On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...Guy Delisle propose un portrait décalé d’un méconnu pionnier du cinéma !
Aviez-vous, jusque-là, entendu parler d’Eadweard Muybridge ? Certainement pas, ou si peu ! Grâce à Guy Delisle — auteur québécois célèbre pour ses bandes dessinées autobiographiques (dont « Pyongyang », « Chroniques birmanes », « Chroniques de Jérusalem » et « Le Guide du mauvais père ») —, vous allez pouvoir en savoir plus sur ce personnage, injustement oublié par l’histoire, qui fut le premier homme à dompter le mouvement et à projeter un film. À travers cette chronique d’une passion obsessionnelle, Guy Delisle va, avec beaucoup d’humour et avec son caricatural trait stylisé, reconnaissable au premier coup d’œil, vous expliquer comment un type complexe, au sale caractère, voire misanthrope dans l’âme, va réussir à arrêter le temps.
Nous sommes en 1885 : bien avant les inventions d’Edison et dix ans avant la première projection publique des frères Lumière. Eadweard Muybridge est un jeune Anglais qui émigre en Californie. Il exerce d’abord la profession de libraire pendant cinq années à New York, puis à San Francisco où il découvre la photographie : procédé technique en expansion, mais qui n’en est qu’à ses prémices. Passionné par ce domaine, il va rapidement devenir l’un des plus célèbres photographes de son époque : ses premiers clichés pris en pleine nature (là où personne n’avait encore eu l’idée d’aller prendre des photos, notamment dans la vallée de Yosemite ou dans l’ouest sauvage) lui valent une commande de l’armée pour un reportage en Alaska — que les États-Unis viennent d’acheter à l’empire de Russie — pour faire découvrir ce nouvel État aux Américains.
Avec l’aide de Leland Stanford (patron de la Central Pacific Railroad, qui a permis de traverser d’une côte à l’autre la totalité du territoire en chemin de fer et qui est devenu l’homme le plus riche du pays et le gouverneur de la Californie), il va s’attaquer à un problème qui le taraude : comment fixer, sur pellicule, la course d’un cheval au galop. En effet, avant que ses recherches sur la décomposition du mouvement portent enfin leurs fruits — il va découvrir que, durant certaines phases, cet animal se retrouve sans qu’un seul sabot touche terre — et que cet homme sans aucune considération morale réussisse ses prises de vue, personne n’avait accompli un tel exploit… Sa technique, qui est toujours utilisée aujourd’hui, a été un progrès fulgurant pour la photographie et, par extension, pour le cinéma : d’ailleurs, l’orgueilleux et avant-gardiste Muybridge sera également le premier à inventer un projecteur.
Cette instructive vie trépidante et chaotique, liée à l’histoire de la photographie (certaines photos ont été reprises dans de nombreux dictionnaires et encyclopédies, et on peut en voir les principales reproduites entre les différents chapitres de ce réussi roman graphique), avec en parallèle celle naissante du 7e art, est un palpitant témoignage de la course à l’invention de cette époque pionnière. Cela démontre également, une fois de plus, que Guy Delisle est un habile narrateur, aussi efficace sur le plan du texte que des illustrations dans cet exercice.
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Gilles RATIER
« Pour une fraction de seconde : la vie mouvementée d’Eadweard Muybridge » par Guy Delisle
Éditions Delcourt (23,95 €) — EAN : 9 782 41 308 585 0
Ah si ! Moi j’ai entendu parler d’Eadweard Muybridge parce que je possède ses deux recueils parus naguère chez Dover : « Animals in motion » et « Human in motion » qui ont servi à des générations de dessinateurs et de peintres.