Avant de vous imaginer voyager en Italie, et plus précisément dans la Baie de Naples, il faut accepter l’idée d’un personnage incroyable (au sens propre) : l’artiste R. G. Cactus. Celui-ci, à l’image de son nom, est un cactus : un vrai, vert et bourré de piquants, mais habillé comme un gentleman. Dès lors qu’on accepte ce principe visuel, en route pour Capri, au début des années soixante…
Lire la suite...« Howard’s Barbarians – Poèmes barbares » : chants de guerre, souffles de mort…
Par Crom ! Les fans d’heroic fantasy n’ont décemment pas pu passer à côté de l’information : la librairie lyonnaise Original Watts a choisi de conjuguer l’œuvre du créateur de « Conan le barbare » et la création française avec la série « Howard’s Barbarians ». D’abord en lançant (dès février 2024, via un financement participatif sur Ulule), « Le Peuple des ténèbres » : un album adaptant une nouvelle d’Howard, scénarisé par Jean Depelley et dessiné par Nicolas Guénet ; en renouvelant l’aventure avec succès, en juin et juillet derniers, avec « Poèmes barbares » : sujet de notre chronique. Soit l’adaptation en bande dessinée de cinq poèmes de Robert E. Howard, mis en images par Nicolas Guénet, Gwendal Lemercier, Christophe Compin, Oliver Hudson et Chris Orpiano. Bonus et éditions collector – pour les amoureux de beaux livres – en prime…
Récapitulons. Né au Texas un beau jour de janvier 1906, Robert Ervin Howard se passionne très vite pour l’Histoire, la lecture, les pulps et leurs nouvelles, qui l’amènent bientôt à produire ses premiers récits, et à être publiés dans la revue Weird Tales. Aux côtés de deux autres pointures en devenir : Clark Ashton Smith et Howard Phillips Lovecraft. Howard et Lovecraft ne se quitteront plus, unis par une copieuse correspondance, des créations en miroir… ainsi que, bien sûr, une estime professionnelle mutuelle. Ce, jusqu’à leurs décès prématurés : en 1936 pour le premier (il se suicide à 30 ans) et 1937 pour le second (46 ans). Deux noms synonymes, avec celui de J.R.R. Tolkien (1892-1973) de pères inventifs de la fantasy moderne, poussant les curseurs de l’aventure fantastique matinée de créatures plus ou moins démoniaques, de sortilèges, pouvoirs magiques, trésors fabuleux, amazones redoutables et autres héros musculeux. Howard, donc, qui avec « Conan le Cimmérien » (1932), inscrit les péripéties de son légendaire guerrier dans les temps mythologique d’un âge dit hyborien, quelque part entre la chute de l’Atlantide et l’essor des premières civilisations connues (Sumer, l’Égypte antique, l’empire perse, la Grèce ancienne, etc.). Au total, une vingtaine de nouvelles réalisées par Howard, suivi de divers repreneurs tels Lyon Sprague de Camp, Robert Jordan et Lin Carter. 72 aventures au total, notablement rééditées pour la plupart en France par J’ai lu dans les années 1980, avec des visuels de couvertures d’anthologie de Frank Frazetta, déjà à l’œuvre sur les éditions anglo-saxonnes. Comics (à partir des années 1970), films (dont le « Conan le barbare » de John Milius en 1982), dessins animés, jeux de rôle, jeux de société et jeux vidéo finirent de conquérir l’âme des générations successives. Très récemment (2018-2023), c’est Glénat qui a réinvesti dans le personnage au travers de près d’une quinzaine d’adaptations des différentes aventures de Conan, complétées par les textes documentaires du directeur de collection : Patrice Louinet, exégète d’Howard et référence incontestable en ce domaine (voir, depuis 2023, sa traduction des lettres d’Howard pour le compte des éditions Mnémos).
