somptueux du portugais Coelho, le dynamisme du dessin de l’italien Marcello, l’efficacité d’un Nortier, d’un Gaty ou d’un Max Lenvers, l’originalité d’un Eu. Gire ou l’efficacité d’un Louis Cance, fondateur et principal artisan du fanzine Hop ! : «le» magazine sur l’histoire de la BD et «la» référence incontestable pour tout connaître sur le monde de la BD !
“ Léo Loden T.15 : Macchabées à l’escabèche ” par Serge Carrère et Christophe Arleston
Editions Soleil (9,45 Euros)
Cette série hommage au «Gil Jourdan» de Maurice Tillieux est d’une égale qualité et s’avère toujours d’une fort agréable lecture. Si l’intrigue n’est pas d’une originalité folle (le but premier de cette BD est de divertir, pas de révolutionner le médium), elle fonctionne parfaitement et est parsemée de jeux de mots et de gags hilarants. Arleston connaît son métier et il sait parfaitement huiler sa mécanique afin d’obtenir un scénario bien équilibré. Quant au dessin, lui aussi dans la lignée de Tillieux, il est de plus en plus maîtrisé, Serge Carrère excellant dans le style franco-belge, entre réalisme et comique. Après leurs diverses pérégrinations, le détective Léo Loden et son adjoint de Tonton Loco restent quelques temps dans leur ville de prédilection : Marseille. Ils sont en train d’aménager un nouvel appartement lorsqu’un accident se produit et conduit notre privé, mauvais bricoleur, dans une clinique privée. Or, le propriétaire de cet établissement décède peu de temps après et sa fille, chirurgien de renom, va subir de fortes pressions pour vendre ses parts. Elle pense que la mort de son père n’est pas accidentelle et elle embauche notre duo qui va se plonger dans l’univers trouble du monde médical. Voilà une série au top de sa forme avec un album sans prétentions où l’on ne s’ennuie absolument pas !
“ La bulle de Bertold ” par Gabriel Ippoliti et Agrimbau
Editions Albin Michel (12,50 euros)
Peu de lecteurs le savent mais le 9ème art argentin est l’un des plus riche du monde et il n’en finit pas de nous surprendre : les oeuvres d’Alberto Breccia, de José Antonio Muñoz, de Carlos Niñe ou de Carlos Trillo sont là pour nous le rappeler. Même si elle traverse depuis quelques années une grave crise politique et économique, l’Argentine produit des BD oscillant entre création pure et fiction de loisir, lesquelles s’exportent encore assez bien dans les pays francophones. Ainsi, régulièrement, nous découvrons des oeuvres étonnantes qui bouleversent notre approche du médium BD. C’est ce qui se passe avec cette «Bulle de Bertold» due à un graphiste au dessin saisissant, magistralement mis en couleur, et à un scénariste original (venu du milieu théâtral), aux dialogues efficaces. C’est sans emphase et avec limpidité qu’il nous livre cette fable effrayante et poignante sur la condition de l’homme et sur sa capacité à résister. Ce récit fait bien sûre allusion à l’œuvre de Bertolt Brecht et à son idéal du combat par le théâtre. La ville minière de Butanie est entièrement bâtie autour d’une énorme citerne de gaz qui se dresse dans un lieu désert de la Patagonie. Cet univers futuriste est dirigé d’une main de fer par un gouvernement implacable et, lorsque Bertold met le feu à son unité de production, il est condamné à l’amputation totale. Privé de tous ses membres, il est employé dans un théâtre de marionnettes vivantes, se livrant à des improvisations de plus en plus téméraires où il risque très gros…
“ Les éditeurs de bande dessinée ” par Thierry Bellefroid
Editions Niffle (23 Euros)
Certes, Thierry Bellefroid est le présentateur du journal télévisé de la mi-journée à la RTBF (chaîne de télévision belge) mais il est aussi un éminent journaliste spécialisé et ardent défenseur du 9ème art. Cet esthète éclairé vient de publier «Les éditeurs de bande dessinée» : un livre indispensable (comme tous les autres ouvrages de la collection «Profession» de Frédéric Niffle, son compatriote d’éditeur) pour mieux appréhender les arcanes du monde de la BD. Une dizaine d’entretiens approfondis avec des éditeurs représentatifs de ce secteur en pleine effervescence (des patrons de Dargaud ou de Glénat, dont les groupes représentent, ensemble, plus de 60% du marché francophone, aux petits labels indépendants en passant par les responsables de Soleil ou de Delcourt) y sont largement illustrés par une vingtaine de dessinateurs de la nouvelle génération. Voilà une passionnante et intelligente plongée dans un univers coincé entre création et commerce et dont les principaux acteurs français organisent, pour la première fois, la fête de la BD du 29 mai au 4 juin !
Gilles RATIER