N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...« SangDragon » : un retour aux sources pour Bédu !
Après une collaboration fructueuse de 30 ans auprès de Raoul Cauvin, Bédu est de retour dans un genre qu’il affectionne : l’heroic fantasy. Troquant son trait humoristique contre un dessin semi-réaliste parfaitement assumé, ce septuagénaire propose un one-shot passionnant qui n’a rien à envier aux travaux de ses plus jeunes confrères. Un album de grand format et de 100 pages, au prix modeste, à déguster sans modération…
À la maison royale d’Arthmel dans les hautes terres d’Ergwad, le roi Arthmel meurt — empoisonné — avant de pouvoir confier le secret de sa naissance à sa fille bien-aimée : Hélia. Le frère de celle-ci (le féroce prince Oghor) lui succède, accusant la jeune femme d’être responsable de la mort du défunt. Le mage Arkahn révèle qu’un cauchemar sans nom menace le royaume : la Pyrise — la mystérieuse pierre de dragon — irradie de nouveau, annonçant qu’un dragon vient d’entamer sa phase de réveil. Étrangement, la pierre désigne la jeune princesse comme l’origine du mal ou comme sa fin. Emprisonnée dans les geôles de son frère, Hélia parvient à fuir avec l’aide de Léos (l’écuyer du roi), non sans avoir dérobé la pierre maléfique. Au cœur de la forêt de Branagh, elle découvre le territoire des Khtolls et rencontre plus particulièrement le sympathique Yohl. L’amusant Yoyo — c’est son surnom — l’accompagne jusqu’au royaume souterrain de Kohrmor : la terre des dragons. Au fil des pages, se révélant une redoutable guerrière, Hélia la bâtarde découvre ses origines, à la fois humaines et dragonesques. Elle se lance dans un combat sans merci contre le feu de Kraâhn, nouveau maître des dragons, qui veut dévorer l’autre monde : celui des humains.
Optant pour un trait plus réaliste que celui des « Psy » — sans le renier —, Bédu propose des pages dynamiques peuplées de créatures fabuleuses évoluant dans des décors soignés, agrémentées par les couleurs chaudes de Cerise. Les séquences de combats aériens contre les dragons sont de pures merveilles, l’attaque du château un morceau de bravoure, les personnages — humains ou non — diablement expressifs. Bien que laissant parfois entrevoir l’univers de « Game of Thrones » (mais il y a pire comme source d’inspiration !), le scénario ne manque pas d’originalité, tout en s’adressant à un large lectorat. Étonnant retour aux sources de son goût pour le fantastique d’un auteur âgé de 75 ans. La conclusion de cette excellente bande dessinée d’heroic fantasy — bien qu’elle soit présentée comme un one-shot(prépubliée dans Spirou à partir du n° double 4468/4469 jusqu’au n° 4482) — laisse espérer le retour prochain de la blonde Hélia, dont la quête solitaire ne fait que commencer.
Né le 11 avril 1948 à Ciney, près de Namur, en Belgique, Bernard Dupont obtient une licence de sciences économiques. Il se lance dans la bande dessinée en 1972, en parfait autodidacte, sous le pseudonyme transparent de Bédu. Il commence par assister le dessinateur Berck au sein de son studio pendant trois ans. Il débute seul, en 1975, dans les pages de l’hebdomadaire Tintin où il campe « Beany le raton-laveur ». Ce sont ensuite « Le P’tit Prof » avec Blareau en 1977, « Ali Béber » en 1979, enfin « Hugo » en 1981 (qui n’était pas si loin de « SangDragon »). Toujours pour les éditions du Lombard, Bédu dessine de 1983 à 1995 plusieurs épisodes et récits courts de « Clifton » avec Bob de Groot au scénario, puis seul pour les trois dernières histoires. Il rejoint l’hebdomadaire Spirou en 1992, avec la création des « Psy » en compagnie de Raoul Cauvin. Il anime les 22 albums de cette série — qui connaît un grand succès — jusqu’en 2019. Influencé par Berck à ses débuts, Bédu propose rapidement un trait personnel semi-réaliste, qu’il développe avec talent dans le présent album.
« SangDragon » par Bédu
Éditions Dupuis (18,95 €) — EAN : 978-2-8001-7091-6