Noël est plus que jamais ce moment magique pendant lequel on peut partager son goût pour le 9e art avec les jeunes lecteurs de nos entourages. Pour vous donner quelques idées de cadeaux, nous vous proposons traditionnellement, en fin d’année, 20 albums jeunesse. Pour faire simple, nous dressons un rappel de 10 livres qui nous ont particulièrement plus, auxquels nous ajoutons dix titres dont nous n’avons pas pu vous parler faute de place dans notre rubrique hebdomadaire.
Lire la suite...20 BD jeunesse de 2024 pour faire des heureux pendant les fêtes…
Noël est plus que jamais ce moment magique pendant lequel on peut partager son goût pour le 9e art avec les jeunes lecteurs de nos entourages. Pour vous donner quelques idées de cadeaux, nous vous proposons traditionnellement, en fin d’année, 20 albums jeunesse. Pour faire simple, nous dressons un rappel de 10 livres qui nous ont particulièrement plus, auxquels nous ajoutons dix titres dont nous n’avons pas pu vous parler faute de place dans notre rubrique hebdomadaire.
Commençons cette ultime chronique de l’année par un top 10 des titres déjà traités dans la rubrique jeunesse de notre site. Sélection à la subjectivité assumée que nous vous proposons derechef :
1)    « La Forêt magique d’Hoshigahara » T1 par Hisae Iwaoka
L’album inaugural de la collection Le Renard doré, le premier des cinq volumes de la série « La Forêt magique de Hoshigahara » a été récompensé du Prix jeunesse 2024 de l’ACBD. Au numéro 29 de la première circonscription de la ville de Hoshigahara, se trouve une forêt à l’abandon entouré d’un mur d’enceinte décrépit. Un beau matin, un coq s’y réfugie, car poursuivi par un garçon facétieux. Il trouve refuge dans une habitation dans laquelle demeure Sôichi : un jeune homme aimable qui cohabite en harmonie avec les esprits et qui vient en aide aux âmes égarées. Dans cette forêt, hors du quotidien des humains, la magie des esprits est à l’œuvre : les animaux parlent et le surnaturel est omniprésent.
Cet album est destiné à un lectorat adolescent : après une introduction douce et apaisante, des thèmes plus lourds sont abordés, tels l’abandon d’un animal de compagnie, la perte de ses parents ou le suicide.
Huit courts récits s’entrecroisent sur plus de 200 pages, sans jamais lasser le lecteur qui peut se perdre sous les frondaisons d’une forêt dessinée avec soin et précision par Hisae Iwaoka. Un conte fantastique, poétique et tendre, d’une très grande humanité.
2)     « Retour à Tomioka » par Michaël Crouzat et Laurent Galandon
Deux orphelins s’unissent pour un dernier hommage à leur grand-mère défunte. Cette histoire familiale émouvante porte une forte charge anxiogène quand leur périple les mène au cœur de la zone contaminée de Fukushima. Nul pathos ni sermon antinucléaire dans « Retour à Tomioka », mais un récit touchant, poétique et d’une grande justesse.
« Retour à Tomioka » a été notre premier coup de cœur jeunesse de cette rentrée 2024. Cette bande dessinée évite tout message moral sur le nucléaire pour se concentrer sur les émotions et les interrelations des principaux personnages ; leur entêtement, leur peur ou leur résilience. Ce devait être, en 2019, un long-métrage d’animation. Ce projet cinéma prenant du temps le scénariste, Laurent Galandon, a proposé au dessinateur Michaël Crouzat qui travaillait sur le projet d’en faire une version bande dessinée. On voit, dans la qualité des cadrages, la création des ambiances ou la fluidité des séquences, tout le savoir-faire acquis dans le monde du dessin animé par cet animateur talentueux. Il s’inspire parfois ouvertement du graphisme d’Hayao Miyazaki, dans l’œuvre duquel on retrouve de nombreux yokaï comme dans ses films culte : « Princesse Mononoke » ou « Le Voyage de Chihiro ».
