« Alix » : une escale au-delà des colonnes d’Hercule

Depuis ses débuts dans l’hebdomadaire Tintin en 1948, Alix a parcouru le monde antique et bien au-delà. Ce nouvel épisode le conduit au royaume de Kamarés — inconnu du reste du monde — où s’est retirée la population minoenne. Une aventure qui entraîne le blond Gaulois loin de Rome, bien entendu accompagné par l’incontournable Énak. Un périple aux multiples rebondissements qui aurait comblé Jacques Martin, tant au niveau du scénario parfaitement maîtrisé qu’à celui des dessins, respectueux de son œuvre.

C’est parce qu’elle a sauvé Énak de la charge mortelle d’un taureau furieux qu’Alix rachète son esclave Iphis à son ami Draco. La jeune femme avoue à Alix qu’elle est la fille du roi Tisias, qui règne sur Kamarés, un lointain chapelet d’îles situé dans la grande mer occidentale, au-delà des colonnes d’Hercule. Un royaume isolé du reste du monde, vivant en autarcie et où hommes et femmes ont les mêmes droits et devoirs. Quatre ans plus tôt, contre l’avis de sa sœur Dimitra, Tisias a envoyé Iphis de l’autre côté des colonnes d’Hercule, afin de lier des rapports commerciaux — qui leur font défaut — avec les pays prospères de l’Est.

Poussée à la mer hors de son embarcation, la jeune femme est sauvée par un navire phénicien, puis vendue comme esclave. Toujours avide de découvertes, Alix lui propose de rejoindre Kamarés en sa compagnie. À leur arrivée, les voyageurs sont accueillis par Dimitra, laquelle règne sur le royaume, après avoir remplacé son frère le roi Tisias : parti, selon elle, fonder une nouvelle colonie sur la côte africaine. Au fil d’un séjour mouvementé, Alix et ses amis découvrent que Dimitra a fait preuve d’une rare cruauté pour prendre le pouvoir…

Fidèle au créateur de la série, Roger Seiter propose un one-shot dont l’intrigue permet aux protagonistes de voyager à la découverte de nouvelles civilisations. Sous sa plume, Alix et Énak se retrouvent au cœur d’une sombre conspiration qu’ils vont bien entendu combattre, afin de permettre à leur protégée de fonder un nouveau royaume.

En alternance avec Chrys Millien, Marc Jailloux est sans nul doute le plus fidèle successeur de Jacques Martin — décédé en 2010 —, duquel il avait repris « Orion » après avoir assisté Gilles Chaillet. C’est avec le même souci d’exactitude qu’il dessine décors et costumes, plongeant ses lecteurs au cœur de l’antiquité. À noter la mise en couleurs lumineuse de Florence Fantini.

Marc Jailloux, né à Bordeaux le 25 juin 1973, est élève de l’école du Louvre, puis de celle des Gobelins. Il travaille dans la publicité et la vidéo avant de se lancer dans la bande dessinée en 2002, avec la publication de « Sangsuc » aux éditions Pointe noire. À partir de 2005, il assiste Gilles Chaillet sur le quatrième album de la « Dernière prophétie », puis sur le diptyque « Vinci » aux éditions Glénat. Remarqué par les héritiers de Jacques Martin, il dessine en 2011 « Les Oracles », le quatrième épisode d’« Orion ».

Puis il signe, en 2013, « La Dernière Conquête » : son premier « Alix », la série culte pour laquelle il vient de réaliser son septième album. On lui doit aussi « Un Pape dans l’histoire » en 2019 » et le diptyque « Le Sang des Valois » en 2021 et 2023 aux éditions Glénat.

Né en 1955, Roger Seiter suit une formation d’historien, avant de travailler comme conseiller d’orientation. Il aborde le scénario à la fin des années 1980 en écrivant « Après un si long hiver » aux éditions Pointe noire pour Johannes Roussel. One-shots et séries se succèdent : « Le Cœur de sang » avec Vincent Bailly en 1995 chez Delcourt ; « Simplissisimus » pour Frédéric Pillot ; « Spécial Branch » en 2011 pour Hamo chez Glénat ; « Dark » en 2007, « Fog » en 2009 pour Cyril Bonin ; « Dies Irae » en 2003, puis « H.M.S. » en 2005 aux éditions Casterman.

À partir de 2014, chez le même éditeur, il écrit les épisodes de « Lefranc » dessinés par Régric et, depuis 2023, ceux d’« Alix » mis en images par Marc Jailloux.

Henri FILIPPINI

« Alix T44 : Le Royaume interdit » par Marc Jailloux et Roger Seiter

Éditions Casterman (13,60 €) — EAN : 9782203255692

Parution 2 avril 2025

Illustrations copyright « Alix T44 : Le Royaume interdit », J. Martin, M. Jailloux, R. Seiter © Casterman, 2025.

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Une réponse à « Alix » : une escale au-delà des colonnes d’Hercule

  1. jean dit :

    A noter que l’édition Canal BD, pour quelques euros de plus, est vraiment superbe !

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