Tonnerre de bulles ! n° 35 : deux invités que tout oppose !

Après la disparition de Hop !, Tonnerre de bulles ! est le seul fanzine entièrement consacré à la bande dessinée encore en vie. Selon une formule depuis longtemps approuvée par ses lecteurs, ce trimestriel — désormais tout en couleurs, mais toujours tête-bêche — présente dans cette nouvelle livraison deux auteurs que tout oppose : le classique Guillaume Sorel et la trash Laetitia Coryn. Un éclectisme qui fait mouche, tant les propos des deux auteurs sont passionnants.

Née en 1984, fille de deux comédiens spécialisés dans le doublage, Laetitia Coryn n’a pas la langue dans sa poche lorsqu’elle parle de son métier et du monde de la bande dessinée.

Venue d’internet (où elle animait « Caca, le blog de Laetitia »), parrainée par Jean-Claude Mézière et Florence Cestac — excusez du peu ! —, elle publie ses premières bandes dessinées en 2005, et plus particulièrement le diptyque « Le Monde des vieux ».

Jusqu’alors appréciée par les seuls amateurs de bandes dessinées trash, elle devient une autrice remarquée après la publication l’an dernier de « Sex Story » avec le scénariste Philippe Brenot, aux éditions des Arènes.

Plus de 70 000 exemplaires vendus, plusieurs traductions… sans pour autant prendre la grosse tête. À ses travaux d’autrice s’ajoutent d’importantes activités de comédienne de doublage et d’adaptatrice dans l’audiovisuel. Un entretien drôle et riche, rondement mené par Christian Marmonnier.

Guillaume Sorel — né le 25 mars 1966 à Cherbourg — est un homme discret, quittant rarement sa Bretagne.

Fils d’enseignants amateurs de bandes dessinées, il se tourne vers l’architecture, puis opte pour le 9e art, qu’il étudie à Lyon, puis à Paris.

Il travaille à partir de 1987 comme illustrateur dans des revues de jeux (Casus Belli).

Depuis la publication de « L’Île des morts » en 1991, les albums se succèdent à un rythme soutenu, évoqués un à un tout au long de cet entretien conduit par Raymond Larpin.

S’il faut souligner la gentillesse de l’auteur, il faut aussi noter sa franchise, pas toujours positive envers ses divers scénaristes et éditeurs. Résultat : un témoignage passionnant et sincère sur ce métier pas toujours rose qu’est celui d’auteur de BD.

À ces deux invités, il faut ajouter une rencontre avec Marie Bardiaux-Vaïente : une historienne spécialiste de la justice et militante féministe, qui vient de publier aux éditions Glénat « Bobigny 1972 », avec la dessinatrice Carole Maurel. Une vision poignante du fameux procès de Bobigny qui changera les mentalités, procès vécu par une très jeune femme jugée (pour avoir avorté à la suite d’un viol) et défendue par Gisèle Halimi.

Enfin, la nouvelle rubrique « Les Coups de cœur de la rédaction » présente une sélection d’albums, dont le choix est éclectique.

Animé avec passion par Yannick Bonnant — dont on ne peut que saluer le professionnalisme —, Tonnerre de bulles !se lit de bout en bout avec le même enthousiasme, mêlant au fil de ses numéros toutes les générations d’auteurs. Désormais entièrement en couleurs, l’iconographie est riche et de qualité.

La revue — un petit format au dos carré — est envoyée avec deux ex-libris numérotés et signés par les invités,reprenant leurs couvertures recto verso.

Henri FILIPPINI

Tonnerre de bulles ! n° 35 (mai 2024)

100 pages en couleurs (9,50 €) — La Chênaie Longue, 35 500 Saint-Aubain-des-Landes (ou chez l’éditeur : yannick.bonnant1@gmail.com)

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