Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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Valentina n’existait pas encore et Guide Crepax travaillait pour « Novella » la plus populaire des revues de Rizzoli, destinée à devenir l’hebdomadaire féminin et d’actualité le plus lu dans les ans Soixante.
La Galerie Spazio Mazzotta redécouvre plus de 60 dessins de cette époque, entre 1960 et 1965, qui illustrèrent des récits et des rubriques publiées dans ces pages, comme Il buio alle spalle de Brunella Gasperini.
Il s’agit de pièces uniques, en noir et blanc ou en couleurs, parfois complétées par des collages.
Avec La curva di Lesmo de Lesmo, la première histoire publiée en avril de 1965 dans Linus de Giovanni Gandini, dans lequel il apparaît au troisième épisode, Valentina Rosselli, Crepax optera pour la bande dessinée, pour la fragmentation (la technique narrative) dans une séquence presque cinématographique des planches, en révolutionnant la construction de la page et du temps de la lecture.
Dans ce cas, il s’agit de quelque chose de différent encore. Certes, on découvre déjà la frange, les cheveux sombres et courts et ces corps si féminins .Ces projets anticipent d’une manière surprenantes ces qualités qui identifieront l’alter ego du dessinateur milanais. Particulièrement dans la rubrique du Dottor Vega, Psicoinchiesta, de l’année 65, déjà mis en page comme une bande dessinée, Crepax résout en peu de traits la densité narrative d’un récit par des visions oniriques, des cauchemars et d’ obsessions et marque ainsi la différence entre l’illustration et la bande dessinée.
Crepax apporte un soin presque maniaque à ses dessins, surtout lorsque il travaille a la plume et l’encre de chine, une technique dans laquelle il s’exprime plus librement par rapport au pinceau qui parfois se liquéfie sur la feuille de papier avec la légèreté d’une aquarelle.
Les dessins racontent les rêves des années 60 et du Milan de l’époque, la contestation urbaine de ce rêve : rencontres à l’ombre de la Tour Velasca ou en de l’auto dans le trafic, situations ludiques, romantiques, mondaines, érotiques avec ses corps languissants étendus sur un divan avec une coupe de champagne, ou timidement raidis devant une table sur laquelle sont étalées quelques pochettes de disques que Crepax dessine en ayant appris la leçon de David Stone Martin et Bien Shahn.
L’exposition est accompagnée d’un élégant catalogue rédigé par Ferruccio Giromini et Mario Perazzi et réalisée avec collaboration avec Luisa et Antonio Crepax et la librairie de livres anciens et de BD,Little Nemo de Sergio Pignatone.Inauguration le 13 avril 2006.
Claude Moliterni
Spazio Mazzotta Galleria d’arte Design Fotografia
Foro Buonaparte 60 – 20121 Milano
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