Depuis presque 20 ans, l’idée d’une comédie de mœurs romantique sur fond de satire politique où une Première Dame aurait la possibilité d’influencer les affaires publiques de notre pays trottait dans la tête de Didier Tonchet : prolifique créateur de BD humoristiques bien connu (ahhh, « Raymond Calbuth » !) et scénariste toujours inspiré, comme c’est le cas ici (1)… Il nous embarque avec délices dans la jouissive histoire d’une actrice engagée de seconde zone qui va gagner le cœur des Français et d’un président de la Républiquedont la cote de popularité est en chute libre, à un an des élections : le tout mis énergiquement en images, tout au long de 270 pages, par le dessin virevoltant de Jean-Philippe Peyraud (2)…
Lire la suite...Hilda et Twig ne sont pas nés de la dernière pluie…
![](https://www.bdzoom.com/wp-content/uploads/2025/01/Couverture_Hilda-Twig-555x708.jpg)
Nous avons fait, il y a une dizaine d’années, la connaissance de l’intrépide Hilda : jeune aventurière accompagnée de Twig, son petit animal de compagnie très fidèle. Cinq ans après leur dernière aventure, ils nous reviennent dans un récit enchanteur aux rebondissements inattendus, avec ce qu’il faut d’humour et de riches thématiques pour intéresser un vaste lectorat… de 7 à 77 ans !
Hilda est d’humeur joyeuse ce matin. Elle quitte la maison familiale d’où sa mère étend le linge pour repartir à la découverte de la campagne environnante. Ils vivent isolés du reste du monde au milieu de montagnes, de landes et de forêts.
La petite fille aux cheveux bleus de 8-10 ans n’est pas seule, car elle est toujours accompagnée de Twig : son étrange et protecteur petit animal de compagnie. C’est un renard-cerf de la taille d’un petit chien, blanc avec de petits bois sur la tête et des sabots au bout des pattes. Leur exploration de la forêt est interrompue par un brusque orage. Les épineux ne pouvant les protéger, ils trouvent refuge dans un mystérieux monticule de terre, dont l’entrée est protégée par de lourdes pierres.
Dans ce tumulus inconnu d’eux jusqu’alors, ils doivent cohabiter avec des animaux qui se sont, eux aussi, mis au sec en attendant la fin de la pluie. Twig (brindille en français) communique avec renard, lapin, fouine ou petit oiseau, tout en ayant un mauvais pressentiment : le lieu ne lui inspire pas confiance. Les animaux lui racontent les légendes locales qui assurent que vivent dans ces tertres sorcières, fantômes, un ancien peuple appelé Ceux de la colline, ou un serpent blanc géant ! Un coup de tonnerre effraye tout ce petit monde. Agacé par toutes ces rumeurs, Twig sort pour s’assurer que la voie est libre, maintenant que l’averse se calme. Il tombe nez à museau avec un serpent blanc géant.
Commence alors un parcours mouvementé pour le petit animal et le reptile hors-norme, lequel se prend d’affection pour lui. Malgré sa peur, Twig veut l’éloigner pour protéger Hilda, mais le serpent géant veut retourner au tertre, car il se doit de protéger un mystérieux et très ancien trésor. Pendant ce temps-là, la maman d’Hilda est à la recherche de sa fille partie depuis trop longtemps. Pour tous, l’aventure commence vraiment dès que l’on sort du confort de sa maison.
C’est un grand plaisir de retrouver la sémillante Hilda et Twig : son étrange, mais fidèle, animal de compagnie. De 2011 à 2020, ce duo improbable est la vedette de six albums : d’abord aux éditions Nobrow, puis chez Casterman, mais nous étions sans nouvelle depuis « Hilda et le roi de la montagne ». Comme dans les précédents opus de la série « Hilda & Twig, pas nés de la dernière pluie » dégage une atmosphère particulière faite de tendresse, de bienveillance et de tous les éléments d’un univers décalé, entre réalisme poétique et monde magique, tel qu’on le trouve, par exemple, dans les dessins animés d’Hayao Miyazaki.
Ainsi, dans le petit monde réaliste de la jeune fille aux cheveux bleus sont introduits, par petites touches, des éléments fantastiques : à commencer par Twig, ce sympathique renard-cerf pensant qui bavarde avec les autres animaux, puis des pans entiers du bestiaire des légendes scandinaves ; des trolls ou géants de la nuit dans les premiers volumes au serpent géant protecteur de trésor, ici.
L’auteur britannique Luke Pearson maitrise encore une fois sa partition. Il sait jouer la même petite musique dans toutes ses œuvres. Son trait rond et dynamique se prête aux aventures mouvementées d’Hilda : de quoi parler d’enfance de façon juste, ainsi que de l’imagination propre à cet âge, de l’amour entre une mère et sa fille ou de la nécessaire harmonie à maintenir entre les hommes et la nature dans laquelle ils vivent. La grande bienveillance de l’auteur pour tous ses personnages, ainsi qu’un humour tout britannique que l’on retrouve dans les dialogues participent au succès d’une série que l’on peut lire dès sept ans et apprécier à un âge bien plus avancé.
Ainsi la construction narrative en trois bandes est idéale pour les premières lectures (dès sept ans) : de quoi initier les primo-lecteurs à l’humour et les familiariser à des peurs que, fort heureusement, l’amitié aide à surmonter. À noter que l’on retrouve les aventures de l’intrépide Hilda dans une série sur Netflix riche de déjà trois saisons, ainsi que dans un film. Mais, nous pouvons l’affirmer ; rien ne vaut la lecture des bandes dessinées à l’origine de cette déclinaison transmédia à succès.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Hilda & Twig – Pas nés de la dernière pluie » par Luke Pearson
Éditions Casterman (13,50 €) – EAN : 9782203287419
Parution 5 février 2025