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« Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte » : une femme avide de pouvoir dans un monde d’hommes !

01/02/2025
Par Henri Filippini

Le personnage de Cléopâtre a fait fantasmer des générations d’auteurs jusqu’à en faire une légende. Tout au long de ce récit fort documenté, Isabelle Dethan offre à la célèbre souveraine l’occasion de revenir sur son passé mouvementé,dont on sait peu de choses. C’est au-delà du mythe que l’auteur tente de faire revivre Kleopâtra Philopator : la dernière reine d’Égypte.

De nos jours, à Alexandrie, aux côtés de son petit singe facétieux, le fantôme de Cléopâtre contemple avec tristesse ce qui reste au XXI^e siècle de la cité majestueuse sur laquelle elle a régné.

Lorsqu’elle ne converse pas avec son singe, c’est auprès de la momie de Khéops — vieille de 2 500 ans — offerte par son père que la reine se confie.

Avec la complicité de ces deux étranges « compagnons », Cléopâtre se raconte.

Fille de Ptolémée Aulète et de sa sœur Tryphaena, elle découvre — enfant — l’Égypte occupée par les Romains.

Érudite, elle parle dix langues, connaît les philosophes.

Bien que ne possédant pas une goutte de sang égyptien, elle vit avec la certitude de devenir un jour reine d’Égypte.

À 18 ans, elle succède — sur le trône d’Égypte — à sa sœur Bérénice, assassinée par son père. Elle le partage avec son frère Ptolémée, qu’elle doit épouser contre sa volonté pour respecter les usages. Au fil des années, la jeune reine prête à tout pour protéger son trône devient la maîtresse de Jules César à 21 ans, puis celle de Marc-Antoine, qui — après leur double suicide — repose à ses côtés. De conspirations en assassinats, Cléopâtre raconte ce que fut sa courte vie de femme libre dotée d’une remarquable intelligence. Au fil d’un scénario documenté, à cent lieues des clichés habituels (ah ! le fameux nez de Cléopâtre !… Sans oublier le serpent dans le panier !), Isabelle Dethan brosse le portrait non dénué d’humour d’un personnage fascinant, dont la grande histoire n’a pas retenu grand-chose. Ce long récit de 200 pages, jamais ennuyeux, fourmille d’anecdotes qui plongent avec délice le lecteur au cœur de l’Antiquité. Présentésdans un format proche des romans graphiques, les dessins sont élégants, les décors soignés, la mise en couleurs chaude et lumineuse. Sans égaler le souci du détail présent dans ses autres séries antiques (tout de même près de 200 pages à aligner ici…), Isabelle Dethan propose un album aux images classiques qui ne déroutera pas les amateurs du genre. Le prix de vente pourra rebuter, mais l’ouvrage permet de savourer un récit complet sans avoir à attendre l’album suivant.

Née le 28 décembre 1967 à Bègles (Gironde), Isabelle Dethan est titulaire d’une maîtrise de lettres modernes et d’unCapes en documentation. Elle participe à la création de l’atelier Sanzot à Angoulême, puis à celle de l’atelier du Marquis de Crocogoule en 2006. Passionnée par la bande dessinée, elle obtient en 1992, au salon d’Angoulême, l’Alph-art avenir. L’année suivante, elle commence la trilogie « Mémoire de sable » aux éditions Delcourt. Pour le même éditeur, pendant trois décennies, elle propose les séries « Le Roi Cyclope », « Les Ombres du Styx », « Sur les terres d’Horus », « Kheti fils du Nil » (dessiné par son compagnon Mazan), « La Maison aux cent portes », les one-shots « Ingrid », « Eva aux mains bleues », « Tante Henriette ou l’éloge de l’avarice »… En 2020, Isabelle Dethan publie « Le Roi de paille » chez Dargaud. En 2016, elle publie le one-shot archéologique « Aquitania » pour les éditions Eidola. Isabelle Dethan est membre de l’Association des créatrices de BD contre le sexisme.