Le personnage de Petit Vampire a vu le jour en 1999 dans un album de Joann Sfar publié aux éditions Delcourt. Depuis, il a migré avec tous ses amis vers les éditions Rue de Sèvres, pour trois belles aventures de 2017 à 2019. Six ans après, il nous revient dans deux petits albums pour la jeunesse, toujours sous la direction de Sfar, mais avec une nouvelle équipe au scénario et au dessin : 60 pages de lecture amusée et tendre, à chaque fois, pour la suite d’une série qui ne nous déçoit jamais.
Lire la suite...Fluide glacial : 50 ans « d’umour et bandessinée »…

C’est en avril 1975 que Fluide glacial effectue une entrée discrète chez les marchands de journaux. Prudemment trimestriel, le journal de 68 pages en noir et blanc semble bien terne face à ses concurrents aux couleurs chatoyantes. Quelque 50 ans plus tard, Fluide glacial est le seul survivant de la nouvelle presse BD. Et ça se fête avec un numéro spécial « très spécial », mais aussi des initiatives éditoriales qui devraient combler les amateurs « d’umour et bandessinée ».
Après l’expérience — peu concluante à ses yeux — de L’Écho des savanes vécue en compagnie de ses amis Claire Bretécher et Nikita Mandryka, Marcel Gotlib demeure persuadé qu’il est possible de lancer un journal de bande dessinée d’humour destiné à des lecteurs adultes.
Plutôt que de s’associer avec d’autres dessinateurs quelque peu rêveurs, il fait appel à un ami ayant fréquenté la même école que lui et officiant loin du monde de la bande dessinée : Jacques Diament. Prudent, habile gestionnaire, ne manquant pas d’humour, celui-ci assure au journal — aux côtés de son vieux pote — de belles années que ne connaissent pas ses confrères plus cigales que fourmis, en proie aux difficultés financières.
Deux décennies plus tard, les deux amis revendront leur « bébé » pour une coquette somme au groupe Flammarion.
Vendu, puis revendu avec plus ou moins de bonheur, Fluide glacial est racheté en 2016 par Olivier Sulpice, le fondateur des éditions Bamboo. Il fait appel à Jean-Christophe Delpierre, le premier successeur de Gotlib à la tête du mensuel, qui redonne son âme à un magazine alors un peu à la dérive. Dirigé depuis deux ans par Clément Argouarc’h, le journal renoue avec sa formule originelle. Le tirage actuel est de 75 000 exemplaires, dont 18 000 abonnés.
De quoi proposer — avec cette belle santé — une année 2025 fastueuse, riche en opérations, avec pour point d’orgue le numéro spécial d’avril de Fluide glacial où le lecteur est invité à retrouver héros et séries dans un joyeux bordel.
Avant de le parcourir, évoquons les autres initiatives concoctées par la joyeuse équipe qui, décidément, ne manque pas d’imagination.
Commençons par la parution d’un « numéro zéro » dont la couverture, signée Jean Solé, est un génial clin d’œil à celle de Gotlib réalisée pour le premier numéro d’avril 1975. Au sommaire : des histoires inédites vieilles de 50 ans, découvertes dans une boîte oubliée dans un placard. « Projets envoyés par de jeunes auteurs avant la naissance de Fluide », assure avec aplomb l’Édito.
Plus vraisemblablement de fausses archives dessinées à l’occasion de ce n° 00.
Ont joué le jeu : Guillaume Bouzard, Jean Solé, Ben Lamare et Jorge Bernstein, François Boucq, Philippe Foerster, Édika, André Lamorthe, Jake Raynal, Jean-Michel Thiriet, Aristide Renault (auteur d’un minirécit), Marcel Coucho, Carlos Giménez, Jean-Pierre Hugot, Daniel Goossens, Mo/CDM… sans oublier quelques reprises d’André Franquin, Francis Masse, Alexis, Jean-Jacques Loup, Claire Bretécher, Christian Binet, Harvey Kurtzman…
C’est aussi le retour d’Yves Frémion : une figure emblématique présente dans le journal dès ses débuts.
La collection Les Jolis P’tits Cultes propose de redécouvrir sous un nouvel angle les facéties signées par les grandes signatures du journal accompagnées par un rédactionnel concocté par des spécialistes.
Ces ouvrages trimestriels de petit format et de 64 pages, sous couverture cartonnée, proposent des documents inédits issus des archives, des crayonnés et bien sûr un texte érudit.
