Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Alerte ! Dégâts des eaux !

L’eau est essentielle à la vie et, pourtant, tout concoure à la gaspiller, à la dégrader, au point de se demander si on ne risque pas très vite d’en manquer. Dans certains pays, changement climatique et sécheresse rendent le sujet encore plus inquiétant. Même en Bretagne, région pourtant bien arrosée, le sujet est préoccupant et l’album « L’Urgence de l’eau », sous-titré « Enquête à la source », fait un utile tour de la situation, de ce qui pourrait aboutir à la « guerre de l’eau »…
Quentin Tintiniak et Gwena Talbec ont, en effet, décidé de mener l’enquête en interrogeant spécialistes et scientifiques un peu partout en Bretagne et alentours. La situation est grave, notamment à cause de l’assèchement des sols partout en Europe et pas seulement en Bretagne, rappellent-ils. Mais, surtout, la consommation domestique par habitant ne cesse d’augmenter : hygiène, toilettes, lavage, vaisselle, jardinage, cuisine…
Aucun aspect du sujet n’est éludé : qu’il s’agisse des pêcheurs qui constatent que chaleur et pollution des rivières, par l’agriculture intensive et l’élevage, mènent à mal la faune aquatique ; qu’il s’agisse des urbanistes qui constatent que la bétonisation à outrance fait d’énormes ravages (l’actualité espagnole récente le démontre aisément) ; qu’il s’agisse des habitants qui alertent des conséquences du surtourisme et du manque d’eau, l’été, dans certaines régions attractives…
Le problème est aussi celui de la qualité de l’eau du robinet et le souci des pesticides (les « métabolites ») qui s’y multiplient. La politique de l’eau est de fait essentielle, notamment dans son rapport avec la politique agricole et le lobby agro-industriel. On songe évidemment au phénomène des algues vertes sur les plages (cf. chronique ici-même de « Algues vertes : l’histoire interdite ») ! Le constat est « simple » : « Agences de l’eau, élus, collectivités, personnalités du monde agricole et/ou industriel, du monde associatif et militant, citoyens urbains ou ruraux doivent s’engager pour de meilleures pratiques. »
Ce docu-fiction passionnant, fort documenté, mesure clairement les enjeux, les impératifs, les urgences environnementales et humaines. Ce qui est dit de la Bretagne vaut partout en France. Nulle région n’est à l’abri aujourd’hui du problème, un problème éclairé ici par des chiffres, des cartes, des tableaux de synthèses, et le tout non sans humour ici et là.
Mais le véritable tour de force de cet ouvrage est d’avoir confié la réalisation graphique à Julie Wo : une autrice au talent incroyable. Sa stylisation graphique, jouant de la déformation des perspectives doublée d’un jeu de couleurs fort original et inventif, fait de l’album une œuvre séduisante. Quelque part, le dessin dédramatise utilement le thème abordé et en facilite l’approche. Que demander de mieux ?
Didier QUELLA-GUYOT
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« L’Urgence de l’eau » par Julie Wo et Christian Baudu
Éditions Locus Solus (22 €) – EAN : 9782368335086
Parution 8 novembre 2024