Nous ne pouvons que vous encourager à lire ce bel album, dont la poésie n’est pas entravée par la documentation rigoureuse sur le sujet. De belles thématiques sont abordées dans cette quête initiatique telles la résilience, le deuil, l’écologie ainsi que les aléas technologiques évidemment, mais aussi l’importance des liens fraternels et de la famille ainsi que de la culture pour surmonter les traumatismes les plus lourds. Une œuvre forte, sensible et émouvante.
3)     « Les Sœurs Grémillet T6 : La Villa des mystères » par Alessandro Barbucci et Giovanni di Gregorio
Depuis quatre ans, nous suivons les aventures des trois sœurs Grémillet dans six albums, tous bien construits autour d’enquêtes de tous types. Les frangines complices grandissent et l’ainée Sarah réclame plus de liberté à sa mère. Une nouvelle amie la pousse même à se rebeller : de quoi perturber la bonne entente familiale jusqu’au dénouement, quand toutes les pièces d’un étrange puzzle seront en place…
Comme pour chaque volume de cette excellente série, l’intrigue est solide et efficace. Giovanni Di Gregorio, le scénariste, joue habilement ici sur les tensions inhérentes à chaque famille pour développer une intrigue autour de la notion de liberté : que ce soit dans le cadre familial ou en société. Il réussit la gageure de montrer la réaction différenciée de chaque sœur face à une situation nouvelle : de quoi développer une nouvelle fois leur propre personnalité, sans amoindrir in-fine leur profonde complicité.
La crise adolescente, avec ses périodes de désarroi liées au sentiment d’être incompris et le début d’une quête d’identité à la sortie de l’enfance, est montrée avec bienveillance et justesse. Cette chronique familiale et psychologique est portée par le dessin réaliste, précis, d’une grande sensibilité d’Alessandro Barbucci. Le dessinateur italien excelle autant dans les séquences d’enquêtes dans la grande villa méditerranéenne que dans celle de la vie courante, au cœur d’une famille finalement soudée.
4)     « Les 7 Ours nains contre le gros méchant loup » par Émile Bravo
Il n’est pas besoin de rappeler, sur BDzoom.com, l’immense talent d’Émile Bravo. Après un premier hommage, remarqué et remarquable, aux aventures de Spirou et Fantasio avec « Le Journal d’un ingénu », il a consacré neuf ans de sa vie pour écrire et dessiner les quatre volumes de « Spirou ou l’espoir malgré tout », toujours dans l’univers oppressant de la Seconde Guerre mondiale. Pour se détendre, il a décidé de se replonger dans l’univers naïf et jubilatoire des aventures de ses sept ours nains. Après 12 ans d’absence, ils reviennent dans « Les 7 Ours nains contre le gros méchant loup » : un conte joyeux et jubilatoire.
Dans ce bel album au format à l’italienne, plusieurs contes qui se déroulent dans une forêt sont ainsi revisités avec un humour malicieux : des bottes de sept lieux de l’ogre du Petit Poucet au Petit Chaperon rouge et sa mère-grand mangée par le loup ou de Boucle d’or aux nains de Blanche-neige. L’auteur s’amuse des confusions ainsi créées, de quiproquos burlesques en interrogations pertinentes sur les oublis des contes : les parents des personnages ou leurs prénoms. Les sept ours nains sombrent, ainsi, dans un abîme de perplexité quand ils se rendent compte qu’ils n’ont pas de prénom ou qu’il ne se connaissent ni père ni mère.
Avec des dialogues caustiques et des séquences brillamment menées, Émile Bravo offre un retour remarquable à ces sept ursidés, en s’amusant et modernisant des contes ; de quoi s’interroger pour les lecteurs adultes sur notre monde contemporain marqué par la violence et la guerre ce qui, hélas, contrairement à la bande dessinée ne se terminera pas un gag burlesque.
5)     « Les Licorniers T1 : Graine-de-Folie » par Gloria Marino et Victor Dixen
Nous avons tous rêvé de prolonger le week-end un dimanche soir… Hélas, le lundi matin arrive toujours trop vite après un repos bien trop court ! Ce n’est pas le cas pour la jeune Romy qui, pour échapper au harcèlement subi dans son internat, part sur une petite barque pour s’échouer dans un recoin de l’espace-temps dangereux et fascinant : le royaume de Fatidi. Vous découvrirez le rôle des licornes dans cette quête initiatique, bien écrite et dessinée, en lisant le premier volume d’une tétralogie annoncée.
