Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Le Peuple des ténèbres » : Conan avant Conan…
L’œuvre de Robert E. Howard — dont « Conan le Barbare » est le point d’orgue — fascine depuis toujours les amateurs de heroic fantasy et, bien entendu, les auteurs de bandes dessinées, qu’elle a largement inspirés. Alors que les éditions Glénat proposent une nouvelle version dessinée de « Conan le Barbare » avec d’imposants moyens, le modeste label Original Watts se lance dans l’adaptation d’autres nouvelles de Howard, dont « Le Peuple des ténèbres » est le premier maillon.
12 juin 1932. Originaire de Cross Plains (1) au Texas, revenu sur la terre de ses ancêtres, en Grande-Bretagne, après avoir tué la femme de son défunt père, John O’Brien tente de se faire oublier. Jusqu’au jour où il tombe amoureux d’Eleanor : la fille de son employeur, elle-même promise à Richard Brent. Il suit le couple jusqu’à la grotte de Dagon,réputée maléfique déjà à l’époque celtique.
Bien décidé à  tuer son rival, John O’Brien chute accidentellement dans un gouffre et revient à lui dans le corps de Conan le Maraudeur. Au cours de l’attaque d’un village côtier breton, il tombe fou de désir pour la belle et farouche Tamera, laquelle est fiancée à  Vertorix le Breton.
Une fois encore, le voilà poursuivant un couple réfugié dans la grotte de Dagon.
Il découvre Tamera et Vertorix enchaînés sur un autel de pierre par les Enfants de la nuit.
Après avoir assisté — impuissant — à la chute mortelle des deux amoureux, Conan — prisonnier de la cité souterraine — finit par redevenir John O’Brien neuf siècles plus tard…
Et retrouver Richard et Eleanor aux prises avec un être monstrueux : le dernier descendant des Enfants de la nuit…
Adapté de la nouvelle de Robert E. Howard « People of the Dark » (publiée en juin 1932 dans Strange Tales), ce récit a été traduit pour la première fois en français en 1979 par François Truchaud, aux éditions NéO, sous le titre « Le Pacte noir ».
Notons que Conan le Maraudeur n’a pas de rapport avec Conan le Barbare, dont les premiers récits ont été publiés quelques mois plus tard.
Cette version en bande dessinée de 51 pages est plus copieuse que la précédente, réalisée aux États-Unis en 20 pages par Roy Thomas et Alex Niño dans Savage Sword of Conan. Fidèle à l’œuvre originale, l’adaptation de Jean Depelley bénéficie des images spectaculaires de Nicolas Guénet —grand passionné de la bande dessinée américaine —, dont la mise en scène fait parfois penser à  celle de Richard Corben : et c’est un compliment ! La présente version est proposée en noir, blanc et gris, ce qui met en valeur son trait dynamique. Notons qu’une édition en couleurs est annoncée par l’auteur… pour plus tard.
Né à Peaster au Texas en 1906, Robert Ervin Howard est un géant dont l’œuvre est imposante, malgré son suicide, à  seulement 30 ans : le 11 juin 1936. Si Conan — apparu en 1932 — demeure son personnage le plus connu, cet adepte de la réincarnation laisse une riche bibliographie.
Né le 22 juillet 1966 à Limoges, Jean Depelley découvre — adolescent — Howard dans les traductions françaises des publications Marvel. Critique, journaliste spécialisé dans les comics et plus particulièrement fin connaisseur de Jack Kirby, il écrit aussi pour le cinéma. Il signe des scénarios pour Strange ou encore pour la série « Louise Petibouchon » (aux éditions du Long Bec, puis chez Paquet), et coanime les revues Golden Comics, Golden Titans et Golden Legends. Il enseigne, parfois, la bande dessinée aux Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation de Limoges et de Tulle.
Nicolas Guénet est né le 8 avril 1971. Il étudie à l’École des beaux-arts de Poitiers, puis rejoint l’EESI d’Angoulême. Il dessine ses premiers travaux dans le collectif « Les Enfants du Nil » chez Delcourt, puis réalise la trilogie « Dedal » avec Éric Corbeyran, « Yiu » avec Téhy pour Soleil… Depuis 2017, il illustre la série érotique « Inguinis », avec Katia Even au scénario, pour les éditions Tabou.
Publié avec le concours du site de financement participatif Ulule, ce premier ouvrage de la collection Howard’s Barbarians a été proposé sous diverses versions aux souscripteurs.
La présente édition — baptisée « Classic » —, en noir et blanc, offre les 51 pages du récit, une postface signée Patrice Louinet (le grand spécialiste de Howard) et un sketchbook de 18 pages proposant des études de personnages par le dessinateur.
L’éditeur propose également des originaux du dessinateur, des dédicaces ou encore le Journal Howard’s Barbarians (12 pages).
Henri FILIPPINI
(1) Où vécut et mourut Robert E. Howard.
« Le Peuple des ténèbres » par Nicolas Guénet et Jean Depelley, d’après Robert E. Howard
Éditions Original Watts (30 €) — ISBN : 978-2-4927-1035-3 (uniquement disponible chez l’éditeur : www.originalwatts.com)
Effectivement la parenté semble évidente, depuis JOHN CARTER en passant par DEN et les premiers numéros de EPIC. Maintenant que Conan est dans le domaine public, tout le monde peut s’en payer une tranche. Bonne chance à celui-ci qui a déjà beaucoup de concurrents sur les rayonnages des libraires BD, tous fleurant bon les années 70-80. Je suis né en 65 donc je suis pile le coeur de cible, sauf que j’ai déjà lu tous les romans et nouvelles de Howard et que l’original me suffit. Chaque nouvau film, chaque nouvelle BD ou série TV qui sort, adaptant une oeuvre littéraire, me donne l’occasion de relire le bouquin original et c’est très bien ainsi.
Alors oui, Howard a publié un nombre limité de pulps de Conan!
Ce qui compte, au delà du texte qui a enflammé l’imagination de nombreux lecteurs et lectrices, c’est l’enthousiasme qu’il a suscité dans le public et parmi les auteurs qui en livrent toujours de nouvelles interprétations!