De la correspondance et des échanges entre Howard et Lovecraft – fascinés par les tribus barbares et la Rome antique – découle plus particulièrement « Le Peuple des ténèbres » (octobre 1931 ; publiée en 1932 dans Strange Tales of Terror and Mystery), sorte de suite thématique aux « Enfants de la nuit », nouvelle lovecraftienne rédigée l’année précédente. L’intrigue (un homme lancé à la recherche de la belle Eleanor Blend, dans une grotte de la côte anglaise : à moins qu’il ne s’agisse de Conan le maraudeur, poursuivant Tamera, captive des enfants de la nuit ?) est reprise par le scénariste Jean Depelley (« Louise Petibouchon »), également journaliste (sur BDzoom.com), commissaire d’exposition (« Jack kirby, le super créateur », « Les Comics chez Marvel »…) et enseignant à l’Université de Limoges. Somptueusement dessiné (sur 68 pages en noir et blanc) par un Nicolas Guénet placé dans la veine graphique de Richard Corben, « Howard’s Barbarians – Le Peuple des ténèbres » a dépassé tous les espoirs contributifs des éditions Original Watts, permettant le développement de contreparties bonus (illustrations originales, éditions alternatives, dédicaces personnalisées, etc.).
Disons, à ce stade de notre chronique, un mot d’Original Watts (https://www.originalwatts.com/), avant de détailler à son tour « Howard’s Barbarians – Poèmes barbares ». Créée à Lyon en 2013 par David Barnier et Fabrice Tellier, cette maison d’édition s’est peu à peu tournée vers la réédition d’auteurs emblématiques dans les domaines du fantastique et de la SF (Jean-Yves Mitton, Ciro Tota, Thomas Frisano…). Ce, tout en mettant en valeur des centaines d’originaux (planches, couvertures, calques couleurs) autrefois reproduits dans des revues éditées chez Lug à partir des années 1960, dont les emblématiques Strange, Blek, Kiwi, Rodéo ou Titans. Original Watts a réalisé via la plateforme Ulule une quinzaine d’ouvrages notables depuis dix ans, dont « Mitton Universe », « Alias Nemo », « Special Strange 1/116 » et « 9/124 », ainsi qu’ « Une aventure de Mikros : Volumes 6 & 7 ».
La méthode ayant fait ses preuves, rebelote donc pour Original Watts durant le dernier été avec une campagne Ulule de financement participatif au profit des « Poèmes barbares ». Une approche thématique inédite en bande dessinée, alors qu’Howard a rédigé tout au long de sa vie quelques 700 poèmes (et 300 récits divers, tous semblablement imprégnés de sauvagerie, de sang, d’horreur et de magie noire)… mais aucun ou presque n’étant initialement destiné à des visées commerciales. L’ouvrage de 88 pages totalise pour sa part un prologue de Jean Depelley, 54 planches, une annexe graphique et un épilogue de Nicolas Guénet, les cinq récits illustrés étant les suivants : « Les Portes de Ninive » (dessin par N. Guénet), « Crète » (dessin par Gwendal Lemercier), « Futilité (dessin par Christophe Compin), « Le Chant des Chauves-souris » (dessin par Olivier Hudson) et « La Harpe d’Alfred » (dessin par Chris Orpiano). Autant de récits confrontant l’Histoire, les mythologies, philosophies, rêves et cauchemars, de l’Antiquité au Moyen Âge… Les contributeurs Ulule auront en outre pu bénéficier d’une première édition réservée, de Blank et Virgin Editions (avec ou sans dédicaces), de visuels A4 (prints), livre making-of et ex-libris exclusifs. Pour les retardataires, Blank et Virgin Editions sont (ou seront, à partir du 15 novembre) disponibles sur le site des éditions Original Watts… À ne pas rater, du moins avant que « les lampes expirent »…
Philippe TOMBLAINE
« Howard’s Barbarians – Le Peuple des ténèbres » (Classic Edition) par Nicolas Guénet et Jean Depelley, d’après Robert E. Howard
Éditions Original Watts (30 €) – EAN : 978-2-492710353
Parution avril 2024
« Howard’s Barbarians – Poèmes barbares » (Virgin Edition) par Nicolas Guénet, Gwendal Lemercier, Christophe Compin, Oliver Hudson, Chris Orpiano et Jean Depelley, d’après Robert E. Howard
Éditions Original Watts (50 €) – EAN : 978-2-492710445
Parution 15 novembre 2024
« Howard’s Barbarians – Poèmes barbares » (Blank Edition) par Nicolas Guénet, Gwendal Lemercier, Christophe Compin, Oliver Hudson, Chris Orpiano et Jean Depelley, d’après Robert E. Howard
Éditions Original Watts (45 €) – EAN : 978-2-492710438
Parution 15 novembre 2024