Auteur de séries romanesques à succès, plusieurs fois primées, Victor Dixen s’est déjà essayé à la bande dessinée en adaptant son roman « Phobos » pour le dessin d’Eduardo Francisco. « Les Licorniers » est une série inédite prévue en quatre volumes pour quatre licornes sauvages, adoptées par quatre adolescents qui apprennent à cultiver leurs qualités propres : créativité ici pour Romy, puis le courage pour son ami Balthazar, la justice pour Manuela, et enfin la tolérance pour Rodrigue. De quoi, pour le romancier-scénariste, moderniser les contes traditionnels en les confrontant aux personnages des cycles arthuriens. Ainsi, la fée Carabosse affronte Viviane, la dame du lac et des licornes ; ces symboles de la différence irréductible et de la liberté, devant être domptées par de nouveaux chevaliers de la table ronde : les licorniers.
Ce scénario riche, autour d’une belle idée et d’une galerie de personnages bien incarnés, est mis en images de façon dynamique et inventive par l’Italienne Gloria Marino. Elle réussit à dégager les licornes de la représentation mièvre qu’en ont beaucoup aujourd’hui, pour revenir à l’imaginaire médiéval de la bête la plus redoutable de la création. Elle donne aux différentes régions du royaume de Fatidi une teinte particulière, car chacune dépend d’une heure toujours fixe dans ce recoin perdu de l’espace-temps.
6)     « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis » par Mini Ludvin, Audrey Alwett et Christophe Arleston
Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
La série « Le Grimoire d’Elfie » est une belle réussite de la bande dessinée jeunesse d’aujourd’hui. Nous la devons à des auteurs talentueux qui se sont associés pour bâtir un univers contemporain crédible, mâtiné de merveilleux. Christophe Arleston (le créateur prolifique de séries comme « Lanfeust » ou « Ekhö ») en a écrit le scénario avec la romancière Audrey Allwett qui s’était déjà essayé à l’écriture pour la bande dessinée avec « Princesse Sara ». Chaque album de la série est une histoire complète qui peut se lire indépendamment des précédentes. On y découvre des jeunes filles et des personnages attachants tous bien caractérisés. D’Elfie, l’héroïne enjouée, mais marquée par la disparition de sa mère, tout comme la plus secrète Magda, marquée dans sa chair par l’incendie meurtrier, à Louette : l’aînée que son rôle de mère de substitution a rendu plus mature.
Les trois sœurs sont confrontés dans ce volume à un problème bien contemporain : celui des méga-bassines des Deux-Sèvres et de la confiscation de l’eau par quelques-uns au détriment des autres. Les auteurs traitent de cette problématique sans tomber dans le cliché facile ou la morale de convenance. Au contraire, le sujet est abordé de manière légère, sans didactisme ennuyeux.
7)     « Les Larmes du yôkaï T1 : Les Abeilles se cachent pour mourir » par Margo Renard et Loïc Clément
Même quand on est adulte, on aime lire les albums jeunesse scénarisés par Loïc Clément. Le récit est toujours surprenant, avec de l’action ou des thématiques traitées toujours profondes et intéressantes… Et pour agréger actions, personnages attachants et émotions, le scénariste n’oublie jamais d’ajouter une bonne dose d’humour. On retrouve tous ces ingrédients dans « Les Larmes du yôkaï » : une enquête policière amusée et amusante dans un Japon médiéval revisité.
« Les Larmes du yôkaï » réussissent la gageure de mêler, sans effort apparent, bande dessinée d’aventures aux multiples rebondissements, thriller médiéval entre enquête à la Sherlock Holmes et combats de sabres, récit fantastique avec intervention d’esprits légendaires, les célèbres yokaï… Tout cela grâce à un humour décalé omniprésent. Les auteurs de cette première enquête auto-conclusive n’oublient pas de traiter avec légèreté des thématiques sérieuses, comme la nécessaire protection de la nature, l’écologie donc, mais aussi l’acceptation de toutes les différences : une tolérance jamais mièvre.
