Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
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Cette semaine, nous revenons sur des albums importants parus dans le courant de l’année 2004 et dont nous avions omis de vous parler : “ Le tour de valse ” par Ruben Pellejero et Denis Lapière aux éditions Dupuis, “Le bordel des muses ” par Gradimir Smudja aux éditions Delcourt, “ L’immeuble d’en face ” par Vanyda aux éditions La Boîte à Bulles, « La chute T.1 : Les prisons de chair » par Poulos et Mathieu Gabella aux éditions Petit à petit, « D-Day, le jour du désastre T.1 : Les mangeurs de vie » par Scott Hampton et David Brin aux éditions Les Humanoïdes associés.
“ Le tour de valse ” par Ruben Pellejero et Denis Lapière
Editions Dupuis (12,95 Euros)
En 1946, suite à une dénonciation, un homme est déporté, laissant derrière lui femme et enfants. Pendant de longs mois, le couple échange de nombreuses lettres jusqu’à ce que le prisonnier décide de cesser cette relation épistolaire qui lui rappelle trop la monstruosité de la situation. Sept ans plus tard, à la mort de Staline, les camps sont ouverts. Voyant que son mari ne rentre pas du Goulag, la jeune femme part à sa recherche en Sibérie : « un pays carnivore », écrit-elle à sa famille. Elle va découvrir, petit à petit, les ignobles conditions dans lesquelles vivait son époux… Tout juste auréolé par le « Prix des 20 ans » décerné par les journalistes et critiques spécialisés à son Bar du vieux français, Denis Lapière nous a concocté ici un scénario poignant doublé d’un témoignage historique sur l’URSS de l’après-guerre. Cet album réalisé avec des emboîtements successifs de souvenirs est tout aussi indispensable que Un peu de fumée bleue, des mêmes auteurs, réédité pour l’occasion. Avec Le tour de valse, douloureuse quête poétique, le scénariste explore, par la petite histoire, un de ces drames de l’humanité que certains préfèrent encore ignorer. Son complice, le dessinateur espagnol Ruben Pellejero, a profité de ce récit pour travailler sur son style et sur ses couleurs. En se rapprochant de l’art et de l’imaginaire soviétique, il participe pleinement à l’émotion dégagée par cette histoire d’amour avec un grand A.
“ Le bordel des muses ” par Gradimir Smudja
Editions Delcourt (12,50 Euros)
Ce premier tome d’une série prévue en trois volumes est une visite onirique, guidée par Toulouse-Lautrec, du Montmartre de la Belle Epoque. Gradimir Smudja, peintre d’origine yougoslave, sait parfaitement restituer l’atmosphère picturale de ses maîtres et s’amuse à pasticher Monet, Seurat, Cézanne, Renoir ou Gauguin… Cet exercice de style se veut avant tout un hymne à la liberté de création car l’auteur renonce à nous donner à lire une histoire construite de façon classique, préférant laisser libre cours à son trait et à ses couleurs, lesquels baignent dans un surréalisme de bon aloi.
“ L’immeuble d’en face ” par Vanyda
Editions La Boîte à Bulle (13,50 Euros)
De nombreux petits riens scandent la vie d’un immeuble où logent des gens qui n’ont rien en commun et qui, pourtant, vont finir par se rencontrer : une jeune maman abandonnée par le père de son fils, deux quadras aigris qui ne s’aiment plus mais qui veillent à la bonne santé de leur chien pourtant fort envahissant, deux jeunes amoureux et insouciants… Sans complaisance, mais avec énormément de sensibilité et déjà un sens de la mise en scène hors du commun, la jeune auteur signe des portraits touchants, traités graphiquement à la façon d’un manga.
« La chute T.1 : Les prisons de chair » par Poulos et Mathieu Gabella
Editions Petit à petit ( Euros)
En 1242, la résistance cathare vit ses dernières heures et, avec elle, la révolte de tout le peuple Occitan. Montségur, la puissante forteresse perchée sur son piton rocheux reste, pour eux, le dernier refuge ; mais le Roi de France et l’Inquisition ont décidé de les soumettre pour l’intégrité du Royaume et le règne sans partage de la sainte mère Eglise. Les derniers jours de lutte de ces combattants de la foi nous démontre que la religion hérétique était encore plus extrémiste que le catholicisme. Ce scénario mâtiné d’éléments fantastiques et la palette remarquable du dessinateur alimentent joliment le climat mystérieux et oppressant.
« D-Day, le jour du désastre T.1 : Les mangeurs de vie » par Scott Hampton et David Brin
Editions Les Humanoïdes associés (20 Euros)
Le jour du débarquement en Normandie, en mai 44, a mal tourné : les soldats américains, anglais et canadiens ont soudain eu à affronter, en plus des forces allemandes, les dieux du panthéon nordique. Dans les dix-huit années qui ont suivi, les vainqueurs ont fait main basse sur une bonne partie de la Terre, et dans les zones sur lesquelles ils n’avaient pas d’influence, d’autres divinités locales tout aussi avides de sang ont pris le pouvoir. Un dessin et des couleurs superbes rendent réaliste ce scénario indéniablement original qui intègre les divinités dans un cadre historique familier.
Gilles RATIER