Après leur collaboration remarquée sur « Sangoma », le romancier Caryl Férey et le dessinateur Corentin Rouge retravaillent ensemble, pour notre plus grand plaisir ! Dans ce qui sera une trilogie de pas moins de 450 pages angoissantes (le tome 1 en contient déjà 150), la crise migratoire s’est amplifiée et touche désormais le continent européen victime de multiples catastrophes. D’innombrables réfugiés venus de tous pays — ayant sûrement fui les changements climatiques, les guerres ou les pandémies — s’amassent au port du Havre… Dans ce lieu de transit, ils espèrent accéder aux rares bateaux qui pourront les embarquer, via l’Écosse, en destination de l’hypothétique salut que représente l’Islande : unique contrée épargnée, mais pour combien de temps encore ?
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Ils sont effectivement six, dans les années 1850 : en comptant Kid, un garçon rendu borgne lors du massacre de sa famille. Alors que Kid doit se rendre dans les Black Hills (Dakota du sud) pour récupérer un document très important sur une mine d’or dont il a hérité (mais qui serait maudite), il promet à une prostituée, à un déserteur de l’armée, à un esclave en fuite, à une religieuse qui a quitté les ordres et à un Indien renégat de les couvrir d’or s’ils l’accompagnent…
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le scénariste a voulu réunir des personnages hors normes et qui n’avaient finalement aucune raison de rester ensemble. Mais l’appât du gain, la promesse de la richesse et le besoin de se grouper pour se défendre sont de très bonnes raisons dans un monde hostile et violent. Et, côté violences, Pelaez n’y va pas de main morte !
Déjà, le premier volet proposait du western à l’état pur avec scènes d’action musclées, chevaux galopant, revolvers en furie et beaux décors, le tout autour de ces personnages atypiques, qui faisaient incontestablement la force du volet initial. On n’est pas déçus par ce deuxième épisode (la série comptera quatre tomes) qui nous en apprend un peu plus sur le passé de certains d’entre eux, sur les secrets et les fêlures qui les animent.
On n’en sait pas, en revanche, beaucoup plus sur la voix off qui vient régulièrement commenter les faits et le passé. On entrevoit le personnage cependant, plusieurs fois, dans l’ombre, dans un bureau avec un certain Hettinger, écrivaillon de dime novels (publications populaires et pas chères) qui prend note de ce qu’« on » lui raconte, et, enfin, de face, à la fin de l’album… Quelqu’un du groupe ? Peut-être, mais pas sûr !
Encore deux tomes, donc, pour savoir où nous mène le scénariste qui rappelait à la fin du premier tome, dans son dossier final « Le western n’existe pas ! » À quel point les dimes novels, le cinéma western et l’histoire officielle de l’Ouest américain nous ont menti ? « L’Ouest n’a rien d’épique ou de romantique : c’est un monde d’une violence incroyable », disait-il ! Ce que confirment ces deux tomes d’aventures parfaitement menées, servies graphiquement par Javi Cassado, qui, de son côté, use d’un trait réaliste – on pourrait dire, typique des westerns ! -, jouant fort bien des cadrages et des paysages pour immerger le lecteur dans ces contrées fortement attractives.
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« Six T2 : Une montagne d’or » par Javi Casado et Philippe Pelaez
Éditions Dargaud (15,95 €) – EAN : 9782505117209
Parution 26 avril 2024