Né en 1938, l’hebdomadaire belge Spirou est interdit par la censure décrétée par les occupants allemands en septembre 1943. À sa disparition, 50 000 lecteurs adhérents des ADS — Les Amis de Spirou, dont le code d’honneur a été rédigé par le Fureteur — se trouvent doublement orphelins. Six d’entre eux habitant Charleroi, le fief des éditions Dupuis, entrent en résistance, inconscients des dangers que représente cet engagement. Un récit malin touchant et nostalgique,non dénué d’humour, avec Spirou — le journal — et sans Spirou — le héros.
Lire la suite...Michel Schetter : la disparition d’un auteur qui se voulait indépendant…
C’est avec retard que nous apprenons le décès de Michel Schetter, auteur, éditeur au caractère réputé complexe. Né en Belgique le 26 septembre 1948, à La Louvière dans le Hainaut, il est décédé le 11 janvier dernier, à Saint-Cast-Le-Guildo : la petite ville des Côtes-d’Armor où il résidait depuis une quinzaine d’années. Il avait 76 ans.
Michel Schetter commence par travailler dans l’enseignement, puis dans le milieu bancaire.
Autodidacte, mais passionné par la bande dessinée dès le début des années 1970, il apprend le métier comme assistant de Tibet sur « Ric Hochet » (dans Tintin) et sur « Le Club des Peur-de-rien » (dans Junior), puis de Christian Denayer sur « Alain Chevallier » (dans Formule 1 et Tintin).
Ses premiers travaux, dont une « Belle Histoire de l’oncle Paul » sur scénario d’Octave Joly, sont publiés en 1975 dans Spirou.
Michel Schetter commence alors une fructueuse collaboration avec l’hebdomadaire Tintin, dès 1976, signant quelques récits authentiques avec Yves Duval, avant de devenir très vite son propre scénariste.
Jusqu’en 1982, il propose une série de récits complets ayant pour thème la Seconde Guerre mondiale, réunis en 1982 dans l’album « Les Années de feu 1933–1945 » édité dans la collection Histoires de l’histoire au Lombard. Il signera encore quelques rares autres récits complets historiques dans Tintin jusqu’en 1984.
À partir de 1983, Michel Schetter réalise des albums inédits pour les éditions Bédescope : « La Dernière Auberge » en 1983, puis « Le Château d’Ichor » et « Le Boulevard de Marylin » en 1984.
Toujours en 1983, il commence une longue collaboration avec les éditions Glénat.
Il publie « Cargo » dans Circus.
Cette série exotique teintée d’érotisme, d’histoire et de fantastique comporte huit albums édités sous le label Glénat, jusqu’en 1990.
Pour le même éditeur, il crée en 1986 « Berlin » : une série inachevée (en deux albums), mêlant espionnage et fantastique et parue également dans Circus.
Scénariste, il écrit en 1985 « Yérushalaïm », destiné à la collection Vécu pour le alors jeune Emmanuel Moynot.
Les deux auteurs ne parvenant pas à s’entendre, deux épisodes seulement sont publiés.
C’est en voyant les ventes de ses albums décliner — « Cargo » eût en effet un beau succès à ses débuts — qu’il décide de voler de ses propres ailes, créant les éditions Michel Schetter.
Il présente la série « Ying Yang » — des récits exotiques indépendants aux scénarios quelque peu compliqués —, laquelle compte sept albums, publiés de 1991 à 2002.
On lui doit aussi la réédition de quelques « Cargo » et, en 2004, « L’Octopus de Venise » : le neuvième album de la série et son ultime album.
Voici une quinzaine d’années, il trouve refuge en Bretagne où il se consacre à la peinture.
Via Internet, il propose aussi à des particuliers des dessins sur mesure où, le plus souvent, de jolies filles dénudées posent devant de « belles américaines ».
Bien qu’ayant eu quelques envolées contestables dans son œuvre comme dans sa vie, Michel Schetter était un dessinateur méticuleux, soucieux d’apporter à la bande dessinée une sorte d’intellectualisme, parfois incomprise par la profession.
Terminons par ce texte proposé au dos de ses albums de la série « Ying Yang » : « Ce sont des romans de bande dessinée, intenses, adultes dans le bon sens du terme ! À l’abri des futilités de la mode, “lune après lune”, Yin Yang impose son style dans un contexte historique charpenté, peuplé de personnages humains pour préparer le XXIe siècle et refuser les barbelés de l’esprit… ! »
Des mots qui résument bien l’état d’esprit de cet auteur respectueux de ses idées et, certainement, de ses lecteurs, mais qui s’est toujours considéré comme un incompris.
Il tentera d’ailleurs de régler ses comptes avec le monde de l’édition, de façon assez maladroite (et c’est un euphémisme), dans un essai publié dans sa propre structure, en 2005 : « Sabre au clair »…
La rédaction de BDzoom.com présente ses condoléances à ses proches.
Pour l’auteur de ces lignes, c’est avec émotion qu’il salue le souvenir d’un auteur amoureux de son travail.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER et Fred FABRE
Schetter : un bon dessinateur !