La jeune fille et le monstre : « Mardival », un conte médiéval surprenant…

Le Moyen Âge est une époque propice aux légendes, aux fables et aux contes de toutes sortes. Yann Cozic s’est emparé d’un imaginaire riche pour bâtir un conte moral – social et un peu fantastique – qui se déroule dans une seigneurie occidentale rurale. « Mardival » est aussi un récit d’émancipation original : une bande dessinée jeunesse riche de nombreux rebondissements, au dessin fluide et frais.

Mardival est une petite seigneurie ordinaire du royaume de France. En ces temps médiévaux les serfs et les vilains sous soumis au pouvoir d’un comte dont le château-fort domine les villages environnants. On aime à raconter la légende qui explique l’origine du pouvoir de la famille de Mardival. Il y a fort longtemps Albinus de Mardival a libéré une grosse bête détenue par un sorcier.

Pour le remercier, le monstre l’a protégé et l’a aidé à conquérir son beau château. À la mort d’Albinus, la bête a disparu ; mais, depuis, elle est cachée et veille dans l’ombre sur le corps de son bienfaiteur. Une terrible malédiction doit s’abattre sur tous ceux qui ne respectent pas le corps du premier comte de Mardival !

Moira.

Cette légende tenace effraye évidemment les enfants, d’où des pleurs et des disputes entre petits et grands. La toute jeune Moira affirme son caractère en défendant les plus petits contre les remarques désobligeantes des plus vieux. Mais ce n’est que la fille d’une servante du château… Elle doit se plier à l’ordre moral de l’époque, d’autant qu’elle n’a jamais connu son père.

Quelques années plus tard, devenue orpheline, elle n’est qu’une humble domestique au service du comte. Elle aide aux cuisines et au service, lors d’un grand banquet en l’honneur de l’ancêtre du comte : le fameux Albinus de Mardival. On a installé son squelette sur un fauteuil, lequel est malencontreusement renversé. Moira essaye d’arranger les précieuses reliques, mais en les touchant elle attire sur elle la malédiction de la bête.

Moira est maudite : impossible pour la jeune fille d’échapper au monstre.

« Mardival » page 8.

Chassée du château, Moira commence alors un long périple parsemé d’embuches. Elle est chassée des villages qu’elle traverse, car elle va attirer la bête qui la mangera. Elle reçoit fort heureusement une aide : celle de Grégoire, un soldat déserteur de la terrible garde Rubis ; celle du comte de Mardival.

Ce curieux duo, noue une amitié inattendue sur le chemin qui doit les mener à une personne qui pourrait débarrasser Moira du sort qui pèse sur ses frêles épaules.

Avant d’affronter la bête légendaire, Moira et Grégoire mettront à jour de sombres secrets, personnels et politiques, qui feront chanceler le pouvoir du comte en place.

Le château-fort du comte de Mardival.

Illustrateur pour la presse jeunesse, notamment pour Astrapi et Images doc, Yann Cozic est le dessinateur de l’intéressante série jeunesse « Erwann ». Il a écrit et dessiné seul « Mardival » : un album jeunesse de plus de 100 pages, à la couverture toilée avec un titre gaufré. Superbe travail des éditions Glénat pour ce récit d’initiation médiéval aux nombreux rebondissements.

L’auteur s’appuie sur des personnages bien caractérisés, au riche vécu, pour développer un récit rythmé par des scènes d’actions, des moments de tendresse et des révélations inattendues. Un humour facétieux offre une lecture agréable de cette quête initiatique à un vaste lectorat dès l’âge de dix ans.

« Mardival » page 20.

Le dessin simple, frais et expressif, parfaitement lisible de Yann Cozic est réhaussé par des couleurs vives qui rappellent parfois les enluminures médiévales. L’auteur réussit son entrée au sein du catalogue Glénat en revisitant habilement des figures de style du conte médiéval. Ainsi, un jeune lectorat sera ravi de se plonger dans une quête initiatique qui joue sur un large éventail d’émotions : du rire à la peur, de l’angoisse au réconfort et de la révolte à l’amusement. Une vraie et belle réussite de la bande dessinée jeunesse de ce printemps.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Mardival » par Yann Cozic

Éditions Glénat (16,95 €) – EAN :  978-2-344-05770-4

Parution 24 avril 2024

« Mardival » page 49.

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