Sur les Jeux olympiques ou les guerre napoléoniennes : des anecdotes loufoques ou improbables, mais toujours vérifiées par le scénariste Julien Hervieux…

Les troisièmes Jeux olympiques de Paris sont dans moins d’un mois. Alors que certains s’inquiètent sur leur bonne tenue, une bande dessinée rappelle que les premiers Jeux organisés dans la capitale, en 1900, ont souffert d’une organisation parfois très défaillante. Le scénariste de « Plus vite, plus haut, plus sport ! », Julien Hervieux s’est fait une spécialité de traiter un sujet par l’intermédiaire d’anecdotes souvent loufoques, mais totalement vraies, que ce soit dans le sport ou pour les guerres napoléoniennes dans le dernier opus de « Le Petit Théâtre des opérations ».,

Julien Hervieux est un écrivain de 40 ans doté d’un humour caustique certain. Après des critiques de cinéma humoristiques sur un blog, il lance une chaine Youtube sur laquelle il parle de l’histoire avec un grand H sur un ton décalé, à partir d’anecdotes révélatrices d’une époque. « Le Petit Théâtre des opérations » rencontre un tel succès qu’il en tire des scénarii de bandes dessinées éponymes avec au dessin Monsieur le chien. Après quatre volumes consacrées aux deux guerres mondiales et un hors-série traitant des femmes dans l’histoire, celui qui signe parfois ses écrits du pseudonyme peu flatteur d’Un odieux connard, a conçu un album entier autour des guerres napoléoniennes, avec la figure de l’empereur au mieux en arrière-plan. De quoi s’instruire en s’amusant sur 56 pages.

Dans « Le Petit théâtre des opérations présente les guerres napoléoniennes » vous en apprendrez beaucoup sur des héros méconnus des guerres menées par Napoléon 1er. Ainsi, le fantasque hussard Antoine de Lasalle aimait défier ennemis et supérieurs presque autant que faire la fête. Il est le créateur de La société des assoiffés qui avait une seule règle : « Il est interdit de dire « J’ai plus soif » ! » L’amiral russe Dmitry Senyavin, lui, refusa d’obéir au tsar qui venait de renverser son système d’alliance en devenant proche de la France impérial. Il se déclara de son propre chef neutre et, refusa de combattre autant les navires français que les navires anglais. Et que dire du général Daumesnil qui refuse pendant quatre mois de rendre le château de Vincennes aux troupes russes, puis prussiennes, après l’abdication de Napoléon et garde ainsi les armes à la France.

L’album présente des histoires longues de quelques planches toujours terminées par une page de texte sur le sujet, parfaitement documentées, mais écrites avec un humour décalé des plus plaisant. Ainsi, sont relatés en quelques lignes les exploits du capitaine de Chambure lors du siège de Dantzig, en Espagne ou face aux Suisses, qui ont eu le malheur de voler des bœufs alors qu’il avait faim, sous le titre : « Bœuf et Bourguignon » ! Pour donner quelques détails sur Lisette, une jument de guerre qui mordait les soldats russes pour sauver la vie de son cavalier le capitaine Marbot, le titre est : « Lisette et son fidèle Marbot ».

De courtes anecdotes, très souvent improbables, sont parfois relatées en une seule planche, comme celle expliquant l’expression « Saouls comme des Polonais », à l’origine un compliment de Napoléon après une charge victorieuse de chevaux légers polonais complétement imbibés. L’empereur aurait réprimandé des soldats français en leur demandant pour la prochaine bataille de savoir être saoul comme des Polonais.

Monsieur le  Chien se concentrant sur le dessin du tome 5 de la série, c’est le duo Prieur & Malgras qui a dessiné les 56 planches de l’album. Lauréats du challenge digital lors du FIBD d’Angoulême en 2017, les deux trentenaires se sont spécialisés, par la suite, dans la bande dessinée numérique. « Le Petit Théâtre des opérations présente les guerres napoléoniennes » est leur deuxième album après « Sparte attaque », déjà aux éditions Fluide glacial. Leur style réaliste, parfois caricatural, est adapté au ton de l’album : des faits historiques certifiés traités de manière drôle et décalée.

C’est sur ce même principe que Julien Hervieux a construit « Plus vite, plus haut, plus sport !» : 68 pages d’anecdotes sur l’histoire du sport depuis le destin tragique de Milon de Croton, colosse invincible de la Grèce antique qui trouve la mort les deux bras pris dans une souche, dévoré par les loups, jusqu’au parcours atypique de Kathuna Lorig, une archère vraiment internationale au tournant des XXe et XXIe siècles, puisqu’elle a représenté aux Jeux olympiques trois nations : l’URSS, le Géorgie et enfin les États-Unis.

L’auteur revient avec un humour gourmand sur plusieurs tricheries et cafouillages qui ont émaillé la longue histoire du sport depuis ses origines.

Par exemple, il rappelle que la voiture-balai qui suit les derniers cyclistes du Tour de France n’a pas été inventé pour secourir des sportifs en détresse, mais pour lutter contre les tricheurs qui, entre autres, prenaient le train quand les organisateurs les avaient dépassés.

Puisque beaucoup parlent avec une certaine anxiété de l’organisation de la prochaine olympiade dans la capitale, les auteurs évoquent pour nous l’organisation pour le moins chaotique du marathon des Jeux de Paris en 1900 : les organisateurs avaient oublié de l’inscrire au programme officiel, la circulation n’avait pas été coupée dans les rues pavées de Paris, aucun ravitaillement sur une épreuve courue sous une chaleur caniculaire, aucun fléchage ou presque sur les 42 km de la course.

Résultats : seuls sept coureurs passent la ligne d’arrivée sur 21, des plaintes à foison de délégations étrangères après la victoire de Michel Théato pour la France, la dernière retoquée un siècle plus tard : le Luxembourg réclamant l’or olympique, car Théato est né dans le Grand-Duché.

C’est une fine équipe de dessinateurs qui a mis en images les histoires de Julien Hervieux.

Beaucoup ont travaillé pour le magazine Fluide glacial comme Julien Soléqui illustre la vie de Duke Kahanamoku, un Hawaïen champion olympique du 100 m nage libre au début du XXe siècle, puis sheriff à Honolulu, ou Damien Geffroy qui s’amuse à raconter en images les mésaventures d’un journaliste italien passionné d’escrime dans les années 1920, lequel décide de défier tous les champions qu’il croise en duel.

Instruisez-vous en vous amusant à la lecture de « Plus vite, plus haut, plus sport !» et « Le Petit Théâtre des opérations présente les guerres napoléoniennes » : deux albums dans lesquels l’humour parfois potache de Julien Hervieux permet de découvrir des anecdotes oubliées de l’histoire du sport et des guerres du Premier Empire.

Laurent LESSOUS (l@bd) »

« Plus vite, plus haut, plus sport !» par François Boucq, Merwan, Luigi Critone, Julien Solé, Virginie Augustin, Nicolaï Pinheiro, Étienne Leroux, Damien Geffroy, Cédrick Le Bihan, Fred Remuzat et Julien Hervieux

Éditions Fluide glacial (16,90 €) – EAN :  979-10-3820-7035

Parution 05 juin 2024

« Le Petit Théâtre des opérations présente les guerres napoléoniennes » par Camille Prieur, Vincent Malgras et Julien Hervieux

Éditions Fluide glacial (15,90 €) – EAN :  979-10-3820-6878

Parution 06 juin 2024

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