Sentimental Kiss : une bande dessinée juste sur l’adolescence…

Camille Van Hoof vient de publier sa première bande dessinée aux éditions L’Employé du mois. « Sentimental Kiss » explore sur 250 pages, dans un petit format, les déchirements sentimentaux de l’adolescence de ses deux héroïnes : entre découverte de la sexualité, acceptation de soi et émancipation du regard moralisateur des adultes. Nous remercions l’autrice de bien avoir voulu prendre de son temps pour répondre à nos questions sur son parcours et sur cette romance moderne, drôle et même magique par moment.

Portrait © Fred Van Hoof.

BDZoom.com : Bonjour Camille Van Hoof, pouvez-vous vous présenter ? 

Camille Van Hoof : Bonjour. Je suis autrice de bandes dessinées, j’habite à Bruxelles, je suis cancer et j’aime les dinosaurus. J’ai fait un bachelier en illustration à Saint-Luc, puis un bachelier et un master en communication visuelle à la Cambre à Bruxelles, et un passage en Erasmus aux Arts décoratifs de Strasbourg en bande dessinée.

Je dessine et écris beaucoup, notamment des tranches de vie autobiographiques que je publie sur Instagram. Et, là, ma bande dessinée « Sentimental Kiss » vient de sortir !

BDZoom.com :  Pourquoi aborder seulement en 2025 la bande dessinée avec « Sentimental Kiss »  ? Est-ce une envie ancienne qui a tardé à se concrétiser ?

Camille Van Hoof : En réalité, je fais de la bande dessinée depuis assez longtemps, mais plutôt en autoédition. J’ai fait beaucoup de marchés de fanzines à Bruxelles. Là, c’est ma première longue histoire en fiction, et avec un éditeur. Avant ça, c’est vrai que je me baladais plutôt dans le monde de l’illustration jeunesse, mais finalement c’est vraiment la bande dessinée que je préfère.

BDZoom.com : Pouvez-vous nous présenter l’intrigue de « Sentimental Kiss »  ?

Camille Van Hoof : Charlie et Anima sont adolescentes et sortent ensemble. Elles se posent plein de questions sur le fait de grandir et sur les premiers émois… adultes ! L’histoire commence quand elles sont en vacances, donc éloignées l’une de l’autre.

Anima découvre l’existence de phénomènes surnaturels mystérieux (des mains qui brillent, des objets qui vibrent tout seuls…).

Quand elles se retrouvent, à la rentrée, elles décident d’essayer de faire de la magie, elles aussi.

BDZoom.com : Y-a-t-il un peu ou beaucoup de vous dans ces deux héroïnes ou plus sur l’une des deux ? 

Camille Van Hoof : Je pense que je suis les deux ! Anima c’est mon côté « émo », très sensible et assez anxieuse. Elle a aussi des goûts assez punk-rock, proches des miens à cet âge-là.

Charlie est plus exubérante et a un look très « meuf ». Je me suis inspirée du magazine japonais Fruits pour faire les tenues. Elle a l’air un peu ingénue bébête à première vue, mais c’est un genre qu’elle se donne.

Elle va plus facilement vers les autres, mais en fait elle a aussi du mal à exprimer ses émotions et ses insécurités.

BDZoom.com :  Qu’est-ce donc que cette magie qui irrigue le récit ? 

Camille Van Hoof : Anima découvre la magie l’été, à la piscine, avec de nouveaux amis stylés. Ça fait vibrer l’eau, briller les mains… On peut même accéder à un autre monde. À la rentrée, tout le monde ne parle plus que de ça, et en même temps c’est un peu secret : un peu lié à des nouveaux sentiments, et peut-être au monde des adultes.

Autoportrait de Camille Van Hoof.

BDZoom.com :  Le récit traite des tumultes, entre autres sentimentaux, de l’adolescence, que vouliez-vous montrer de cette période charnière, entre enfance et âge adulte ?

Camille Van Hoof : Ce qui m’intéresse dans cette période c’est que tout est exacerbé. Les sentiments sont ressentis très viscéralement, on commence à avoir des relations plus complexes et en même temps on n’est pas encore tout à fait outillé pour prendre du recul sur les choses. Je voulais aussi montrer un modèle positif.

Les personnages ne sont pas parfaits, je ne fais pas du tout un manuel de communication ou de sexualité, mais j’avais envie de représenter des relations dans lesquelles il y a beaucoup de respect, de complicité, d’amitié.

BDZoom.com : Les héroïnes, malgré ou à cause de leur jeune âge, assument toutes leurs envies. Avez-vous un ou des messages à faire passer dans votre première bande dessinée publiée qui n’est pas, faut-il le souligner, une bande dessinée militante ? 

Camille Van Hoof : J’écris une fiction. Ce qui m’importe, ce sont mes héroïnes : elles sont singulières. Je pense que leur histoire n’a pas encore beaucoup été racontée, alors qu’elle est intéressante. Je pense que montrer des lesbiennes qui ne sont font pas embêter sur le fait qu’elles sont lesbiennes par exemple, ou montrer un personnage non-binaire, ou montrer des demandes de consentement, c’est faire une proposition de modèle désirable, et ça c’est très politique.

BDZoom.com :  Vos personnages sont mus par une féroce envie de vivre et par une imagination fertile, comment voyez-vous leur avenir ? 

Camille Van Hoof : Je pense que les personnages grandissent déjà beaucoup au cours de la BD. C’est vraiment une histoire d’invention de soi et l’imagination joue effectivement un rôle important. On voit Charlie se chercher un look, faire du jeu de rôle, dessiner une bande dessinée… et s’épanouir dans tout ça. Anima, elle, se trouve plus dans le fait de s’ouvrir aux autres, de tester des nouvelles choses ; et je pense que c’est aussi un processus qui va continuer dans son futur.

BDZoom.com : Et votre avenir proche à vous, Camille Van Hoof, quel est-il ? Pourrons-nous lire bientôt votre prochaine bande dessinée ?

Camille Van Hoof : Oh là là, celle-ci vient à peine de sortir !!! Je dois un peu me reposer !

Mais oui j’ai déjà quelques idées ! Je ne sais pas m’arrêter.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Sentimental Kiss » par Camille Van Hoof

Éditions L’Employé du moi (19,00 €) – EAN : 9782390041276

Parution 15 janvier 2025

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