« Rudolph Hess : Le Mystère non résolu »: une énigme du Troisième Reich…

Le 10 mai 1941, un avion décolle vers l’Écosse. À son bord, l’un des fidèles d’Hitler, considéré comme l’une des éminences du Troisième Reich : Rudolf Hess. Mais quels furent au juste ses projets ? Et que devint cet homme dans les mois et années qui suivirent ? Antonio Gil s’empare d’un destin aussi trouble que fascinant, car doublé de nombreux mystères. Une immersion dans la Deuxième Guerre mondiale qui nous confronte aussi à la folie et aux aveuglements du régime totalitaire nazi et de ses dirigeants.

Illustration pour la couverture.

Créées en 1999, les éditions Clair de Lune commencèrent par se spécialiser dans le fantastique et la SF, avant de se tourner également vers l’humour, le thriller, l’aventure jeunesse ou donc les sujets historiques. Sous le label de la collection Envergure, ce sont l’aviation, ses pilotes et le second conflit mondial qui sont mis à l’honneur, autour des créations réalistes et très documentées d’Antonio Gil. Avec l’ambition de faire découvrir des destins méconnus, au sein de biopics composés d’un ou deux tomes. Illustrateur hispanique, spécialiste de l’histoire militaire et du dessin de couverture pour des éditeurs français, Antonio Gil complète ses planches par de très nombreux textes. Loin d’être assommant, l’ensemble constitue un apport documentaire très riche, en ouvrant du reste à la curiosité historique.

L'ascension du dauphin d'Hitler (planches 1 et 2 - Clair de lune - 2025).

Rough et encrage pour la planche 2.

Le cas Rudolf Hess demeure assurément une énigme lorsque l’on se penche sur les sinistres figures du Troisième Reich. Né en 1894 en Égypte, devenu l’un des indéfectibles compagnons politiques d’Hitler, participant à la rédaction de « Mein Kampf » dès 1924, Hess parvient au sommet en 1933. Hitler le désigne alors comme son dauphin : ce véritable vice-führer vise tous les projets de lois, étant par ailleurs le seul Allemand à pouvoir signer au nom d’Hitler ! Si Hess ne manque pas de rivaux (Himmler, Schreck, Heydrich et surtout Martin Borman, qui manœuvre pour le remplacer en tant que secrétaire personnel d’Hitler), l’homme ne semble pas avoir été aussi avide de pouvoir que ces élites nazies. Surtout, Hess est bercé par d’autres rêves : convaincu depuis 1940 que l’alliance avec l’Angleterre est la meilleure solution, surtout en considération de l’invasion planifiée de l’URSS, Hess est persuadé qu’il tient là une solution pour restaurer son blason, alors que des stratèges militaires comme Himmler ou Goring l’ont relégué au troisième rang… Partir seul vers l’Angleterre, et revenir avec un traité de paix que nul autre n’aurait pu obtenir : pour cela, Hess, devenu ministre des affaires étrangères sans l’être vraiment, s’entraine sur un Messerschmitt BF 110 (modifié suivant ses directives), puis décolle secrètement le 10 mai 1941, non loin de Munich… pour un vol empli de dangers (zones d’interdiction aérienne, chasse britannique, conditions météorologiques, parachutage, etc.). Complètement rocambolesque, l’aventure ne fait pourtant que débuter… Nous laissons naturellement aux lecteurs le soin d’en découvrir les rebondissements et suites.

Des essais très discrets... (planche 15 - Clair de lune - 2025).

Aveuglé par sa volonté de plaire à Hitler, conscient de l’apocalyptique destin du Reich bientôt saisi entre deux fronts, cependant nazi convaincu, signataire des lois (antisémites) de Nuremberg, Hess a fini ses jours (jusqu’à ses derniers instants, eux-mêmes intrigants…) dans la prison berlinoise de Spandau. Sur sa tombe, une épitaphe (« Je l’ai osé. ») qui a laissé le champ libre à toutes les hypothèses : voulait-il disparaitre, agir en son nom ou en celui d’Hitler, changer le cours de la guerre en entérinant une paix, ou tenter une autre approche ? C’était compter sans les propres plans de Churchill, qui devinait ou espérait l’engagement imminent des États-Unis. Autant de pistes, d’interrogations, de secrets d’Histoire que l’on saisira ici ; le tout au fil de 48 planches qui, loin de glorifier le protagoniste principal, permettent d’en comprendre – de manière appréciable, historiquement parlant – les errements et les nuances.

Cabane d'été de Rudolf Hess à la prison de Spandau.

Philippe TOMBLAINE

« Rudolph Hess : le mystère non résolu » par Antonio Gil

Éditions Clair de Lune (15,95 €) – EAN : 978-2487892101

Parution 21 mars 2025

Galerie

2 réponses à « Rudolph Hess : Le Mystère non résolu »: une énigme du Troisième Reich…

  1. Patapouf dit :

    Pour ma part, rien à cirer de l’histoire de ce sale type. On préférerait oublier qu’il a existé.

    • Philippe Tomblaine dit :

      À ce compte-là, aucun ouvrage ni album n’existerait sur Hitler, Staline, Mussolini et quelques autres sinistres personnages… Mais Hess et son destin atypique font pourtant partie de l’Histoire, « matière » qui est toujours à connaitre plutôt qu’ignorer.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>