On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...Des apprentis super-héros pour le meilleur et pour le rire…
Le jeune lecteur qui lit des comics de super-héros s’identifie forcément à l’un d’eux, voire à plusieurs. Quand trois enfants admirateurs de Superman ou de Spiderman sont harcelés par des plus grands qu’eux, une solution s’impose pour se défendre. Devenir des super-héros au sein d’une nouvelle ligue : Les Justiciers de la justice ! On suit leurs déconvenues et leurs expériences farfelues dans une série de planches-gags réunies dans l’album « Les Justiciers de la justice ».
Louna, Léo et Lucas sont trois amis d’une dizaine d’années. Ils jouent souvent ensemble et se passionnent pour les aventures de super-héros narrées dans des comics qu’ils dévorent. Leur passion est entravée par la présence de trois jeunes voyous plus grands qu’eux qui les rackettent régulièrement, à la sortie de leur librairie favorite. Comment faire pour se débarrasser de cette bande de harceleurs ?
Ne trouvant pas de solutions réalisables rapidement, le trio se rabat sur la seule qui leur semble atteignable : devenir des super-héros avec des super-pouvoirs, pour pouvoir botter les fesses des méchants. Mais comment devenir un super-héros ?
Le trio envisage rapidement deux moyens pour devenir les Batman ou Superman de leur quartier. Soit disposer de beaucoup d’argent pour s’acheter des gadgets à la pointe de l’innovation comme Iron Man, soit se faire piquer par un animal irradié qui leur transférerait alors des pouvoirs jusque là inconnus, comme l’araignée radioactive pour Spiderman. De leur dernière déconvenue avec les harceleurs, Léo a perdu une dent de lait. Il n’y a qu’à attendre le passage de la petite souris, et hop ! Fortune faite, ils pensent pouvoir acheter une armure en titanium et des pistolasers à protons. Mais comme ils n’ont que deux euros, le marchand les décourage très vite.
Quant à se faire piquer par un petit animal, là encore leur déconvenue est totale. La peur des araignées conduit Lucas à vouloir se faire piquer par un escargot. Plus tard, pour disposer d’une araignée radioactive, Louna à l’idée de la passer au micro-ondes… le résultat n’est pas à la hauteur de ses espérances.
Le premier volume de « Les Justiciers de la justice » est une agréable surprise. Le récit avance par une série de planches-gags bien construites.
Sti, le scénariste remarqué pour « Photo de famille (recomposée) » et sa reprise des séries à succès « Les Footmaniacs » et surtout « Les Profs » (avec Erroc), invente ici un trio de jeunes délurés et candides dans un univers urbain contemporain.
Ses dialogues font mouche, les gags sont variés, car ils jouent sur plusieurs registres : du comique de répétition – quand les enfants cherchent à devenir des super-héros – à la parodie des films du genre, notamment quand intervient Jean Prout : véritable putois, pendant de Rocket Raccoon le raton laveur de la série de films à succès « Les Gardiens de la galaxie ».
Le dessin cartoonesque de Stivo apporte une touche d’humour supplémentaire aux (més)aventures de cette ligue de super-héros en devenir. Ses personnages aux grosses têtes expressives et aux corps étirables vivent dans un univers cohérent dynamisé par des couleurs fluos et des cadrages cinématographiques. Le dessinateur évoque ainsi son style : « Ça fait un bout de temps que j’ai ce style cartoon. J’en ai tellement regardé que ça a fini par déteindre sur mes dessins. J’ai toujours aimé accentuer les expressions de mes personnages. Avec « Les Justiciers de la justice », j’ai pu me faire plaisir ! Je travaille à 100 % en numérique, avec une tablettes graphique sur Photoshop, d’où ce rendu très net. J’ai illustré pas mal de jeu de société, c’est un style qui fonctionne bien dans cet univers. Niveau inspiration, j’ai pas mal d’influences diverses comme Arthur de Pins, Tébo, Humberto Ramos, Skottie Young, Maëster… »
Cette nouvelle série d’humour des éditions Bamboo vise un large lectorat dès dix ans. Elle peut vous séduire par son dessin moderne et inspiré et le sens du gag et des dialogues percutants d’auteurs facétieux qui se sont bien amusés à travailler ensemble.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Les Justiciers de la justice » T1 par Stivo et Sti
Éditions Bamboo (11,90 €) – EAN : 979-1-0411-0081-1
Parution 28 février 2024