Le jeune Romy assume son grain de folie dans le premier volume d’une série jeunesse intrigante : « Les Licorniers »…

Nous avons tous rêvé de prolonger le week-end un dimanche soir… Hélas, le lundi matin arrive toujours trop vite après un repos bien trop court ! Ce n’est pas le cas pour la jeune Romy qui, pour échapper au harcèlement subi dans son internat, part sur une petite barque pour s’échouer dans un recoin de l’espace-temps dangereux et fascinant : le royaume de Fatidi. Vous découvrirez le rôle des licornes dans cette quête initiatique, bien écrite et dessinée, en lisant le premier volume d’une tétralogie annoncée.

Romy est une collégienne malheureuse : elle vient de perdre sa mère dans un accident de la route et son père qui voyage autour du monde pour son travail est obligé de la placer dans un internat isolé de la côte bretonne. Le collège Cornélius – qui promet une éducation de qualité, une alimentation 100 % bio et vie au grand air – n’a pourtant rien d’engageant quand la famille Larosa arrive de nuit devant ses grilles. Le directeur Caron, la gouvernante frau Ulrika et l’étrange portier Hector n’offre qu’une triste chambre au sous-sol à la jeune fille et l’oblige tout de suite à porter un uniforme.  Le séjour de Romy commence sous de mauvais auspices, d’autant qu’elle est tout de suite punie pour être arrivée cinq minutes en retard au réfectoire.

Très vite, la jeune fille est en but à l’hostilité de certaines de ses camarades. Au-delà des moqueries, elle subit même une forme de harcèlement. Elle est différente et, avec ses cheveux bicolores, elle ne passe pas inaperçue. Romy est une collégienne qui a le courage de cultiver son originalité, quitte à ne pas plaire à tout le monde. C’est ainsi, qu’un soir, elle décide de s’enfuir de l’établissement scolaire à bord d’une petite embarcation.

Un épais brouillard se lève et, quand elle accoste, ce n’est pas sur une rive armoricaine connue, mais dans un royaume d’allure médiévale bercée de magie ancienne : celui de Fatidi, coincé dans un recoin de l’espace-temps entre le dimanche soir et le lundi matin, dans un huitième jour oublié. Les rives en sont cernées par la mer de minuit et, plus on s’avance dans les terres, plus le jour se lève, jusqu’au centre du pays où se trouve la capitale Rocheflamme : au-dessus de laquelle brille le grand soleil de midi.

« Les Licorniers T1 : Graine-de-Folie » page 8.

Romy est d’abord enchantée par ce royaume magique, car elle est accueillie avec beaucoup d’égards par le pouvoir en place. Mais, très vite, elle découvre la face cachée de ce monde étrange ; par exemple, que les licornes sont mutilées pour servir les ambitions de la reine Zénitha qui veut asservir tous ses sujets.

Elle libère une licorne de la prison royale et s’enfuit avec un palefrenier.

Dans sa fuite elle croise Viviane, la dame du lac, qui lui apprend que, pour empêcher le retour de la méchante fée Carabosse, il faut qu’une nouvelle table ronde soit constituée autour de sept jeunes gens au cœur pur, alliés aux sept dernières licornes.

C’est elle, Romy, qui sera le premier membre de l’équipe des licorniers avec sa licorne Graine-de-Folie.

Elle doit cependant retourner dans le collège Cornélius, mais s’interroge : quels liens unissent cet établissement d’enseignement privé au royaume de Faitidi ?

« Les Licorniers T1 : Graine-de-Folie » page 17.

Auteur de séries romanesques à succès, plusieurs fois primées, Victor Dixen s’est déjà essayé à la bande dessinée en adaptant son roman « Phobos » pour le dessin d’Eduardo Francisco. « Les Licorniers » est une série inédite prévue en quatre volumes pour quatre licornes sauvages, adoptées par quatre adolescents qui apprennent à cultiver leurs qualités propres : créativité ici pour Romy, puis le courage pour son ami Balthazar, la justice pour Manuela, et enfin la tolérance pour Rodrigue. De quoi, pour le romancier-scénariste, moderniser les contes traditionnels en les confrontant aux personnages des cycles arthuriens. Ainsi, la fée Carabosse affronte Viviane, la dame du lac et des licornes ; ces symboles de la différence irréductible et de la liberté, devant être domptées par de nouveaux chevaliers de la table ronde : les licorniers.

Cette relecture singulière des contes médiévaux et légendes anciennes est l’occasion, pour l’auteur, de développer de belles thématiques : de la dénonciation du harcèlement à l’acceptation de sa différence, et de l’importance de conserver son esprit critique et ses convictions à la nécessité de la résilience pour devenir enfin soi-même à l’adolescence. Pour l’auteur : « Nos différences sont nos plus grandes forces. Ce qui nous rend uniques doit être cultivé, afin ensuite d’en enrichir le monde autour de nous. »

Ce scénario riche, autour d’une belle idée et d’une galerie de personnages bien incarnés, est mis en images de façon dynamique et inventive par l’Italienne Gloria Marino. Elle réussit à dégager les licornes de la représentation mièvre qu’en ont beaucoup aujourd’hui, pour revenir à l’imaginaire médiéval de la bête la plus redoutable de la création. Elle donne aux différentes régions du royaume de Fatidi une teinte particulière, car chacune dépend d’une heure toujours fixe dans ce recoin perdu de l’espace-temps.

« Les Licorniers » est une série bien née, dont nous attendons avec impatience le deuxième volume autour de Balthazar, l’ami de Romy, et de Cœur-Flambant, sa licorne encore sauvage.

Laurent LESSOUS (l@bd) »

« Les Licorniers T1 : Graine-de-Folie » par Gloria Marino et Victor Dixen

Éditions Vents d’Ouest (13,50 €) – EAN :  978-2-7493-1009-1

Parution 28 août 2024

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