Pour découvrir les prémices de la bande dessinée « Popeye » !

Dans le cadre de l’anniversaire de leurs 50 ans, les éditions Futuropolis publient un recueil des pages du dimanche en couleurs, inédites en album dans nos contrées, du célèbre Popeye par son créateur Elzie Chrisler Segar (1). Apparu pour la première fois le 17 janvier 1929 dans l’humoristique « The Thimble Theatre », le rude marin à la pipe obtient un tel succès qu’il en devient le personnage principal (et le compagnon d’Olive Oyl) : la série étant retitrée « Thimble Theatre Starring Popeye » en 1931. Cette bienvenue démarche patrimoniale est également un hommage à la mythique collection Copyright de l’éditeur — à l’époque d’Étienne Robial et Florence Cestac —, qui avait proposé, alors, huit tomes du plébiscité « Popeye » qu’il serait bon de rééditer.

Ce légendaire et pourtant susceptible, voire irascible, protagoniste doué d’une force extraordinaire — et il n’hésite pas à réagir violemment s’il est provoqué — s’est imposé comme l’un des héros emblématiques de la culture populaire américaine, notamment à la suite de ses adaptations en dessin animé à partir de 1933 !

Car s’il est joueur, bagarreur et inculte, Popeye le costaud — qui recherche alors la gloire et la fortune en tant que boxeur — est aussi, et surtout, généreux et loyal : ses jurons incessants ou ses borborygmes tonitruants (inspiré à Segar par les babillages de sa propre fille), ainsi que le fait qu’il carbure aux épinards (surtout dans les dessins animés, mais finalement assez rarement dans les strips et les publications dominicales), le rendant par ailleurs fort sympathique…

Il s’agit donc, pour cet album au format à l’italienne, des quasi 200 sundays pages en couleurs éditées entre 1930 et 1933 dans le New York Journal et diffusées dans bien d’autres quotidiens par l’intermédiaire du King Features Syndicate, retravaillées à partir des impressions originales et judicieusement traduites par Sidonie Van Den Dries.

S’il privilégiera ensuite — contrairement à la plupart de ses successeurs — les histoires à suivre (celles, formidables, qui ont été proposées en priorité dans la collection Copyright, laquelle a repris les grands classiques du comics strip américain dans près de 90 titres entre 1980 et 1994), Elzie Chrisler Segar met ici en lumière la romance tumultueuse du marin au cœur pur (provisoirement borgne) avec la naïve Olive Oyl…

Leurs amours âpres et belliqueuses étant régulièrement contrariées par des prétendants très vite évincés.

On y découvre aussi de nouveaux personnages récurrents comme l’affamé excessif qu’est J. Wellington Wimpy (ou Gontran, en français), dont l’obsession est de manger le maximum de hamburgers, sans jamais payer. Dans les années soixante, cet imperturbable gourmand de sandwichs donnera son nom à une chaîne de restauration rapide…

Bref, ce recueil ravira les amateurs de cet anticonformiste héros absolument pas politiquement correct et, par sa déconstruction de l’humour (Segar démontrant l’inadaptation du système social par l’absurde), étonnera certainement ceux qui ne le connaissent que par son image de surhomme dévoreur d’épinards.

Gilles RATIER 

(1)  Sur Elzie Chrisler Segar, voir sur BDzoom.com : Quand le créateur de « Popeye » dessinait Charlot !.

« Popeye : Sunday 1930-1933 » par Elzie Chrisler Segar

Éditions Futuropolis (32 €) — EAN : 9782754844888

Parution 6 novembre 2024

Galerie

Une réponse à Pour découvrir les prémices de la bande dessinée « Popeye » !

  1. Zaza dit :

    Entré dans le domaine public, Popeye va devenir bientôt un personnage de films d’horreur.

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