Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Le début : Maître Pinacle était surnommé « la lessiveuse de la République ». À l’affût du moindre vice de procédure, il avait fait enterrer les dossiers à charge les mieux ficelés d’une flopée d’hommes d’État et de hauts fonctionnaires. …
Le début : Maître Pinacle était surnommé « la lessiveuse de la République ». À l’affût du moindre vice de procédure, il avait fait enterrer les dossiers à charge les mieux ficelés d’une flopée d’hommes d’État et de hauts fonctionnaires. S’il avait bénéficié ainsi de la reconnaissance éternelle d’huiles de la Nation, il avait aussi drainé derrière lui un bataillon de laissés-pour-compte qui rêvaient de lui faire la peau. Exilé au Népal, Pinacle serait mort dans son lit, d’une apnée du sommeil. Difficile à croire… Si la « Préviglobe » parvenait à prouver qu’il y a eu meurtre, elle pourrait faire l’économie de la rondelette indemnité d’assurance vie due à la veuve. Si le Choucas ramenait cette preuve des montagnes népalaises, il en serait grassement récompensé. Et voilà notre détective globe-trotter en vol pour Katmandou, pour un trekking qu’il espère payant…
Notre avis : Après la parenthèse Aigle sans orteils, Lax retrouve son héros phare, son « Choucas », dont il a élaboré cette nouvelle aventure suivant les techniques graphiques et de mise en couleurs de son chef d’oeuvre humaniste paru en été dernier. A raison, car ce nouvel opus mettant en scène son détective privé gagne en lisibilité malgré son atmosphère sombre. Cette lisibilité permet au lecteur de s’attacher au dessin réaliste exemplaire et très détaillé de l’auteur et de s’attarder tranquillement dans les méandres de ce récit policier non dénué de spiritualité, ambiance tibétaine oblige ! Autre point positif renforçant la remarque précédente : le grand format, une première pour la collection Repérages. Gageons qu’avec toutes ces nouvelles qualités, cette excellente série de Lax trouvera un public encore plus nombreux, ce qu’elle mérite vraiment. LT