PIERROT DE BAB EL OUED

Pierrot de Bab El Oued est le titre de la nouvelle bande dessinée de Sid Ali Melouah parue en janvier 2003 aux éditions Limage.L’idée phare de l’auteur est de contribuer, à sa manière, à la refondationdes relations algéro-françaises, toujours d’actualité, notamment en cette
année 2003 où l’Algérie se voit réserver en France une place de choix au plan culturel

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 La BD de Melouah retrace, en une cinquantaine de planches, l’histoire de deux gamins, Ali l’Algérien et Pierrot le Français, tous deux nés à Bab el Oued, le quartier mythique de la capitale. Ils se lient d’amitié après
leur rencontre fortuite sur les bancs de l’école – l’actuel lycée Emir-Abdelkader – puis de connivence, ils se frayent des chemins pour côtoyer de plus près le monde des adultes.
Une quête initiatique qui les mènera à travers les dédales et les ruelles de a Casbah, la citadelle et Bab El Oued, la ville française. Ces différents passages d’une ville à l’autre et de la vie de l’un à celle de l’autre participent de cette volonté de Melouah de dire que pour les enfants de l’époque, la cohabitation était possible et l’amitié existait entre deux « peuples » qui vivaient dans une certaine harmonie avec souvent les mêmes soucis et les mêmes rêves enfantins, ne serait-ce que dans le passage où
les deux gamins s’en vont à l’aventure et abordent les prostituées.
Cependant, les personnages s’effacent rapidement pour laisser place à l’Histoire avec un grand H. Celle de la guerre de Libération et la bataille d’Alger, tout en pointant le doigt sur la propagande coloniale à travers
ses moyens d’information : scènes des actualités filmées où on montrait les soldats français « casser les fellagas » ou celle concernant la presse quand le marchand de sardines dit en parlant d’un journal : « Vous supportez des
tonnes de mensonges et vous cédez devant 1 kg de sardines. »
Melouah utilisera d’ailleurs un bon nombre de calembours et d’historiettes que l’on peut aisément transposer dans notre époque et que la mémoire populaire utilise encore.
Dans la première partie de la BD, qui se termine avec l’indépendance de l’Algérie et le départ de Pierrot et sa famille pour la France, Sid Ali Melouah ponctue son récit avec toutes les grandes dates et références historiques : attentats de moudjahidines déguisés en femmes, Ali Lapointe,torture, discours de De Gaulle, OAS.
La deuxième partie s’ouvre sur la décision du retour de Pierrot en Algérie, en 1988. Une autre date phare de l’Algérie contemporaine. Accompagné de
son fils, Pierrot fait une sorte de pèlerinage sur les lieux où il a vécu pour remonter l’histoire de sa vie. Le ressourcement se poursuit jusqu’ Tlemcen où il rencontre, fortuitement, par la grâce de la magie inspiratrice du
dessinateur, son ami d’enfance Ali. Ce sera alors une série de péripéties où un certain nombre de maux sociaux et politiques de l’Algérie pré-Octobre 1988 sont passés en revue.
Et ce n’est qu’à ce moment-là que l’auteur nous fait cette confidence : le père de Ali était harki. Une manière pour Melouah d’effleurer le sujet délicat de l’avenir des enfants de harkis.
Par ailleurs, il ne manque pas d’aborder la nouvelle tragédie qui allait secouer l’Algérie, en indiquant que les prémices de la nébuleuse islamiste étaient déjà visibles.
Kidnappés à leur retour sur Alger, Pierrot et son fils seront délivrés avec l’intervention des gendarmes. Melouah a tenu à terminer son album par un happy-end soutenu par la rencontre du fils de Pierrot avec Malika, une archéologue.
Une façon de dire également l’espoir en une Algérie nouvelle, démocratique et ouverte au monde puisque le couple algéro-français est en instance de
se reformer, après l’explosion du 5 Octobre 1988.


Farid Benahmed

© Copyright 2002-L’actualité-
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Melouah sera présent au Salon BDédicace, 21 place du Panthéon où il dédicacera son album. 

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