Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Armée de son grimoire, Elfie lutte contre les méga bassines du marais poitevin…
Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Nous avons fait connaissance avec Elfie et ses sœurs dans le premier volume de leurs aventures : « Le Grimoire d’Elfie T1 : L’Île presque ». Un album qui a rencontré en 2021 un succès public et critique, en étant récompensé notamment par le Grand Prix des lecteurs du Journal de Mickey.
Elfie n’est pas une jeune fille de 11 ans comme les autres ; son enfance a été marquée par l’incendie de la maison familiale, lors duquel sa mère a perdu la vie. Sa tante Delphine l’a alors prise en charge avec sa sœur d’un an son aînée. Magda a perdu la jambe droite lors de l’incendie ; depuis, elle porte une prothèse. Tout change pour les deux filles quand Louette, leur grande sœur de 18 ans obtient leur garde.
Elles partent alors toutes les trois dans un bus anglais, rouge évidemment, transformé en librairie ambulante au nom accrocheur : Le Livre qui pue !
Elles parcourent ainsi la France, de la Bretagne à la Provence et de l’Alsace aux Pyrénées. Au début de ce volume, alors que les trois sœurs séjournent sur le littoral Atlantique, Elfie est conviée, par son amie Faustine, à la grande fête de Walpurgis, qui a lieu sur une île du marais poitevin tout proche. Elfie convainc ses sœurs, Louette et Magda, de s’y rendre avec leur bus-librairie.
Elles arrivent dans un manoir isolé où sorciers et sorcières organisent, chaque année, d’incroyables festivités que les non-sorciers conviés oublient dès le lendemain. Absorbée par les événements festifs et les retrouvailles avec son amie et la rencontre avec des adultes qui ont connu sa mère, magicienne comme eux, Elfie ne réalise pas tout de suite le danger qui menace l’endroit et ceux qu’elle aime. En effet, un industriel de l’agriculture entend cultiver du maïs et, pour arroser ces plantes qui ont besoin de beaucoup d’eau, il fait construire des méga-bassines. Ces grandes réserves assèchent le marais et menacent nous seulement la nature, mais aussi toute la magie qui y réside. Ne faut-il pas faire appel à la protectrice des lieu : la magicienne Mélusine…
Pour mener à bien ses investigations, Elfie bénéficie de l’aide opportune d’un cadeau posthume de sa mère, elle-même prénommée Mélusine : un grimoire magique ! Quand elle écrit des histoires sur ses pages blanches, il se charge de magie et les pierres de sa couverture se mettent à briller. Les origamis que plient Elfie à partir des pages du grimoire deviennent vivants et l’aident dans ses recherches. Magie supplémentaire, les pages du vieux livre se remplacent toute seule. C’est donc aidée de ces origamis et de quelques sortilèges que la jeune fille enquête sur la confiscation de l’eau dans un milieu fragilisé : ce qui impacte, fortement, la biodiversité.
La série « Le Grimoire d’Elfie » est une belle réussite de la bande dessinée jeunesse d’aujourd’hui. Nous la devons à des auteurs talentueux qui se sont associés pour bâtir un univers contemporain crédible, mâtiné de merveilleux. Christophe Arleston (le créateur prolifique de séries comme « Lanfeust » ou « Ekhö ») en a écrit le scénario avec la romancière Audrey Allwett qui s’était déjà essayé à l’écriture pour la bande dessinée avec « Princesse Sara ».
Chaque album de la série est une histoire complète qui peut se lire indépendamment des précédentes. On y découvre des jeunes filles et des personnages attachants tous bien caractérisés. D’Elfie, l’héroïne enjouée, mais marquée par la disparition de sa mère, tout comme la plus secrète Magda, marquée dans sa chair par l’incendie meurtrier, à Louette : l’aînée que son rôle de mère de substitution a rendu plus mature.
Les trois sœurs sont confrontés dans ce volume à un problème bien contemporain : celui des méga-bassines des Deux-Sèvres et de la confiscation de l’eau par quelques-uns au détriment des autres. Les auteurs traitent de cette problématique sans tomber dans le cliché facile ou la morale de convenance. Au contraire, le sujet est abordé de manière légère, sans didactisme ennuyeux.
Cette feel-good bande dessinée est portée par le graphisme pop tout en rondeurs, expressif et détaillé de Mini Ludvin : une dessinatrice qui a beaucoup travaillé pour le cinéma d’animation, avant de s’essayer avec succès à la bande dessinée sur des séries comme « Je suis en CM ». Elle magnifie et dynamise un récit bien construit qui sait ménager ses effets et apporte, peu à peu, des révélations sur le passé des trois sœurs et de leur mère, sans doute magicienne, elle aussi… ne se prénomme-t-elle pas Mélusine ? D’ailleurs qui sont les pères des trois sœurs ?
Comme dans « Les Carnets de Cerise », le récit, toujours émouvant et maîtrisé, fait alterner faux journal intime illustré par une jeune fille et bande dessinée. Avec « Le Grimoire d’Elfie », nous avons aussi une excellente œuvre pour la jeunesse, tendre, mais jamais mièvre, dans laquelle le merveilleux permet d’outrepasser les moments délicats de la vie : séparation, mort d’être cher, handicap ou violence du quotidien. Les thématiques traitées sont donc riches et variées du travail de deuil à l’acceptation de la différence, du racisme ordinaire au besoin d’inclusion de tous, du côté ambivalent de la famille, à la fois protectrice et étouffante, et de l’amitié à entretenir aux secrets de la vie passée de ses parents. En cette période de fêtes de fin d’année, vous pouvez sans soucis offrir les albums de la série « Le Grimoire d’Elfie » à de jeunes et à de moins jeunes connaissances, car on peut lire à tout âge des récits qui allient avec une grâce singulière modernité et nostalgie.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis » par Mini Ludvin, Audrey Alwett et Christophe Arleston
Éditions Drakoo (16,90 €) – EAN : 9782382332481
Parution le 6 novembre 2024