Huis-clos insulaire autour de « La Villa des mystères », dans le sixième volume de l’élégante série « Les Sœurs Grémillet »…

Depuis quatre ans, nous suivons les aventures des trois sœurs Grémillet depuis six albums, tous bien construits autour d’enquêtes de tous types. Les frangines complices grandissent et l’ainée Sarah réclame plus de liberté à sa mère. Une nouvelle amie la pousse même à se rebeller : de quoi perturber la bonne entente familiale jusqu’au dénouement, quand toutes les pièces d’un étrange puzzle seront en place…

Les sœurs Grémillet sont trois. Toutes attachantes, mais avec chacune leur caractère propre. Sarah est décidée et volontaire : c’est une adolescente qui cherche désormais à s’affirmer, notamment auprès de sa mère. Cassiopée, la cadette, est une jeune fille sensible et romantique, qui rêve d’amour. Quant à Lucille, la benjamine, si elle est mutique, sa passion des animaux en fait un personnage à part, poétique et amusant : un peu à la Harpo Marx.

Ce volume débute par une dispute familiale. Magda, la maman des filles a accepté l’invitation d’une vieille amie à son remariage, ce qui oblige Sarah à renoncer à sa finale de hockey à laquelle elle tenait tant.

C’est l’aboutissement d’une année d’entraînement qu’elle doit sacrifier, sans pouvoir compter sur le soutien de ses sœurs. Lucille lui rappelle que les pingouins se marient pour la vie, tandis que Cassiopée est ravie d’assister à un mariage spectaculaire, avec belle robe de mariée et jeté de bouquet.

C’est le cœur lourd que Sarah arrive sur l’île où le mariage a lieu. Alors qu’elle hurle son désespoir contre sa dictatrice de mère, elle reçoit le soutien affectif d’une jeune fille de son âge perchée dans un arbre : Aurélie, la fille de la future mariée. Commence alors une amitié trouble, car Aurélie pousse Sarah à se révolter ouvertement contre sa mère. Cela provoque une brouille entre Sarah et ses deux sœurs, lesquelles ne comprennent pas son attitude.

Quand chaque duo d’adolescentes trouve la grosse pièce d’un puzzle accompagnée d’un message sibyllin commence alors une course poursuite à qui trouvera la dernière pièce pour comprendre cette étrange énigme dans la villa des mystères.

Comme pour chaque volume de cette excellente série, l’intrigue est solide et efficace. Giovanni Di Gregorio, le scénariste, joue habilement ici sur les tensions inhérentes à chaque famille pour développer une intrigue autour de la notion de liberté : que ce soit dans le cadre familial ou en société. Il réussit le gageure de montrer la réaction différenciée de chaque sœur face à une situation nouvelle : de quoi développer une nouvelle fois leur propre personnalité, sans amoindrir in-fine leur profonde complicité. La crise adolescente, avec ses périodes de désarroi liées au sentiment d’être incompris et le début d’une quête d’identité à la sortie de l’enfance, est montrée avec bienveillance et justesse.

Cette chronique familiale et psychologique est portée par le dessin réaliste, précis, d’une grande sensibilité d’Alessandro Barbucci. Le dessinateur italien excelle autant dans les séquences d’enquêtes dans la grande villa méditerranéenne que dans celle de la vie courante, au cœur d’une famille finalement soudée.

Ce sixième volume des aventures des sœurs Grémillet nous a touché, comme les cinq premiers. Les personnages sont tous émouvants, car profondément humains : ils se disputent et se réconcilient dans les décors soignés d’une villa aux nombreux mystères, mais des mystères tous humains, trop humains, …

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Laurent LESSOUS (l@bd

« Les Sœurs Grémillet T6 : La Villa des mystères » par Alessandro Barbucci et Giovanni di Gregorio

Éditions Dupuis (15,50 €) – EAN :  978-2-8085-0365-5

Parution 30 août 2024

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