Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...Disparition de Marc Michetz : le « Gang Mazda » est en deuil…
Absent depuis de nombreuses années des pages de Spirou — où il a effectué la plus grande partie de sa carrière —, Marc Michetz vient de nous quitter, à l’âge de 73 ans, le 7 janvier dernier. Passionné par le Japon, et plus particulièrement par sa période médiévale, il en a fait découvrir l’histoire et les mœurs aux jeunes lecteurs de l’hebdomadaire, bien avant l’invasion des mangas. Ses vieux copains de feu l’atelier Mazda doivent être bien tristes aujourd’hui…
Marc Degroide, qui plus tard opte pour le pseudonyme de Michetz, est né le 15 octobre 1951 à Ixelles (Bruxelles-Capitale).
Il réside 17 ans au Katanga, avant de regagner la Belgique où il suit les cours de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, tout en exerçant divers métiers.
Il débute au studio de Jean Graton, travaillant sur « Michel Vaillant » de 1975 à 1977.
Devenu dessinateur indépendant en 1979, passionné par les arts martiaux, il a pratiqué le judo, le karaté, puis l’iai.
Admirateur inconditionnel du Japon médiéval, il propose une courte histoire de « Mutsuro » dans Tintin (après un récit complet « Les 47 Rô-ninns » sur scénario d’Yves Duval en 1977) et « Hito le banni » dans Spatial (un recueil est publié à seulement 300 exemplaires par le microéditeur belge La Vache qui médite en 2011), en 1979.
C’est tout naturellement que Marc Michetz poursuit sa carrière dans ce domaine dans les pages de Spirou avec la création, en 1983, du samouraï Kogaratsu, avec la collaboration de Bosse au scénario. Fidèle aux éditions Dupuis, il réalise, à un rythme laborieux, 14 albums de son héros, jusqu’en 2010.
Seule entorse à sa fidélité à Spirou, il propose en 1990 et 1996 deux épisodes de « Tako » avec Yann au scénario, dans la collection Caractère des éditions Glénat.
À noter que, toujours avec Yann, il s’accorde une petite récréation humoristique de six pages avec « Le Repos du samouraï » dans le second volume des « Sales Petits Contes » (chez Dupuis) consacré au rajeunissement des contes de Charles Perrault, en 1998.
Après avoir réalisé le portfolio « Japon » aux éditions Ansaldi en 1987, Marc Michetz devient un spécialiste des produits dérivés ayant pour thème le japon : sérigraphies, posters, cartes postales, bijoux, figurines, expositions, ouvrages d’art (dont « Exorcisme » avec Didier Robert en 1999, aux éditions Pyramides de Bruxelles).
Dès 2015, il expose à la galerie Huberty et Breyne de Bruxelles où il présente « Japonaiseries », puis « Le Rouge et le noir » en 2016, « Estouffades » en février 2024, et enfin « 100 », dont le vernissage a eu lieu en décembre dernier.
Cette exposition, qui propose 100 dessins de petit format vendus au prix unique de 350 euros, se poursuit jusqu’à la mi-janvier.
Ses femmes dominatrices sont particulièrement appréciées par les amateurs.
Depuis 20 ans, Michetz travaillait sur « Exorcisme » : un projet redessiné à trois reprises et qui demeure inédit.
Il endosse le costume de héros de bande dessinée au sein du « Gang Mazda » : une série de gags animés par Christian Darasse, avec le concours de Bernard Hislaire, puis de Tome au scénario, publiés par Spirou de 1987 à 1996. Cette série, qui compte sept albums,évoque le quotidien pas triste de trois jeunes dessinateurs : Bernard (Hislaire), Christian (Darasse) et Marc (Michetz), ayant posé leurs crayons dans un atelier situé au-dessus d’un garage Mazda.
Marc Michetz nous a quittés, à l’âge de 73 ans, le mardi 7 janvier 2025 à Ixelles.
C’était un solitaire, fuyant les mondanités, d’une exigence rigoureuse, imprégné jusque dans sa vie quotidienne par la culture japonaise.
Il faisait preuve d’un souci de documentation poussé jusqu’à l’obsession.
Malgré une maigre production, il mérite une place auprès des meilleurs dessinateurs réalistes franco-belges.
La rédaction de BDzoom.com présente ses condoléances à ses proches.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
Merci à Charles-Louis Detournay et à Stéphane Lemaire pour la communication de la bonne date de décès de Marc Michetz : le 7 janvier 2025 (et non le 8 ou,nle 9, comme on peut le lire un peu partout)…