Publiée au rythme régulier d’un album semestriel, cette série lancée en 2020, mêlant fiction et histoire, se termine avec ce 12e chapitre. Conduite de main de maître par Didier Convard — lui-même franc-maçon —, elle perpétue une recette bien connue des lecteurs des éditions Glénat : l’histoire et l’aventure. Remarquable effort pour l’éditeur, alors que les projets de longue haleine sont de plus en plus rares. Proches des 150 000 exemplaires vendus, ces ouvrages confirment que la bande dessinée classique,pratiquée avec intelligence, a encore de belles années devant elle.
Lire la suite...« L’Épopée de la franc-maçonnerie » T12 : un ultime album dédié aux femmes !

Publiée au rythme régulier d’un album semestriel, cette série lancée en 2020, mêlant fiction et histoire, se termine avec ce 12e chapitre. Conduite de main de maître par Didier Convard — lui-même franc-maçon —, elle perpétue une recette bien connue des lecteurs des éditions Glénat : l’histoire et l’aventure. Remarquable effort pour l’éditeur, alors que les projets de longue haleine sont de plus en plus rares. Proches des 150 000 exemplaires vendus, ces ouvrages confirment que la bande dessinée classique,pratiquée avec intelligence, a encore de belles années devant elle.
Les origines de la franc-maçonnerie remonteraient au temps de la construction du temple de Salomon par l’architecte Hiram,considéré comme le fondateur de l’ordre du Temple de Salomon. Au fil des albums, les auteurs évoquent l’histoire mouvementée de la franc-maçonnerie, présente aux quatre coins de la planète. Subissant les soubresauts de la grande histoire, elle professe — longtemps dans l’ombre — la fraternité, la tolérance et le respect de l’autre. Ce 12e et ultime volume, qui se déroule en grande partie à notre époque, est dédié au rôle des femmes dans l’ordre, longtemps contesté dans le passé.
Le récit débute à notre époque, dans la région de Périgueux. Mère de deux adolescents, Sophie cache à son mari Éric qu’elle prépare son entrée dans une loge mixte, de peur qu’il ne comprenne pas sa démarche. Elle doit proposer à ses frères et sœurs une série de conférences dont l’ambition est de conter l’histoire des femmes qui ont lutté pour leur reconnaissance au sein des loges. Entre deux séquences contemporaines, la jeune femme raconte les balbutiements : Sabina von Steinbach — qui fut sculptrice en 1318 à la cathédrale de Strasbourg —, l’Irlandaise Elizabeth Aldworth, Maria Deraismes en France… Il faudra attendre le début du XXe siècle pour voir s’ouvrir les premières loges féminines, et la fondation de l’Union maçonnique féminine n’interviendra qu’en 1962. C’est seulement en 2010 que le Grand Orient de France autorise l’initiation de femmes dans ses loges.
La résolution de l’intrigue évoquée au fil des albums trouve, elle aussi, sa conclusion : l’étoile, la croix et le croissant — les trois pierres sacrées du temple de Salomon confiées à trois veuves — sont enfin réunies, retrouvant leur place dans leur niche à Jérusalem.
Présent et passé cohabitent harmonieusement, tout au long d’un scénario à la fois documenté et émouvant. Les dessins fourmillants de détails et les visages expressifs des personnages en rendent la lecture agréable, malgré quelques séquences aux explications parfois longues, mais nécessaires. En fin d’ouvrage, un dossier de huit pages signé Jean-Laurent Turbet, riche et documenté, revient sur l’histoire des femmes dans la franc-maçonnerie.
Il faut saluer ce projet audacieux de l’éditeur (une série en 12 albums, c’est plutôt rare aujourd’hui), animé par Didier Convard, qui sait de quoi il parle. Franc-maçon lui-même — cet intérêt figure plus discrètement dans « Neige », mais aussi dans « Le Triangle secret » ou « Vinci » —, il a créé la collection La Loge noire aux éditions Glénat. Il a dirigé cette fresque avec le concours des scénaristes Pierre Boisserie et Jean-Christophe Camus, et avec les dessinateurs Olivier Pâques, Pierre Wachs, Éric Lambert, Vincent Wagner, Denis Falque, Michel Pierret et Annabel.
Né à Paris le 21 mai 1964, Pierre Boisserie est kinésithérapeute pendant une quinzaine d’années. Il se lance dans le scénario après avoir rencontré Éric Stalner en 1999, à l’occasion du festival de Buc dont il est l’un des animateurs. À ses côtés, il écrit les dix volumes de « La Croix de Cazenac », le collectif « Voyageur », « La Saint-Barthélemy », « Flor de Luna »… Il coécrit « Dantès » avec Philippe Guillaume pour Erik Juszezak, « Eastern » pour Héloret, « La Banque » pour Julien Maffre, « Nova Genesis » pour Éric Chabbert, « Les Années rouge et noir » avec Didier Convard pour Stéphane Douay… En 2019, il écrit la BD documentaire « Cigarettes, le dossier sans filtre » pour Siro…
Née à Rouen le 8 février 1975, Annabel débute dans la publicité. En 2005, sa première bande dessinée, « Willow Place », écrite par Virginie Greiner, est publiée aux éditions Clair de Lune. En 2009, elle commence la trilogie « Magus » écrite par François Debois et Cyrus, puis le diptyque « La Javanaise » aux éditions Glénat. Elle dessine en 2016 le tome 3 du collectif « Roma » avec Didier Convard ; l’année suivante, elle participe au premier tome du collectif « Héraclès », puis réalise « Isabelle Eberhardt » pour la collection Explora chez Glénat, avant de dessiner pour Vents d’ouest « Olwen fille d’Arthur » avec Olivier Legrand. En 2024,elle dessine le one-shot « L’Imprimerie du diable », écrit par Valérie Greiner, aux Arènes. On peut rêver d’une série de longue haleine pour cette autrice au trait élégant et précis, soignant particulièrement les visages de ses personnages. Annabel est membre du collectif des Créatrices de BD contre le sexisme.
« L’Épopée de la franc-maçonnerie T12 : Les Sœurs de la fraternité » par Annabel, Pierre Boisserie et Didier Convard
Éditions Glénat (14,95 €) — EAN : 9782344036952
Parution 12 mars 2025