Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Emily Dickinson, côté cour et coté jardins !
La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
Un premier album, publié en mars dernier par l’éditeur Des ronds dans l’O, évoquait l’Emily Dickinson adulte. L’auteure, Liuba Gabriele, égrainait les souvenirs de l’écrivaine sous forme autobiographique. Liuba Gabriele, qui a déjà réalisé un « Virginia Woolf » (même éditeur, en 2021), dressait ainsi le portrait de cette femme recluse et atypique au fil de planches extrêmement coloriées. Difficile de ne pas se laisser séduire par les paysages et les décors finement dessinés, additionnés de volutes du plus bel effet.
En janvier 2024, déjà , le tome 1 de « Il était une fois l’Amérique » (éditions Les Arènes) intégrait Emily Dickinson à sa sélection de dix grands auteurs et cernait plutôt le puritanisme du personnage. Avec « Le Jardin d’Emily », il s’agit plutôt, comme l’indique clairement le sous-titre, d’une « Histoire sur la jeunesse d’Emily Dickinson » : une histoire faite de fleurs, d’insectes et d’animaux.
Emily est née et morte dans la petite ville d’Amherst dans le Massachusetts : donc, au nord de New York. C’est là qu’enfant, elle s’éprend de plantes, sauvages ou non, passant très tôt pour ses camarades pour une excentrique. Elle était une botaniste « en herbe » explorant sans cesse prairies et forêts pour en découvrir les splendeurs, accompagnée de son chien Carlo.
Emily vagabondait, cueillant, sélectionnant pour son herbier toutes les belles fleurs qu’elle admirait, tout en en s’extasiant sur la richesse du monde animal, ce que les extraits de poèmes commentent à leur façon. Les dessins de Lydia Corry ont un charme indiscutable et la question qui se pose, finalement, est de savoir si c’est un album « jeunesse », tant la lecture est savoureuse, portée par des couleurs joliment travaillées et que tout lecteur saura apprécier. Un cahier d’informations biographiques complète utilement cette promenade bucolique.
Didier QUELLA-GUYOT
Sur BDzoom.com : http://bdzoom.com/author/DidierQG/
Sur L@BDÂ :Â https://basenationalelabd.esidoc.fr, et sur Facebook.
« Le Jardin d’Emily » par Lydia Corry
Éditions Jungle (15, 95 €) – EAN : 9782822245142
Parution 17 octobre 2024
« Emily Dickinson » par Liuba Gabriele
Éditions Des ronds dans l’O (22 €) – EAN : 9782374181462
Parution 21 février 2024