8)     « El Diablo » par Alexis Nesme et Lewis Trondheim
C’est en 1952 que le marsupilami apparait pour le première fois, sous la plume d’André Franquin, dans « Spirou et les héritiers ». Son nom est un amalgame de trois mots : marsupial – pilou-pilou (ou Jeep, un animal qui vient de la quatrième dimension dans les albums de « Popeye ») – ami. Il a vécu depuis de nombreuses aventures que ce soit avec Spirou et Fantasio ou dans sa propre série. Après Zidrou et Franck Pé, ainsi que l’auteur allemand Flix, c’est au tour de Lewis Trondheim et Alexis Nesme de partir à la recherche des aïeuls de l’animal créé par Franquin. Dans « El Diablo », les conquistadors découvrent, à leur dépens, ce remarquable grimpeur dans la forêt de Palombie.
72 ans après sa création, le marsupilami continue de travailler l’imagination des auteurs d’aujourd’hui. Après l’exceptionnel diptyque de Zidrou et Franck Pé (« La Bête »), un sublime roman graphique en 300 pages, une ode à l’enfance, une histoire de solitudes partagées et un beau récit d’amitié entre un enfant sensible et un animal sauvage dont on connait la fidélité et le sens de l’honneur et l’intéressant « Le Marsupilami de Flix : L’animal de Humboldt » du bédéaste allemand Flix : une version germanique amusée et amusante de la vie de l’animal inclassable créé par Franquin, dans laquelle il part de l’expédition du célèbre géographe allemand Humboldt au début du XIXe siècle pour terminer son récit dans le Berlin des années 1930, c’est au tour du duo Trondheim-Nesme de redonner vie à cet animal fort et sympathique. Pour résumer : fort sympathique !
De quoi captiver un vaste lectorat par une aventure au temps des conquistadors pleine de péripéties, d’humanisme, mais aussi de piranhas et de cités amérindiennes légendaires. De quoi embrasser avec légèreté des thématiques profondes :  du respect de la nature aux méfaits de la cupidité des hommes ou du danger de toute religion intolérante au nécessaire dialogue empathique entre des peuples différents.
9)     « Lila T8 : Le Rôle de ma vie » par Emily Dal Zovo et Séverine de La Croix
Nous suivons la vie de la tonique Lila depuis ses dix ans. Dans le huitième album de la série qui porte son nom, l’adolescente affronte les soucis des grandes collégiennes : si la découverte de son corps de jeune fille lui apporte quelques agréments, elle doit aussi pour la première fois affronter la perte d’un proche. Une belle série qui aborde avec un humour rafraichissant les sujets liés à la puberté. De quoi intéresser jeunes lectrices… et leurs parents.
Le scénario est intelligent, délicat, toujours juste. Il part du journal intime de la pétillante Lila, procédé commun avec l’excellente série « Les Carnets de Cerise », pour introduire des séquences amusées de bandes dessinées sur la vie de Lila et de ses proches, mais aussi des fiches didactiques dans un langage accessible pour les plus jeunes sur des sujets variés : « Les Cosmonautes et les règles », ou « À la découverte de son intimité ».
Avec une formation de psychologue et de sexologue, Séverine de La Croix sait dédramatiser les sujets délicats que doivent surmonter les jeunes filles lors de la puberté avec des mots simples et une grande justesse dans les termes choisis.
Emily Dal Zovo reprend dans cet album le trait rond, expressif parfois jusqu’à la caricature de  Pauline Roland. « Lila T8 : Le Rôle de ma vie » est une bande dessinée qui sait rester drôle et légère tout en apportant des réponses sérieuses aux questions les plus intimes que se posent les jeunes filles quand elles quittent le monde de l’enfance pour celui encore mystérieux de l’adolescence qui mène à l’âge adulte. Nous ne pouvons que conseiller sa lecture à tous les membres de la famille, car elle aborde avec le mélange parfait d’humour et de sérieux des sujets qui embarrassent si souvent les parents. Ceci explique le succès de la série avec déjà plus de 100 000 exemplaires vendus.
