Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...« Le Secret du Roi » : dangereusement vôtre, Majesté…
Ex-cambrioleuse des beaux hôtels parisiens, Suzanne est poussée à rejoindre… les services secrets de sa Majesté ! Sous le règne de Louis XV, aux côtés d’une équipe d’agents aux talents multiples, elle doit retrouver un précieux document. L’un de ceux susceptibles de donner à la France un sérieux avantage, dans la guerre qui ravage alors l’Europe. Une nouvelle mission impossible où tuer n’est pas jouer ? Entre Histoire et récit d’espionnage, jouant habilement avec les lois du genre, Matias Istolainen et Benjamin Jurdic livrent le premier tome d’une aventureuse saga aux 1 007 rebondissements… et autant de doubles jeux.
Nom de code : alternativement Mr. Istolainen et Mikko. Profession : scénariste et dessinateur. Passé par le thriller historique, les « Histoires et légendes normandes » (éd. Association l’Eure du terroir, 2014-2016) et le dessin humoristique (jusque dans le Journal de Spirou), notre homme est également un geek amateur de super-héros parfois décalés (« Cosplay » en 2022). Pour mettre en scène les péripéties du « Secret du roi », il s’est associé au dessinateur franco-suisse Benjamin Jurdic, qui a su alterner, depuis 2009, divers projets lyonnais dans l’illustration, le graphisme, l’animation et la bande dessinée (citons les deux tomes de « Happy End », parus au Lombard en 2021 et 2023). Le dessin de Jurdic, à mi-chemin entre caricature et semi-réalisme, colle parfaitement aux tonalités recherchées pour ce récit survitaminé, mixant l’humour au premier degré, les scènes d’action et l’évocation des enjeux géopolitiques de l’époque.
« Bons Baisers de Prusse » – toute ressemblance avec… – démarre en octobre 1759, alors que Louis XV ne semble se soucier que des vertus aphrodisiaques du chocolat et de ses dames de compagnie. En réalité, le grivois monarque dut composer avec les aléas de son temps : si la France disposait toujours de la première armée d’Europe (environ 400 000 hommes), le pays se trouvait dans une situation inconfortable, face à ses ennemis (Royaume-Uni et Prusse), ligués durant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Différentes tentatives maritimes furent anéanties par la puissance de feu de la marine britannique (bataille de Cardinaux, en novembre 1759), tandis que Cherbourg était pillée par les armées anglaises (août 1758). Engagée autour d’enjeux territoriaux (la possession de la Silésie pour l’Autriche, alliée de la France ; la rivalité nord-américaine pour la France et la Grande-Bretagne), la guerre de Sept Ans faisait suite à la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), opposant là encore deux coalitions : Prusse, Bavière et France contre Autriche, Grande-Bretagne, Provinces-Unies et Russie. Dans ce contexte, méfiant, suivant les pas de Louis XI et de Richelieu avec leur cabinet noir, Louis XV avait fondé, dès 1746, un véritable service secret, afin de mettre en place une diplomatie parallèle. Celle-ci devint le terrain de jeu des diplomates et espions de toute nature, qui comptèrent dans leurs rangs quelques noms illustres : Beaumarchais, le chevalier d’Éon, le maréchal de Noailles ou Théveneau de Morande.
Spécialisé initialement dans l’inquisition postale et la cryptographie, ce cabinet noir devenu officieusement le « Secret du Roi », véritable ancêtre de la DGSE, était essentiellement chargé d’intercepter des correspondances, afin de repérer les opposants politiques, et de s’informer de la teneur exacte des courriers diplomatiques et militaires. Homme intelligent, mais timide, Louis XV préférait alors faire mine d’accepter de se plier aux décisions de politique étrangère adoptées par les membres de son conseil, demeurant toutefois méfiant envers les fonctionnaires en place. Dans l’album, les aptitudes personnelles diversifiées (nous vous laisserons découvrir les protagonistes, plus ou moins complémentaires), armes-gadgets et scènes d’action attendues laissent aussi la place à… l’inattendu : coups du sort, scènes plus dramatiques, morts subites et personnages semblant parfois dépassés par les événements ou les trahisons.
Comme l’explique Benjamin Jurdic : « Pour ce projet-là, nous avons été mis en relation, le scénariste et moi-même, directement par l’éditeur (Le Lombard). Lequel m’a fait réaliser un test qui s’est avéré payant ! Je souhaitais pour ma part depuis longtemps travailler sur une série « d’époque » avec costumes, épées, etc. Par la suite, j’ai proposé à mon collègue Maxime Teppe, spécialisé jusque-là dans l’illustration de jeux de rôles (nous travaillons dans le même bureau) de réaliser un test couleur, ce qu’il a accompli avec brio, apportant cet aspect aquarelle très vivant, idéal pour l’époque et le sujet traité. Il travaille à 100 % en couleurs digitales. Concernant la couverture, nous sommes partis des trois propositions ci-dessous, pour finalement s’orienter, d’un commun accord avec l’équipe éditoriale, vers la silhouette de Suzanne avec son tricorne, comme marqueur de l’époque XVIIIe siècle. Avec, façon affiche de cinéma assez graphique, quelques persos emblématiques en insert. Le tout en vernis sélectif, sur fond blanc pour marquer le contraste et détonner en librairie ! De mon côté, de la même manière que précédemment sur la série « Happy End », je réalise certaines pages traditionnellement, et d’autres numériquement, en fonction de mes envies, et du temps dont je dispose. Nous travaillons actuellement sur le T2, qui devrait emmener nos héros vers des contrées lointaines et colorées… ». Comme dans tout bon feuilleton, « à suivre » donc.
Philippe TOMBLAINE
« Le Secret du Roi T1 : Bons baisers de Prusse » par Benjamin Jurdic et Matias Istolainen
Éditions du Lombard (14,99 €) – EAN : 9782808213127
Parution 29 novembre 2024