Après la parution en novembre dernier des « Farces cachées de Fluide glacial » par Gotlib qu’accompagnait un texte savoureux de Frémion, « Sous couvertures » d’Édika vient de sortir avec le concours de Gérard Viry-Babel.
Sont annoncés « Gotlib et la musique » en juin avec Arnaud Le Gouëfflec et « Slowburn » de Franquin avec Gérard Viry-Babel, qui bénéficie d’une nouvelle mise en place.
La collection La Collec’ 50 ans se propose de rééditer en avril, dans une présentation inédite, dix classiques de Fluide.
La crème de la crème : « Sœur Marie-Thérèse » de Maëster, « Les Idées noires » de Franquin, « Pervers Pépère » de Gotlib, « Faut pas prendreles cons pour des gens » d’Emmanuel Reuzé, « Yeah ! » d’Édika, « Litteul Kevin » de Coyote, « Les Bidochon » de Binet, « L’Encyclopédie des bébés » de Goossens, « Cosmik Roger » de Julien/CDM…
Et enfin « Les Mémés » de Sylvain Frécon : le dernier grand succès du journal.
Ces albums cultes de 48 pages feront fondre de plaisir anciens et nouveaux lecteurs.
Et voici la cerise sur le gâteau, le très attendu no 586, en vente le 1er avril, qui proposera 164 pages de pur bonheur sous une couverture surprise de Julien Solé.
Au fil des pages, les personnages d’hier et d’aujourd’hui se croisent dans un joyeux bordel. C’est Diego Aranega — encore une fois à la recherche d’une chute pour son gag, lequel, après avoir été téléporté, est coincé dans un « blougou » à sens giratoire inversé — qui met le foutoir dans le journal.
Plus de 100 scénaristes et dessinateurs provoquent des rencontres cocasses entre héros : Cosmik Roger et Monsieur Léon avec Julien et Mo/CDM ; les Bidochon de Binet, avant de vivre sous la plume de Jake Raynal, croisent le chien d’Édika ; Carmen Cru revit sous le crayon de Virginie Augustin, mais aussi celui de Nena ; sœur Marie-Thérèse rencontre Super-Dupont…
Vous l’aurez compris, les héros sont incontrôlables, leurs auteurs débordés par les effets pervers du « blougou ».
Côté rédactionnel, l’histoire du journal est évoquée avec humour au fil des cinq chapitres des « Grands Dossiers de l’Éclaireur » où l’on retrouve les fameuses marges que réalisaient les auteurs à l’occasion de joyeux repas.
Réunir une centaine d’auteurs n’est pas simple et leur demander d’échanger leurs héros tient de l’exploit. C’est la performance que Clément Argouarc’h a réussi, confirmant sa position de rédacteur en chef.
En vente à partir du premier avril : ce n’est pas un poisson !
À cette riche activité éditoriale, s’ajoute le Fluide world tour (mais en France) : une tournée avec de nombreux auteurs, ainsi qu’une exposition itinérante de 50 panneaux dédiés à 50 ans de couvertures, destinée aux librairies, CDI, musées…
De nombreuses escales sont annoncées : renseignements sur le site fluideglacial.com.
Enfin, il est encore temps de participer à la fête des 50 ans qui aura lieu le samedi 5 avril de 12 heures à minuit au bar Gallia (35, rue Méhul, 93500 Pantin).
Plus de 30 auteurs sont annoncés en dédicace, battles de dessin, tombola, déguisements, bar à bières… L’entrée est gratuite.
Henri FILIPPINI
Voir aussi sur le même thème : Fluide glacial fête ses 50 ans… avec un petit peu d’avance !.
Fluide glacial numéro zéro HS n° 110 (mars 2025)
64 pages en couleurs (4,95 €)
Collection Les Jolis P’tits Cultes de Fluide glacial
64 pages en couleurs (9,90 €)
48 pages noir et blanc (9,90 €)
Fluide glacial n° 586 (1er avril 2025)
164 pages en couleurs (9,95 €)
Cet article est dédié à Jacques Diament, décédé le 15 février 2025, quelques jours avant le cinquantième anniversaire de Fluide glacial, qui lui doit beaucoup. Il avait 89 ans.
Nous vous renvoyons au livre de ses souvenirs publié en 2011 chez L’Harmattan (sous couverture de Gotlib), où il détaillait notamment la genèse de Fluide glacial : « Fluide Glacial, Gotlib… et moi ».
Enfin !! De la lecture saine et divertissante ! Mâtin !!