10) « Capitaine Flam T1 : L’Empereur éternel » par Alexis Tallone et Sylvain Runberg
Avis aux nostalgiques : après Albator, Saint Seiya et Goldorak, c’est le capitaine Flam qui nous revient en bande dessinée au sein de la collection Classics des éditions Kana. Le héros du dessin animé culte est le personnage central d’un album inédit et cependant respectueux de l’œuvre originale. Sylvain Runberg et Alexis Tallone nous permettent de goûter de nouveau aux délices de ce space opera intemporel.
Les éditions Kana ont pris l’excellente habitude d’adapter en bande dessinée les classiques des animés japonais des années 1970/1980 dans la bien nommée collection Classics ! Après « Albator », « Saint Seiya » et le remarquable « Goldorak » (dont nous vous avons vanté la qualité dans cet article), ils ont demandé au duo Sylvain Runberg-Alexis Tallone de travailler au retour de la vedette des mercredis après-midi des jeunes dans les années 1980 : le sage et courageux Capitaine Flam. Après réflexion, ils n’ont pas créé un nouveau récit, mais ont actualisé le début de la série en en respectant les codes. Ils s’adressent ainsi à un large public, selon le scénariste : « Des enfants qui ont découvert la série dans les années 1980 et sont devenus depuis des adultes à une génération plus jeune, qui a grandi avec les mangas et les animés, mais qui n’a pas forcément connu le Capitaine Flam » Objectif atteint avec ce bel album de 165 pages en couleurs qui reprend le premier épisode de la série en le modernisant sans le dénaturer.
À ces dix titres, nous en ajoutons dix autres dont nous vous recommandons tout autant la lecture :
1)     « Lili met les voiles » de Clara Hervé
Lili, une souris qui rêve de vivre de grandes aventures, est embauchée pour travailler à bord du paquebot Belle-vue.
Elle réalise son rêve, quitter le morne quotidien de la ferme pour découvrir de nouveaux horizons. De quoi vivre une quête initiatique originale et formatrice.
« Lili met les voiles » est un récit initiatique tendre et original.
Avec un trait jeté et une narration d’une grande fluidité, l’autrice aborde pour le jeune lectorat des thèmes sensibles sur les rêves, leur confrontation à la réalité, l’importance de l’amitié et la lutte nécessaire contre toute forme de préjugé.
2)     « Cinq Contes » de Posy Simmonds
Ce bel album recueille cinq contes inspirés de Noël soigneusement choisis parmi la dizaine que Posy Simmonds, l’autrice de « Gemma Bovery » et « Tamara Drewe », a dessiné entre 1987 et 2004. Il rassemble le meilleur de cette production méconnue destinée aux jeunes et moins jeunes lecteurs : de « Fred » – l’histoire d’un Elvis félin à « Matilda », qui racontait d’horribles mensonges et périt brûlée vive, une relecture d’un texte du moraliste cruel Hilaire Belloc – et du « Chat boulanger » – dans lequel un matou pactise avec des souris contre un couple d’odieux boulangers – à « Lavande » : véritable hommage à Beatrix Potter. Des contes à découvrir pour savourer le charme britannique de récit champêtres et leur force satirique par le Grand Prix de la Ville d’Angoulême 2024.
3)     « Enola & les animaux extraordinaires T8 : Le Serpent à plumes » de Lucile Thibaudier, Annalisa Ferrari et Joris Chamblain
Enola, vétérinaire spécialisée dans les animaux extraordinaires, et Maneki se rendent au cÅ“ur de la jungle d’Amérique centrale pour répondre à l’appel de Patli qui a découvert un serpent à plumes gisant au sol et respirant à peine. Afin de poser un diagnostic et de s’occuper de cet animal de cinq mètres de long, Enola l’anesthésie. Malheureusement, la nuit, les effets se dissipent et la créature s’enfuit. Les trois compagnons retrouvent sa trace près d’un temple maudit
Déjà remarqués pour leur collaboration précédente sur « Sorcières, sorcières », Joris Chamblain et Lucile Thibaudier retrouvent, dans cette série pour jeunes lecteurs, leur complicité : source d’une bande dessinée équilibrée, joyeuse, tendre et dynamique. Dans un décor steampunk, mélange de la France rurale des années 1920 avec pigeon voyageur et d’inventions modernes parfois très poétiques comme un hélicoléoptère, les enquêtes de la débrouillarde Enola sont l’occasion de revisiter un bestiaire de créatures mythologiques : comme le phénix ou surnaturelles comme la licorne.
