Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...LES 100 ANS DE BECASSINE
Née le 5 février 1905, Becassine fête ses 100 ans.Après avoir séduit plusieurs générations de jeunes , excercé mille métiérs, elle est toujours présente et ses albums continuent de se vendre.Bon anniversaire.
Claude Moliterni
Bécassine
France
1905
Emile-Joseph Porphyre Pinchon & Jacqueline Rivière (puis Maurice Languereau)
Annaïk Labornez, dite Bécassine, née à Clocher-les-Bécasses, représente le prototype des servantes bretonnes naïves et dévouées qui débarquèrent à la gare Montparnasse, à la fin du siècle dernier, afin de louer leur force de travail dans les beaux quartiers de la capitale. Toute une série d’aventures va découler de sa niaiserie et de sa balourdise, lui faisant accumuler quantité de gaffes, prétextes à des gags plus ou moins désopilants.
Au service de la marquise de Grand-Air et de sa pupille Loulotte, Bécassine va peu à peu s’émanciper en compagnie de son oncle Corentin et de sa méchante cousine Marie Quillouch, sans oublier l’érudit Adalbert Proey-Minans, ami d’enfance de la marquise. On retrouve Bécassine tour à tour sur le front pendant la Première Guerre mondiale (1916), chez les Turcs (1919), alpiniste (1923), en aéroplane (1930), en croisière (1936), etc.
Dus d’abord à Jacqueline Rivière, puis à Maurice Languereau, neveu de l’éditeur Gautier, les scénarios témoignent d’une époque disparue. « Une telle somme, précieuse à consulter pour les sociologues de l’avenir, fait penser à La Recherche du temps perdu dont elle figure un peu comme une réplique légère et souriante », écrit Francis Lacassin dans une remarquable étude parue dans Le Magazine littéraire n° 25 en janvier 1969.
Les images juxtaposées de Pinchon donnent l’illusion de la fresque avec des personnages qui,comme au théâtre, ne tournent jamais le dos au lecteur. Parfois, un médaillon-jumelle permet au lecteur-spectateur des vues plus ou moins rapprochées. Cette volonté de Pinchon de saisir plutôt l’attitude que le mouvement et de faire évoluer des personnages comiques dans des décors réalistes procure une certaine grâce aux personnages et est pour beaucoup dans le charme et la poésie qui se dégagent encore de nos jours à la lecture de cette étonnante série.
Continué, après le décès de son créateur, en 1959, par Jean Trubert qui la modernise avec des bulles, Bécassine, prépubliée dans La Semaine de Suzette de 1905 à  1950, a inspiré tout un merchandising de poupées, un alphabet (1921), des chansons (1927) et même un pastiche érotique (1974). Au cinéma, un film de Pierre Caron, Bécassine, combattu en son temps par les autonomistes bretons, est sorti en 1939 avec Paulette Dubost (Bécassine), Alice Tissot (la marquise) et Max Dearly (M. Proey-Minans).
À signaler : un personnage en latex créé vers 1960 chez Reine Degrais, une marque qui fabriquait aussi Bécassine en étoffe.
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PINCHON, Émile-Joseph Porphyre
France
17Â avril 1871 Ã Amiens
20Â juin 1953 Ã Paris
Après un baccalauréat de lettres, Pinchon débute une carrière de peintre et expose, en 1893, au Salon de la Société nationale des beaux-arts dont il deviendra, beaucoup plus tard, le président. Illustrateur dans Le Petit Journal illustré de la jeunesse et au Saint Nicolas à partir de 1904, il dessine Bécassine dans La Semaine de Suzette, dès le premier numéro du 2 février 1905. Parallèlement, il est créateur de costumes pour l’Opéra de Paris de 1907 à  1910 et illustrateur de livres pour enfants avec La Guerre des fées (album Delagrave, 1909). Mobilisé en 1914, il abandonne Bécassine à Édouard Zier pendant toute la durée de la guerre.
En 1919, il la dessine à nouveau dans La Semaine de Suzette et, l’année suivante, il crée, dans L’Écho de Paris, Frimousset sur un scénario de Jaboune (Jean-Nohain). Avec ce dernier, il réalise aussi Grassouillet en albums Férenczi à partir de 1928, puis La Famille Amulette dans Benjamin, l’année suivante. Il travaille également dans Cœurs Vaillants et Âmes Vaillantes avec Yanek i Yanka (1939), arrêtant Bécassine après la déclaration de la guerre.
Pendant l’Occupation, Pinchon dessine Rendez-vous avec les grands fauves (1941), puis Jean la Fronde (1942) dans Fanfan la Tulipe. Après guerre, on le retrouve dans Wrill avec Suzel l’Alsacienne (1945), Gringalou (1947), L’Opale synthétique (1948), Olive et Bengali (1948), Delurette et Papaver (1949). Il est présent aussi dans Cap’tain Sabord avec L’Oncle Tontaine et Gilles du Maquis (1947), dans Le Petit Canard avec Caneton historien (1946), Picotin votre âne (1947), Frimousset (1947), ainsi que dans France-Soir Jeudi avec Patounet, Giboulard et Cie (1947).
Passé maître dans l’art de faire évoluer des personnages comiques dans un décor réaliste et stylisé, Pinchon est considéré comme l’un des précurseurs de la ligne claire et, particulièrement, de l’École de Bruxelles.
CAUMERY (pseudonyme de Maurice LANGUEREAU)
France
7 janvier 1867 Ã Paris
10 août 1941
En février 1905, Maurice Languereau, neveu de l’éditeur de la Semaine de Suzette Henri Gautier, poursuit les aventures de Bécassine avec Emile-Joseph Porphyre Pinchon comme dessinateur, après que Jacqueline Rivière, la rédactrice en chef de la revue ait créé des « historiettes » en une page avec ce personnage. Il en écrit les épisodes en compagnie de Jacqueline Rivière dans un premier temps. En 1913, il prend le pseudonyme de Caumery, anagramme de son prénom, et va signer jusqu’en 1939 tous les épisodes prépubliés dans la Semaine de Suzette et édités en 25 albums.
Il devient l’associé de son oncle en 1917, les éditions Gautier se nommant alors Gautier-Languereau. MD
A voir et à lire:
Le centenaire de la Semaine de Suzette, musée de la Poupée, ilmpasse Berhaud 75003. Métro Rambuteau.Jusqu’au 29 mai.
Rens: 01 42 72 73 11
Bécassine, une légende du siècle, pr Bernard Lehembre.Ed Gautier-Languereau. 25 euros
Les petits ennuis de Becessine de Pinchon et Caumery, Ed. Gautier-Languereau. Inédit. 12,50 euros
Expositon Becessine à la Fnac Montparnasse.
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j ai une bd de becassine de 1949 je voudrais savoir le prix merçi.
Il s’agit certainement de l’une de ces rééditions d’après-guerre que le BDM côte à 20 euros pièce.
Bien cordialement
La rédaction