Décès de Chantal De Spiegeleer : Chantal rejoint René…

Pionnière d’une bande dessinée stylisée, inspirée par la ligne claire, Chantal De Spiegeleer appartient à la nouvelle génération de l’École belge conduite par Claude Renard à l’institut Saint-Luc de Bruxelles. Si la plupart de ses condisciples ont opté pour des carrières plus classiques, elle n’a jamais abandonné ses recherches exigeantes, parfois incomprises d’un lectorat encore tourné vers la bande dessinée traditionnelle d’après-guerre. Elle vient de nous quitter le 15 février 2025, à l’âge de 67 ans.

Née le 15 avril I957 à Léopoldville, future Kinshasa, en République démocratique du Congo (Congo belge à l’époque), Chantal De Spiegeleer — de retour en Belgique — entre en 1975 à l’institut Saint-Luc de Bruxelles, où elle intègre l’Atelier R créé par Claude Renard trois ans plus tôt.

Ses premiers travaux sont publiés dans les premiers numéros de la luxueuse revue L9e Rêve aux côtés de ceux de Philippe Berthet, Benoît Sokal, François Schuiten ou encore Andréas…

Dès 1978, Chantal De Spiegeleer propose des récits complets dans (À suivre), réunis dans « Mirabelle » : son premier album, en noir et blanc, édité en 1982 par la petite structure éditoriale Moretti.

« Mirabelle » dans (À suivre).

Adler et Helen ou René et Chantal dans la série « Adler » ?

Elle travaille ensuite dans la publicité, après avoir rencontré René Sterne pour lequel elle assure la mise en couleurs de la série « Adler », créée dans Tintin en 1986. 

Après quelques récits complets également publiés dans Tintin en 1987, Chantal De Spiegeleer écrit et dessine « Madila » dès l’année suivante.

Cette série fantastique ayant pour cadre une cité imaginaire, à l’architecture moderne, compte quatre épisodes publiés jusqu’en 1995.

Un cinquième épisode, demeuré inédit, est proposé dans une édition intégrale publiée aux éditions du Lombard en 2008.

Cinquième épisode de « Madila ».

Esquisse pour « Éclipse ».

Vivant auprès de René Sterne depuis 1992 dans les Caraïbes, aux îles Grenadines, Chantal De Spiegeleer entame en 2004 la réalisation d’« Éclipse » — avec le scénariste Juan d’Oultremont — pour la collection Polyptyque des éditions du Lombard.

Ce projet est mis en sommeil en 2006, après le décès de René Sterne.

Ce dernier ayant réalisé 29 planches du premier volume du diptyque « La Malédiction des 30 deniers », une aventure de Blake et Mortimer écrite par Jean Van Hamme, Chantal De Spiegeleer termine l’album à la demande de celui-ci.

Publié en 2009, il connaît un beau succès auprès des fans de la série de Jacobs (le second épisode sera dessiné par Antoine Aubin).

Planche originale de « La Malédiction des 30 deniers ».

Elle tente vainement de terminer « Éclipse » qui, finalement, ne sortira pas. Les dernières années de sa vie, elle les consacre à la peinture sur tissu, aux jeux vidéo…

Dessinatrice exigeante, recherchant sans cesse de nouvelles pistes — tant au niveau de la lisibilité de son trait que du découpage ou encore de la mise en couleurs —, Chantal de Spiegeleer a toujours privilégié l’esthétique de ses pages aux exigences commerciales.

Illustration publiée dans un portfolio célébrant les 20 ans de la librairie The Skull (1991).

Revendiquant sa soif de liberté, elle avait confié : « J’ai toujours tout fait toute seule, ou un peu avec René. Je suis arrivée à survivre dans la liberté la plus totale. » 

Elle laisse une œuvre modeste, mais novatrice, qui aura marqué les premiers pas d’une nouvelle bande dessinée désireuse de sortir des sentiers battus.

BDzoom.com présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.

Henri FILIPPINI

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