Huit tomes sont déjà écrits par Joris Chamblain, le talentueux scénariste des « Carnets de Cerise », ce qui permet à Enola de soigner les maladies de nombreux animaux imaginaires, centaures, krakens ou rennes du père Noël. Pour cette série, Lucile Thibaudier s’est inspirée de l’univers de Jules Verne et de celui de l’Île des machines à Nantes pour des ambiances chaleureuses, de beaux vêtements et une scénographie minutieuse que l’on peut détailler dans quelques illustrations pleines pages. Son dessin rond et très expressif fluidifie la lecture d’un récit léger, drôle et pétillant.
4)     « La Reine des neiges » par Lucile Chicault d’après Hans Christian Andersen
Kay et Gerda s’aiment comme un frère et une sÅ“ur, et ont pour habitude de jouer près des rosiers. Un méchant sorcier fabrique un miroir maléfique dans lequel tout ce qui se reflète de beau devient laid. Lorsqu’il se brise, un morceau atteint l’Å“il de Kay qui commence à détester tout ce qui est beau, surtout les roses.
Avec son style précis et doux, Cécile Chicault s’inspire du célèbre conte de Hans Christian Andersen pour cette superbe adaptation fidèle au texte original.
L’autrice rend accessible, à un lectorat dès dix ans, un récit complexe et sombre qui plaira aussi à des lecteurs plus âgés.
5)     « Les Explorateurs de l’Univers » par Fanny Antigny et Christophe GalfardÂ
L’ouvrage propose un voyage au cÅ“ur de l’univers en compagnie de Léo, Mia et de l’alien Zorg. Cet album documentaire permet de découvrir la formation des étoiles, les constellations ou encore les galaxies à travers des photographies prises par James Webb, le dernier télescope de la Nasa, ainsi que des planches de bandes dessinées. On peut faire confiance à Christophe Galfard, docteur en physique théorique, ancien étudiant de Stephen Hawking, pour le sérieux du propos scientifique Ce livre documentaire intéressera les jeunes lecteurs et les adolescents, d’autant que la touche graphique « manga » saura tout à fait leur parler et les séduire.
6)     « Le Fil de l’histoire raconté par Ariane & Nino T32 : une histoire sans fin, le conflit israélo-palestinien » par Sylvain Savoia et Fabrice ErreÂ
Frère et sÅ“ur, Ariane et Nino se renseignent sur l’histoire complexe du conflit israélo-palestinien avec en fin d’ouvrage, des informations complémentaires sur les personnages historiques, les militants pour la paix, les diasporas juive et palestinienne, ainsi qu’une chronologie.
Certaines séries dépassent l’adage mille fois rabattu qui rappelle qu’il est plus facile d’apprendre en s’amusant. Au-delà de ce lieu commun, quand des albums BD offre le fond – de solides connaissances, précises et concises – sous une forme agréable, amusée et amusante, force est de reconnaitre la réussite d’un projet éditorial ambitieux. C’est le cas du « Fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino » : une série qui offre aux plus jeunes, et pas seulement, l’occasion de mieux comprendre certains épisodes de notre passé.
