Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Un misérable petit tas de secret » : Canardo dans le temps !
Ca manquait ! S’il y a un personnage de BD qu’on n’imaginait pas flirter avec les délires spatio-temporels, c’était bien Canardo. Cela dit, comme on l’imaginait, le canard détective n’en est pas fana non plus.
Mais quand il s’agit d’harceler un pauvre lâche au cours des tristes étapes de son existence misérabiliste, la tentation devient trop grande pour notre canard détective .
Le lâche en question s’appelle Maurice Molard. Il a récupéré un butin aux allemands au cours de la dernière guerre et n’en a restitué qu’une partie. Ce qu’il a gardé pour lui, il a promis à sa fille de lui donner avant de mourir. Une promesse qu’il ne tiendra pas, poussant son dernier souffle avant d’indiquer la cachette aux lingots. Alors la fille, plus éplorée par la perte du magot que par celle de son père se résout à faire appel à Canardo. Avec raison, tant notre cynique anti-héros préfère la méchanceté à la médiocrité.
Donc, grâce à sa machine à remonter le temps, Canardo va « suivre » Maurice tout au long de sa vie pour découvrir où il a planqué le trésor. Insidieusement, à chaque épisode « clé » de la vie du pauvre lâche qui n’a hérité des lingots que par la trahison, Canardo intervient et s’immisce dans la vie de Maurice. Pour lui faire prendre conscience de son état, pour le faire payer pour tous les autres comme lui et toutes les tares accumulées à travers une vie faites de petits riens ordinaires. Et Canardo semble prendre plaisir à ce jeu pervers. A travers Maurice Molard, il se sent vengeur de toutes les victimes des lâches et médiocres de tous bords.
Par petites touches, sans s’embarrasser d’une morale restrictive, et progressivement, Sokal ne s’épargne aucune critique de l’être humain. On retrouve avec plaisir le héros palmipède de Benoit Sokal, toujours cynique, mal poli, mal fringué, mal « tout ».