« L’Omégon » : fin du deuxième cycle de la série mythique « La Quête de l’oiseau du temps » !

Commencée en décembre 1975 dans le premier numéro d’Imagine, « La Quête de l’oiseau du temps » trouve 50 ans plus tard la conclusion… du second cycle : « Avant la quête ». Et Serge Le Tendre et Régis Loisel — avec la complicité de Vincent Mallié — réussissent la performance de réunir magistralement les deux époques. Encore une série culte des années fastes de la « nouvelle BD » des années 1970 qui se porte à ravir ! D’autant plus qu’à « Avant la quête » pourrait succéder « Après la quête » : un volume unique que Régis Loisel a encore tout récemment évoqué en interview (ou en privé), qu’il devrait dessiner lui-même et qui mettrait la focale sur l’errance d’un Bragon âgé et perdu dans sa folie.

Le chevalier Bragon, à la tête d’une petite troupe, loin du pays des Sept Marches qu’il a libéré, est à la recherche de l’Omegon.C’est là qu’il doit planter la graine sacrée d’une plante dont la sève — mélangée au sang d’un prince ou d’une princesse — mettra fin à la domination du dieu maudit Ramor. Bragon est accompagné par son élève Bulrog, par Kryll, par le prince Bodias… et par la rousse Mara dont il ignore qu’elle porte son enfant. Après avoir passé le dernier relais connu, la petite troupe traverse de profondes forêts avant de rejoindre la lande des Justes : une immense zone herbeuse où l’Omegon devrait se dissimuler, d’après le grimoire des dieux.  Pendant ce temps, à la marche des Roches pourpres — le fief de l’ordre du Signe, régenté par la Douairière adepte du dieu Ramor —, la résistance s’installe. De plus en plus de provocateurs refusent de se faire tatouer la marque du Signe : quelque 28 d’entre eux s’apprêtent à être pendus par le bourreau.

Après une longue et éprouvante errance, le chevalier Bragon et les siens plantent la graine dont le bulbe donne naissance à un essaim de radicelles incontrôlables. Le pouvoir magique de l’Omegon se révèle maléfique pour tous ceux qui portent le signe de la secte. Même des innocents, tatoués malgré eux, comme Sig et Kryll : le prix à payer pour que la terreur cesse de régner sur Akbar…

C’est un dénouement inattendu, aux dialogues savoureux, que nous proposent Serge Le Tendre et Régis Loisel, pour ce deuxième cycle. Une fin surprenante, joignant avec une redoutable précision les deux époques, dévoilant la vérité sur Bragon et Mara, mais aussi sur les autres protagonistes de cette série culte. Pas moins de 100 pages réalisées de son trait sensuel et élégant par Vincent Mallié, lequel — après avoir dessiné les épisodes 3 et 4 et cédé la place à David Étien pour la réalisation des tomes 5, 6 et 7 — revient à l’occasion de ce huitième volume.

À la suite des deux premiers récits complets de huit pages dans le magazine Imagine créé en décembre 1975 par Rodolphe, « La Quête de l’oiseau du temps » (série fondatrice — en France — des thématiques d’heroic fantasy) a pris son envol dès le premier numéro de la nouvelle série de Charlie mensuel en 1982, pour un premier cycle de quatre albums (publiés par Dargaud de 1983 à 1987). Il fallut attendre 1998 pour que commence ce deuxième cycle, « Avant la quête », dont les deux premiers récits sont dessinés par Lidwine (pour le premier) et Mohamed Aouamri (pour le second).  

Il n’est plus utile de présenter Serge Le Tendre, né le 1er décembre 1946 à Vincennes, et Régis Loisel, né le 4 décembre 1951 à Saint-Maixent : respectivement le premier scénariste et le second dessinateur. Après avoir signé les quatre épisodes du premier cycle de « La Quête de l’oiseau du temps », ils écrivent en duo la suite de la série, avec le concours d’une solide équipe de dessinateurs respectant — sans le copier — l’univers graphique de Régis Loisel. 

Vincent Mallié, né le 24 avril 1973, entre en 1992 dans un atelier de dessin tout en suivant les cours d’une école de graphisme. Il réalise des story-boards avant de publier, dans le journal Golem, ses premières bandes dessinées : « Hong Kong Triad » (réalisé avec Joël Parnotte), dont les deux premiers albums sont édités par Le Téméraire. Après la disparition de cet éditeur, il travaille pour les éditions Soleil, poursuivant « Hong Kong Triad » et créant « Les Aquanautes » (toujours avec Joël Parnotte), puis « L’Arche » (avec Jérôme Félix). Pour les éditions Vents d’ouest, il publie de 2007 à 2019 les huit albums du « Grand Mort »,coécrits par Régis Loisel et Jean-Blaise Djian, puis (pour les éditions Dupuis) en 2020 et 2021 le diptyque « Ténébreuse », écrit par Hubert.

Henri FILIPPINI

Avec la participation de Fred Fabre et Gilles Ratier pour les rajouts et corrections

« La Quête de l’oiseau du temps Avant la quête T8 : L’Omégon » par Vincent Maillé, Régis Loisel et Serge Le Tendre

Éditions Dargaud (29,80 €) — EAN : 9782205208429

Parution 22 novembre 2024

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