Dans un entretien sur le site Cases d’histoire, Fabrice Erre confiait sa méthode documentaire : « Je multiplie les sources autant que possible : des ouvrages pour les enfants, car je dois m’adapter à un certain niveau de langage auquel je ne suis pas tellement habitué, mais aussi des livres de chercheurs, des sites d’information, tout ce qui peut me permettre de faire la sélection la plus pertinente d’informations, et de croiser les regards. Il y a une recherche d’anecdotes bien sûr, pour de temps en temps fixer l’attention, mais j’essaie, comme en classe, d’en faire simplement un moyen d’aller vers un fond plus solide. »
Le dessin clair et très vivant de Sylvain Savoia dynamise un récit toujours en mouvement au service d’une vulgarisation scientifique fort bien documentée et présentée avec ce qu’il faut d’humour pour intéresser des plus petits aux plus grands.
7)     « Coboye » par Cécile
Dans des saynètes qui sont autant de bribes de mémoire se succédant dans un désordre joyeux, rappels fugaces de parfums, de lumières, de voix, de silhouettes, l’autrice raconte ses souvenirs d’enfance à la campagne.
On revit, avec Cécile, ses souvenirs d’enfance comme des madeleines de Proust : de la contrebande de têtards à la destruction de poulailler sans faire exprès jusqu’au commerce clandestin et recel de vieux chewing-gums.
De très courts récits qui ravivent, avec une nostalgie bienveillante, une époque révolue : celle de notre enfance.
8)     « Akissi de Paris » T1 par Mathieu Sapin et Marguerite Abouet
Après avoir emménagé avec son frère Fofana chez leur grand-oncle, à Paris, Akissi, 12 ans, fait sa rentrée au collège. L’intégration n’est pas facile et les deux adolescents ne rêvent que de retourner en Côte-d’Ivoire, à Abidjan, plutôt que de s’adapter à un nouveau pays, de nouveaux codes et de nouveaux copains.
Margerite Abouet a raconté ses souvenirs d’enfance à Abidjan dans la série « Akissi ». Elle narre, dans cette nouvelle série, les aventures de son double de papier à Paris (ville où elle a elle-même débarqué), dans un récit de 80 pages en quatre bandes et non plus dans de courtes histoires de six pages. Grâce au graphisme extrêmement simplifié de Mathieu Sapin, cette histoire universelle de déracinement, d’intégration et d’émancipation est facilement lisible dès dix ans.
9)     « Mafalda, intégrale 60 ans » par Quino
Les aventures de Mafalda, petite fille plus mûre que la majorité des adultes, révèlent les travers de la société, ses aberrations et ses injustices.
Née dans les pages de journaux argentins en 1964, Mafalda est une petite fille sud-américaine qui s’oppose à la vie quotidienne et résignée de ses parents. Inquiète et curieuse, Mafalda témoigne d’une naïveté qui fait d’elle un porte-parole contestataire.
Refusant le monde tel qu’il est, la petite fille s’en prend à la condition féminine, la famille, l’école, la société et ses aberrations et ses injustices (références nombreuses au tiers-monde)
Cette intégrale, déjà publiée pour les 50 ans de l’héroïne, a été repensée avec la présence d’un appareil critique rédigé par Claire Latxague, spécialiste de « Mafalda ». Ce passionnant pavé de 648 pages rend un hommage justifié à une figure incontournable de la bande dessinée internationale. Les doutes et les questionnements de la perspicace Mafalda sont toujours d’une troublante et inquiétante actualité ; voir aussi l’article de Philippe Tomblaine : Noël 2024 : quelques beaux ouvrages pour les fêtes de fin d’année….
10) « Seuls T15 : L’Hôtel au bord du monde » par Bruno Gazzotti et Fabien VehlmannÂ
Les cinq héros de la série se retrouvent sur une île mystérieuse. Avec l’aide d’une pie bavarde, Dodji et ses amis cherchent les huit fragments nécessaires à la reconstitution de l’âme affaiblie de Jézabel. Leur quête les conduit jusqu’à un luxueux hôtel abandonné au milieu de l’océan, le territoire de l’enfant-miroir. Fabien Vehlmann multiplie les rebondissements et ne ménage pas ses effets dramatiques dans ce quinzième volume de la série, d’où un récit d’un grand dynamisme avec de multiples pistes. C’est brillant, pour une bande dessinée à destination des jeunes adolescents.
