Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Les Enfants d’Evernight » T1
1899. La jeune Camille vit seule avec son père dans leur grande maison de Londres. Cet homme est distant et renfermé depuis la mort de sa femme et une gouvernante s’occupe de Camille.
La jeune fille se sent incomprise et n’accepte pas la décision de son père : l’envoyer vivre dans un pensionnat, où elle pourra vivre avec d’autres enfants, se sociabiliser. Mais Camille ne veut pas être raisonnable et, lorsqu’elle se couche, la veille de son départ, elle souhaite ne jamais se réveiller.
Son souhait semble être exaucé car Camille fait un rêve étrange, où elle évolue dans un univers marin étonnant. Elle croise un poisson aussi étonné qu’elle, admire une baleine majestueuse, se fait rabrouer par un lapin blanc très pressé. Elle rencontre un adolescent, Maximilien, qui lui explique qu’elle est arrivée à Evernight, de l’autre côté de la nuit. Il semble qu’Evernight, et sa ville, Riorim, soient régis par des règles très strictes établies par le Maître du Temps. Camille, abasourdie par ce qu’elle découvre, par l’étrangeté des personnages rencontrés, n’est pas la bienvenue dans ce monde. Pourtant, elle s’y accroche car l’aventure magique ne fait que commencer.
Le lecteur se retrouve très vite plongé dans ce monde étrange qu’est Evernight, et éprouve sans doute les mêmes sentiments, se pose les mêmes questions, que l’héroïne, jeune humaine égarée. On pense, bien sûr, à l’univers déroutant de Lewis Carroll. Alors, il faut un peu de temps pour s’acclimater, pour comprendre qui sont les différents personnages rencontrés et saisir leurs motivations. Une fois passé ce premier cap, on se laisse porter par le rythme soutenu du récit et par le travail du dessinateur. Il installe des décors enchanteurs, colorés, exotiques, compensant l’aspect un peu trop lisse des images par une imagination féconde.
Un album d’exposition intéressant, pour cette série de fantasy composée de quatre volumes au total.
Catherine GENTILE
« Les Enfants d’Evernight » T1 (« De l’autre côté de la nuit ») par Andoryss et Marc Yang
Éditions Delcourt jeunesse (10,50 euros)