Commencée en 2006, la série « Seuls » devrait compter au total une vingtaine d’albums. Elle rencontre, depuis près de 20 ans, un succès jamais démenti, car elle a su toucher un vaste public ; des plus jeunes qui suivent impatients les aventures d’un groupe de cinq enfants-adolescents de leurs âges aux adolescents dont les centres d’intérêt ont évolué en parallèle de ceux des héros de la série.
Ainsi, le duo d’auteurs Vehlmann–Gazzotti a pu fidéliser des lecteurs âgés d’une dizaine d’années, lors de la parution du tome 1, qui sont maintenant adultes  ; voir aussi le Zoom sur les meilleures ventes de BD du 27 novembre 2024. C’est ce même phénomène qui a expliqué le succès de la saga « Harry Potter », dont une partie du lectorat a grandi en même temps que le jeune sorcier.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« La Forêt magique d’Hoshigahara » T1 par Hisae Iwaoka
Éditions Rue de Sèvres, collection Le Renard doré (9,90 €) – EAN :  9782810207749
« Retour à Tomioka » par Michaël Crouzat et Laurent Galandon
Éditions Jungle (19,00 €) – EAN :  9782822234214
« Les Sœurs Grémillet T6 : La Villa des mystères » par Alessandro Barbucci et Giovanni di Gregorio
Éditions Dupuis (15,50 €) – EAN :  9782808503655
« Les 7 Ours nains contre le gros méchant loup » par Émile Bravo
Éditions Seuil jeunesse (13,90 €) – EAN :  9791023520262
« Les Licorniers T1 : Graine-de-Folie » par Gloria Marino et Victor Dixen
Éditions Vents d’Ouest (13,50 €) – EAN :  9782749310091
« Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis » par Mini Ludvin, Audrey Alwett et Christophe Arleston
Éditions Drakoo (16,90 €) – EAN : 9782382332481
« Les Larmes du yôkaï T1 : Les Abeilles se cachent pour mourir » par Margo Renard et Loïc Clément
Éditions Glénat (15,95 €) – EAN :  9782344053218
« El Diablo » par Alexis Nesme et Lewis Trondheim
Éditions Dupuis (17,95 €) – EAN :  9782808504751
« Lila T8 : Le Rôle de ma vie » par Emily Dal Zovo et Séverine De La Croix
Éditions Delcourt (15,50 €) – EAN :  9782413048381
« Capitaine Flam T1 : L’Empereur éternel » par Alexis Tallone et Sylvain Runberg
Éditions Kana, collection Classics (24,90 €) – EAN :  9782505112228
« Lili met les voiles » de Clara Hervé
Éditions Biscotto (15,00 €) – EAN :  9782379623196
« Cinq Contes » de Posy Simmonds
Éditions Denoël Graphic (26,00 €) – EAN :   9782207183250
« Enola & les animaux extraordinaires T8 : Le Serpent à plumes » de Lucile Thibaudier, Annalisa Ferrari et Joris Chamblain
Éditions de la Gouttière (11,70 €) – EAN :   9782357961210
« La Reine des neiges » par Lucile Chicault, d’après Hans Christian Andersen
Éditions Jungle (16,95 €) – EAN :   9782822239332
« Les Explorateurs de l’Univers » par Fanny Antigny et Christophe GalfardÂ
Éditions Michel Lafon (19,95 €) – EAN :   9782749959160
« Le Fil de l’histoire raconté par Ariane & Nino T32 : Une histoire sans fin, le conflit israélo-palestinien » par Sylvain Savoia et Fabrice ErreÂ
Éditions Dupuis (6,90 €) – EAN :   9782390340126
Éditions Delcourt (17,95 €) – EAN : 9782413081340
« Akissi de Paris » T1 par Mathieu Sapin Marguerite Abouet
Éditions Gallimard (16,50 €) – EAN : 9782413081340
« Mafalda » : intégrale 60 ans par Quino
Éditions Glénat (35,00 €) – EAN : 9782344064597
« Seuls T15 : L’Hôtel au bord du monde » par Bruno Gazzotti et Fabien VehlmannÂ
Éditions Rue de Sèvres (12,95 €) – EAN : 9782810205929